À Grenoble, hommage à trois militantes kurdes assassinées à Paris en 2013

Par Edouard Schoene

/

Image principale
Ce moment de solidarité et d’exigences a finalement pu avoir lieu place de Verdun.

A Gre­noble, une qua­ran­taine de per­sonnes étaient ras­sem­blées same­di 9 jan­vier, place de Ver­dun, dont une par­tie de la com­mu­nau­té kurde de Gre­noble, pour rendre hom­mage à trois femmes assas­si­nées le 9 jan­vier 2013 à Paris. De tels ras­sem­ble­ments avaient éga­le­ment lieu à Paris et Mar­seille notam­ment.
Le ren­dez-vous devait avoir lieu rue Félix Pou­lat, au centre de Gre­noble, comme cela se pra­tique habi­tuel­le­ment. Ce qui n’a pas été pos­sible : l’Association isé­roise des amis des Kurdes (AIAK) s’en est vue refu­ser l’autorisation par le direc­teur de cabi­net du pré­fet. L’autorité pré­fec­to­rale refuse en effet depuis quelques mois l’autorisation du centre ville pour se ras­sem­bler ou mani­fes­ter.
Un refus assor­ti de menaces : arres­ta­tion de orga­ni­sa­teurs, mise en garde à vue préa­lable à des pour­suites judi­ciaires si le ras­sem­ble­ment était main­te­nu au centre ville, voire si des mili­tants dis­tri­buaient un tract au lieu du ras­sem­ble­ment inter­dit.
On croit rêver face à ces menaces contre les liber­tés de mani­fes­ter ou de défendre une cause par voie de tracts !
Mary­vonne Mathéoud, pré­si­dente d’AIAK, asso­cia­tion ayant appe­lé au ras­sem­ble­ment, est inter­ve­nue place de Ver­dun pour en rap­pe­ler l’objet, la mémoire du meurtre de trois mili­tantes de la cause kurde.

Recher­cher et condam­ner les com­man­di­taires d’un assas­si­nat poli­tique

« Dans la nuit du 9 au 10 jan­vier 2013, les mili­tantes kurdes Sakine Can­siz, Fidan Dogan (Roj­bîn) et Ley­la Say­le­mez ont été retrou­vées sans vie, dans les locaux du Centre d’information du Kur­dis­tan, à Paris, froi­de­ment exé­cu­tées de plu­sieurs balles dans la tête.
Nombre d’indices révé­lés par l’enquête, ain­si que des docu­ments divul­gués sur inter­net, ont per­mis d’établir que l’assassin, Ömer Güney, arrê­té quelques jours après les faits, avait agi pour le compte des ser­vices secrets turcs (MIT). Les inves­ti­ga­tions ont par ailleurs révé­lé, de manière indé­niable, l’appartenance du meur­trier à la mou­vance des Loups gris, ce mou­ve­ment fas­ciste turc que le gou­ver­ne­ment fran­çais a déci­dé récem­ment d’interdire, le jugeant « par­ti­cu­liè­re­ment agres­sif, pour ne pas dire plus », suite à des mani­fes­ta­tions d’une extrême vio­lence contre la com­mu­nau­té armé­nienne.
Cepen­dant, en dif­fé­rant le juge­ment de l’affaire, lais­sant ain­si mou­rir le seul accu­sé, qui serait décé­dé d’une mala­die grave, le 17 décembre 2016, à un mois de son pro­cès, la jus­tice fran­çaise a man­qué une occa­sion cru­ciale de juger, enfin, un crime poli­tique com­mis sur le ter­ri­toire fran­çais !
La pro­messe du gou­ver­ne­ment de l’époque de faire toute la lumière sur ces assas­si­nats a très vite été jetée aux oubliettes. Tou­jours sou­cieuses de pré­ser­ver leurs rela­tions avec la Tur­quie, les auto­ri­tés fran­çaises n’ont même pas eu la décence de rece­voir les familles des vic­times, ni les repré­sen­tants de la com­mu­nau­té kurde.
En main­te­nant l’impunité de ces crimes odieux, la France a per­mis à Erdo­gan de pour­suivre son infil­tra­tion fas­ciste sur le ter­ri­toire fran­çais, à tra­vers… la créa­tion de filiales de l’AKP et la pro­pa­ga­tion de l’idéologie pan­turque. Autant de vec­teurs d’une ingé­rence dan­ge­reuse que la France, comme réveillée d’un long som­meil, com­mence tout juste à dénon­cer.
Cepen­dant, en conti­nuant à cri­mi­na­li­ser les mili­tants poli­tiques kurdes, à tra­vers des pour­suites judi­ciaires ou des mesures admi­nis­tra­tives aber­rantes, la France ne fait que ser­vir les inté­rêts du fas­cisme turc et ren­for­cer la posi­tion d’Erdogan.
Suite à une plainte dépo­sée en mars 2018 par les familles des trois mili­tantes kurdes, fon­dée notam­ment sur des révé­la­tions d’agents du MIT, un nou­veau juge d’instruction a été sai­si du dos­sier. Nous atten­dons de la jus­tice fran­çaise qu’elle ait enfin le cou­rage de juger et condam­ner les com­man­di­taires de ces assas­si­nats poli­tiques.
Les assas­si­nats de Sakine, Fidan et Ley­la sont la mani­fes­ta­tion la plus infâme de la force de nui­sance acquise par Erdo­gan sur le sol fran­çais, grâce à la poli­tique de com­plai­sance de la France.
Il ne suf­fit pas d’interdire les Loups gris ou de mena­cer la Tur­quie de sanc­tions qui n’aboutissent pas. Si la France veut lut­ter contre l’expansion du fas­cisme turc, elle doit avant tout juger les crimes com­mis par le régime turc sur le ter­ri­toire natio­nal. C’est la pre­mière étape, fon­da­men­tale, pour dire STOP à Erdo­gan. »

Maryvonne/
Maryvonne Mathéoud, présidente d’AIAK
Rassemblement/
Verdun/
Jo-Briant/
rojbin

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *