De retour du procès dit de « Kobané » à Ankara, ils témoignent

Par Travailleur Alpin

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Devant le tribunal, le 26 avril dernier, à Ankara.

Lundi 26 avril 2021 se tenait à Ankara, en Turquie, le procès de 108 représentant.e.s du HDP (Parti démocratique des peuples), troisième formation politique du pays. Une délégation française, comprenant deux Isérois, s’est rendue sur place.

L’acte d’accusation reproche au HDP d’avoir appe­lé à des mani­fes­ta­tions de soli­da­ri­té avec les habi­tants de Koba­nê, une ville kurde du nord de la Syrie, qui lut­tait à l’époque contre les attaques de Daesh. Au moins 37 per­sonnes ont été tuées lors d’af­fron­te­ments avec la police turque dont la grande majo­ri­té étaient des par­ti­sans du HDP. Le HDP a fait des pro­po­si­tions pour la créa­tion d’une com­mis­sion par­le­men­taire afin de mettre au jour la véri­té et trou­ver les ins­ti­ga­teurs de la vio­lence et les meur­triers. Toutes ces pro­po­si­tions ont été reje­tées par l’alliance AKP-MHP au pou­voir.

Ce pro­cès inter­vient alors que des dizaines de cadres du HDP, des maires et des dépu­tés ont été arrê­tés et que le HDP est mena­cé d’interdiction. Sela­hat­tin Demir­tas, can­di­dat du HDP à l’élection pré­si­den­tielle en 2014 et 2018, est tou­jours en pri­son mal­gré la demande de la Cour euro­péenne des droits de l’homme (CEDH) qu’il soit libé­ré immé­dia­te­ment.

À l’ap­pel du HDP Chan­tal Morel et Michel Lemoine militant.e.s d’AIAK (asso­cia­tion isé­roise des amis des kurdes) se sont rendu.e.s en Tur­quie pour assis­ter au pro­cès. Une ving­taine de délégué.e.s euro­péens étaient pré­sents à Anka­ra, dont cinq de France (Aiak et la France Insou­mise).

« Après les dif­fi­cul­tés d’or­ga­ni­sa­tion du voyage concer­nant notre accueil à Anka­ra par des militant.e.s du HDP et à la situa­tion sani­taire actuelle nous n’a­vons pas ren­con­tré de dif­fi­cul­tés avec les auto­ri­tés turques », expliquent ils. «  Nous avons pu accé­der à la salle d’audience sans pro­blème. »

Pro­cès ajour­né au 18 mai, une pre­mière vic­toire

Le matin alors que trois cents poli­ciers occu­paient une par­tie du tri­bu­nal, tous les avocat.e.s de la défense (1200 avocat.e.s pour le HDP et les 108 prévenu.e.s) n’ont pu ren­trer dans la salle d’audience par­tiel­le­ment vide pour « rai­son sani­taire ». Les avocat.e.s ont alors pro­tes­té et ont été autorisé.e.s à ren­trer.

Après la lec­ture de l’acte d’accusation com­pre­nant 2500 pages les avocat.e.s n’ont pas eu le droit de par­ler et les décla­ra­tions des prévenu.e.s n’é­taient pas audibles. Les avocat.e.s se sont alors retiré.e.s de la salle d’au­dience par mesure de pro­tes­ta­tion. Le pro­cès a été ajour­né jus­qu’au 18 mai. Cela repré­sente une pre­mière vic­toire.

« Mais les res­pon­sables du HDP nous ont indi­qué ne se font pas d’illu­sion sur les conclu­sions du pro­cès, tout est déjà déci­dé. C’est une paro­die de jus­tice », rap­porte Chan­tal. « On ne peut ima­gi­ner de telles condi­tions d ‘un pro­cès dans un pays démo­cra­tique », explique-t-elle.

A moins d’une mobi­li­sa­tion impor­tante de l’opinion publique et des gou­ver­ne­ments occi­den­taux, les élu.e.s kurdes pour­raient être condamné.e.s à des peines aggra­vées de per­pé­tui­té et leur par­ti HDP inter­dit dans un pays membre de l’OTAN, alliance sup­po­sée réunir des démo­cra­ties res­pec­tueuses des droits de l’homme et des liber­tés publiques.

« Nous avons éga­le­ment ren­con­tré une asso­cia­tion de femmes turque dont l’une d’entre elle est assi­gnée à rési­dence parce qu’elle défend les droits des femmes », indiquent les délégué.e.s. « La situa­tion est extrê­me­ment dif­fi­cile car tout se dur­cit et est ins­tru­men­ta­li­sé », ont confié ces femmes. L’une d’elle peine à mar­cher suite aux tor­tures qu’elle a subi lors de son arres­ta­tion.

« Nous avons admi­ré le cou­rage de toutes les per­sonnes ren­con­trées qui défendent la jus­tice la démo­cra­tie, l’é­ga­li­té et la paix », conclut Michel.

Mary­vonne Mathéoud

délégation

Sur cette image de la délé­ga­tion fran­çaise, Michel Lemoine, repré­sen­tant de l’As­so­cia­tion isé­roise des amis des Kurdes, est le troi­sième en par­tant de la gauche.

tribunal

Le tri­bu­nal pour ce pro­cès impluant 108 pré­ve­nus et 1200 avo­cats.

conf

Confé­rence de presse au siège du HDP.

délégation

Chan­tal Morel, repré­sen­tante de l’ asso­cia­tion AIAK, à gauche sur cette pho­to.

conf

Confé­rence de presse de la délé­ga­tion fran­çaise.

tribunal

La salle du tri­bu­nal.

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