Cordiste en centre ville, l’inquiétude des forces d’ordre

Par Edouard Schoene

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Un moment spectaculaire.

La manifestation spectaculaire des travailleurs de la culture, vendredi 7 mai dans le centre de Grenoble a suscité une réaction de la police qui, dans un premier temps, a pu inquiéter des participants à ce rassemblement. Sans plus de conséquences.

Ren­sei­gne­ments pris auprès des orga­ni­sa­teurs, les poli­ciers ont péné­tré dans l’im­meuble sur la façade duquel a été déployée une ban­de­role. La police s’est adres­sée aux pro­prié­taires et loca­taires d’appartements de l’immeuble par inter­phone pour leur deman­der d’ouvrir la porte de l’immeuble. Deux membres des forces de l’ordre sont ensuite mon­tés aux étages, tan­dis que deux autres sont res­tés dans le hall de l’im­meuble. La police est repar­tie après avoir rele­vé les noms de tous les habi­tants sur les boites aux lettres, sans péné­trer dans les appar­te­ments. 
Des témoins nous ont dit avoir inter­ro­gé les forces de l’ordre leur qui ont décla­ré en sub­stance attendre les ordres et n’avoir pas de motif à agir dans un espace pri­vé, n’ayant consta­té ni dégra­da­tion ni vio­lence.
 La dan­seuse-cor­diste est ren­trée chez elle sans encombre une fois la rue déga­gée…

Voi­ci en prime, pour les lec­teurs atten­tifs aux actions des mili­tants-es du sec­teur cultu­rel, le texte lu par son auteur, Fer­nand Catry , le 7 mai :

« Essen­tiels, et alors ?
Alors les sens, trois, quatre, cinq, six.
Alors l’essence, sans plomb ou peut être avec. Alors si on en jette sur le feu, qui peut ?
Qui peut nous dire alors ce qu’on nous dit et entendre alors ce qu’on entend ? Où a‑t-on déjà vu cela ? Dans quel pays ? En quelle contrée exsangue ?
Qui alors par­mi les ali­gnés de la déesse Europe pour­rait se tar­guer d’y faire excep­tion ?
Alors oui peut être on aurait pu appe­ler cela « excep­tion » cultu­relle s’il en est. Mar­chande c’est déjà fait et libé­rale aus­si si l’on en croit les par­te­naires du libre échange.
On en ver­ra bien encore des ama­zones, des bien moins affables, tru­cu­lentes et guer­rières, mais davan­tage fatales, dévo­rantes d’ouvrières. Et ça bouffe encore, encore et encore du libraire, du dis­quaire et les faus­saires d’émotions et de cultures abattent une fois de plus leurs cartes.
Car­ré d’as, assu­rés de vic­toires, ras­sa­siés de cer­veaux dis­po­nibles et pixels de rétines non encore satu­rés de tri­via­li­tés offertes sau­va­ge­ment aux regards pas­sants consu­mé­ristes.
Ciels bou­chés, hori­zons embou­chés, pro­phètes enroués, pers­pec­tives embou­teillées mou­char­dées de toutes parts posées en paran­gons d’une excep­tions per­due. On y revient. On la sent, la devine, la per­çoit déjà et encore cette excep­tion. Natio­nale elle se veut. Fran­çaise elle se reven­dique. Omni­pré­sente on la pense. Et elle est belle et bien là :
Excep­tion cultu­relle ! Si chère et ché­rie de nos digni­taires. On pour­ra donc encore trai­ter les sal­tim­banques de che­mi­nots gri­més, d’éternels pri­vi­lé­giés car si choyés, si entre­te­nus par le contri­buable pour des per­sonnes non impo­sables c’en est est indé­cent.
Qui a dit qu’ils étaient essen­tiels ?
Qui a dit que nous, hono­rables sinistres et dépi­tés avions des comptes à rendre ? Qui a par­lé d’ouverture ?

Qui recrée­ra le rêve ?
Qui pla­ce­ra le soleil et les étoiles sans ciel ?
Alors sans ce ciel il nous res­te­ra les pla­fonds de boi­se­ries nobles et tra­vaillées des cor­billards éta­tiques, du contre­pla­qué fiché de led dans les « open space » tou­jours plus clos. Le pla­fond de verre, et c’est bien le plus beau des­cen­dra inexo­ra­ble­ment sur nos têtes.
Et plus dis­pen­sables que les recettes d’actions, tro­quons ici nos planches pour des palettes. On en fera bien quelque chose… Il en reste tou­jours quelque chose. On en fera des bar­ri­cades comme on fait d’un tas de vers une tra­gé­die. Comme on fait feu de tout bois, feux d’artifices de bou­gies.
Alors on le ral­lu­me­ra ce ciel, on le démul­ti­plie­ra pour en faire 1, 2, 3, 4, 5, 6 on mon­te­ra au moins au sep­tième, on croi­se­ra des gamelles, on salue­ra les cin­triers. Et on les repous­se­ra ces pla­fonds, on fen­dra le verre et les boi­se­ries.
On conti­nue­ra les opé­ra­tions, les addi­tions, les mul­ti­pli­ca­tions 8, 9, 10 fois trois qui font trente. Plus quatre fois cinq qui font vingt, cin­quante fois deux qui font cent. Alors nos cent ciels, cieux plein les yeux, les oreilles, le nez la bouche et le coeur. On y relan­ce­ra des comètes, on y dis­per­se­ra des étoiles et ten­drons la grand voile actée de nos vic­toires et éclats. On hur­le­ra comme des chiens quand nous rac­cro­che­rons la lune là ou elle doit être, nos idiots minis­té­riels iront se faire admi­nis­trer en regar­dant le boit de leur doigt. Il tom­be­ront de bien haut et tom­be­ront avec eux les pluies qui régé­nèrent la terre, les neiges qui l’enveloppent de blanc, le soleil réchauf­fe­ra encore et notre prin­temps sera bien plus beau que le leur
Neru­da ce n’est pas vous !
L’essentiel ce n’est pas vous !
La com­mune de Paris ce n’est pas vous !
Les com­muns cultu­rels ce n’est pas vous ! »


copy­right Fer­nand Catry

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