Un moment spectaculaire.

La manifestation spectaculaire des travailleurs de la culture, vendredi 7 mai dans le centre de Grenoble a suscité une réaction de la police qui, dans un premier temps, a pu inquiéter des participants à ce rassemblement. Sans plus de conséquences.

Renseignements pris auprès des organisateurs, les policiers ont pénétré dans l’immeuble sur la façade duquel a été déployée une banderole. La police s’est adressée aux propriétaires et locataires d’appartements de l’immeuble par interphone pour leur demander d’ouvrir la porte de l’immeuble. Deux membres des forces de l’ordre sont ensuite montés aux étages, tandis que deux autres sont restés dans le hall de l’immeuble. La police est repartie après avoir relevé les noms de tous les habitants sur les boites aux lettres, sans pénétrer dans les appartements. 
Des témoins nous ont dit avoir interrogé les forces de l’ordre leur qui ont déclaré en substance attendre les ordres et n’avoir pas de motif à agir dans un espace privé, n’ayant constaté ni dégradation ni violence.
 La danseuse-cordiste est rentrée chez elle sans encombre une fois la rue dégagée…

Voici en prime, pour les lecteurs attentifs aux actions des militants-es du secteur culturel, le texte lu par son auteur, Fernand Catry , le 7 mai :

« Essentiels, et alors ?
Alors les sens, trois, quatre, cinq, six.
Alors l’essence, sans plomb ou peut être avec. Alors si on en jette sur le feu, qui peut ?
Qui peut nous dire alors ce qu’on nous dit et entendre alors ce qu’on entend ? Où a-t-on déjà vu cela ? Dans quel pays ? En quelle contrée exsangue ?
Qui alors parmi les alignés de la déesse Europe pourrait se targuer d’y faire exception ?
Alors oui peut être on aurait pu appeler cela « exception » culturelle s’il en est. Marchande c’est déjà fait et libérale aussi si l’on en croit les partenaires du libre échange.
On en verra bien encore des amazones, des bien moins affables, truculentes et guerrières, mais davantage fatales, dévorantes d’ouvrières. Et ça bouffe encore, encore et encore du libraire, du disquaire et les faussaires d’émotions et de cultures abattent une fois de plus leurs cartes.
Carré d’as, assurés de victoires, rassasiés de cerveaux disponibles et pixels de rétines non encore saturés de trivialités offertes sauvagement aux regards passants consuméristes.
Ciels bouchés, horizons embouchés, prophètes enroués, perspectives embouteillées mouchardées de toutes parts posées en parangons d’une exceptions perdue. On y revient. On la sent, la devine, la perçoit déjà et encore cette exception. Nationale elle se veut. Française elle se revendique. Omniprésente on la pense. Et elle est belle et bien là :
Exception culturelle ! Si chère et chérie de nos dignitaires. On pourra donc encore traiter les saltimbanques de cheminots grimés, d’éternels privilégiés car si choyés, si entretenus par le contribuable pour des personnes non imposables c’en est est indécent.
Qui a dit qu’ils étaient essentiels ?
Qui a dit que nous, honorables sinistres et dépités avions des comptes à rendre ? Qui a parlé d’ouverture ?

Qui recréera le rêve ?
Qui placera le soleil et les étoiles sans ciel ?
Alors sans ce ciel il nous restera les plafonds de boiseries nobles et travaillées des corbillards étatiques, du contreplaqué fiché de led dans les « open space » toujours plus clos. Le plafond de verre, et c’est bien le plus beau descendra inexorablement sur nos têtes.
Et plus dispensables que les recettes d’actions, troquons ici nos planches pour des palettes. On en fera bien quelque chose… Il en reste toujours quelque chose. On en fera des barricades comme on fait d’un tas de vers une tragédie. Comme on fait feu de tout bois, feux d’artifices de bougies.
Alors on le rallumera ce ciel, on le démultipliera pour en faire 1, 2, 3, 4, 5, 6 on montera au moins au septième, on croisera des gamelles, on saluera les cintriers. Et on les repoussera ces plafonds, on fendra le verre et les boiseries.
On continuera les opérations, les additions, les multiplications 8, 9, 10 fois trois qui font trente. Plus quatre fois cinq qui font vingt, cinquante fois deux qui font cent. Alors nos cent ciels, cieux plein les yeux, les oreilles, le nez la bouche et le coeur. On y relancera des comètes, on y dispersera des étoiles et tendrons la grand voile actée de nos victoires et éclats. On hurlera comme des chiens quand nous raccrocherons la lune là ou elle doit être, nos idiots ministériels iront se faire administrer en regardant le boit de leur doigt. Il tomberont de bien haut et tomberont avec eux les pluies qui régénèrent la terre, les neiges qui l’enveloppent de blanc, le soleil réchauffera encore et notre printemps sera bien plus beau que le leur
Neruda ce n’est pas vous !
L’essentiel ce n’est pas vous !
La commune de Paris ce n’est pas vous !
Les communs culturels ce n’est pas vous ! »


copyright Fernand Catry

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