Solidarité avec les démocrates turques réprimés
Par Edouard Schoene
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Au départ de la manifestation de ce samedi 24 avril.
Face à une situation très grave que vivent les démocrates turcs à quelques heures d’un important procès à Istanbul, une centaine de manifestants étaient présents ce samedi 24 avril à Grenoble à l’appel de 35 associations, partis et syndicats.
D’autres manifestations de solidarité se tenaient en Europe (en France à Paris, Strasbourg, Marseille,…) à l’appel de la coordination CNSK.
Maryvonne Mathéoud, coprésidente d’AIAK (Association Iséroise des Amis des Kurdes) :
« Lundi 26 avril s’ouvre le procès « Kobanê », contre le HDP Parti Démocratique des Peuples. Le HDP est actuellement confronté à deux opérations judiciaires de grande envergure organisées par le gouvernement AKP. La première est la procédure de fermeture contre le HDP lancée récemment par le procureur de la Cour de cassation, un procureur qui avait été nommé par le président turc Recep Tayyip Erdoğan en juin 2020. L’affaire sera entendue par la Cour constitutionnelle, dont les membres sont principalement des juges nommés par le groupe majoritaire AKP-MHP au parlement.
L’autre procédure, connue sous le nom d' »affaire Kobanê », a été introduite contre 108 personnes, dont les anciens coprésidents du HDP – M. Selahattin Demirtaş et Mme Figen Yüksekdağ -, la coprésidente actuelle Mme Pervin Buldan, ainsi que des députés et maires du HDP, actuels et anciens, tous membres du comité exécutif central du HDP en 2014 et des militant.e.s, c’est le procès de 108 dirigeant.e.s du HDP qui surent se tenir debout, dans la dignité, pour défendre la liberté .Ces femmes et ces hommes mènent un combat courageux pour défendre les valeurs humanistes qui sont les nôtres au péril de leur existence. Cette affaire a été lancée comme une contre-attaque du gouvernement turc, deux semaines seulement après que la Grande Chambre de la Cour européenne des Droits de l’Homme ait rendu son arrêt définitif et exigé la libération immédiate de Selahattin Demirtaş. L’acte d’accusation de cette affaire demande plus de 15 000 ans de prison rien que pour Selahattin Demirtaş. »
L’affaire, cruciale en elle-même, est utilisée par le gouvernement pour bannir le HDP et éliminer ses dirigeants et ses cadres du champ politique. Le HDP est le troisième parti politique du pays (résultat des élections municipales de 2018). Ils risquent des milliers d’années de prison. L’acte d’accusation reproche au HDP un message Twitter posté le 6 octobre 2014 qui appelait à des manifestations de solidarité avec les habitants de Kobanê, une ville kurde du nord de la Syrie, qui luttait à l’époque contre les attaques de l’EI et l’embargo de la Turquie.
« … Nous défendons les droits des Kurdes et des démocrates en Turquie comme ailleurs, à pouvoir élire leurs représentant.e.s, parler leur langue, exister en tant que peuple.
Nous dénonçons également en France les arrestations récentes de Kurdes à Marseille et les violences contre le local de l’association Mesopotamia à Lyon les 21 mars et 3 avril derniers. .
… Le temps est venu de retirer le PKK de la liste des organisations terroristes. Les pays membres de l’Europe, dont la France, se positionnent hors la loi, sur le plan de la justice européenne : l’inscription du PKK sur la liste des organisations terroristes est illégale comme l’affirme l’Arrêt T-316/14 du 15 novembre 2018 de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE).
Nous demandons avec force aux dirigeantes et dirigeants de la France et de l’Europe de :
– Cesser l’acharnement et les poursuites injustifiables contre la communauté kurde en France et en Europe.
– Mettre fin à l’impunité du régime Erdoğan et aux politiques de compromission à son égard.
– Stopper ce cycle infernal d’injustice et de violence et replacer les valeurs humaines au centre des priorités. »
Deux délégués d’AIAK seront à Ankara, le jour du procès et témoigneront à leur retour à Grenoble, comme d’autres délégués venus d’Europe. Le Travailleur alpin y reviendra. Maryvonne Mathéoud concluait ainsi son intervention :
« Le 24 avril est la date officielle pour commémorer les victimes du génocide arménien perpétré en 1915. Un rassemblement a lieu en ce moment même au parc Paul Mistral. Nous sommes particulièrement sensibles à cette tragédie car elle est le résultat de la politique nationaliste de l’Etat turc de l’époque, politique qui est malheureusement de nouveau d’actualité avec le président Recep Tayyip Erdogan et ses alliés ultra-nationalistes du MHP. Les milices paramilitaires du régime turc, les Loups Gris, pourchassent les Arméniens aussi bien que les Kurdes en France, comme on l’a vu en 2020 dans la région lyonnaise, à VIenne en Isère ou à Dijon.Nos amis arméniens sont victimes de la même politique qui nie les libertés et droits fondamentaux des Kurdes, la même politique qui met en danger la Paix au Moyen Orient. C’est pourquoi nous tenons à les assurer de notre solidarité. Le collectif des associations arméniennes est solidaire de notre initiative d’aujourd’hui. »
Berfin, responsable au sein du collectif AIAK, s’est ensuite adressée avec émotion en Kurde et en Turc à la communauté kurde présente. La manifestation s’est rendue de la place André Malraux à la place de Verdun.
Maryvonne Mathéoud, coprésidente d’AIAK (Association Iséroise des amis des Kurdes).
Trente-cinq organisations appelaient à manifester ce 24 avril à Grenoble.
Des milliers d’années de prison ont été requis à l’encontre des militants kurdes du HDP.
Berfin, responsable au sein du collectif AIAK.