Logement. Un vice-président à l’écoute des locataires
Par Luc Renaud
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Des mesures concrètes, en cette période de crise. Des mesures à inscrire dans la durée, face aux difficultés à se loger dans l’agglomération grenobloise. Des ambitions au cœur d’une première rencontre, celle du vice-président au logement de la métropole grenobloise avec les organisations de locataires.
« Je souhaite que le travail en cours pour faire face à la situation particulière des crises économiques et sanitaires actuelles puisse être prolongés par des dispositifs pérennes d’accompagnement des locataires ». Nicolas Beron Perez, élu communiste à la ville de Grenoble, rencontrait le 12 septembre les organisations de locataires — la CNL, l’Indecosa-CGT, la Confédération syndicale des familles, la CLCV s’étant excusée — en sa qualité de vice-président de Grenoble Alpes métropole chargé du logement.
Une démarche de prise de contact avec l’ensemble des acteurs du logement dans la métropole grenobloise — il avait déjà rencontré les responsables de Droit au logement — qu’il entend voir aboutir par l’organisation d’une convention citoyenne associant élus, bailleurs et représentants des locataires pour « dégager collectivement des solutions au problème de l’accès au logement dans l’agglomération ».
Car il y a de quoi faire. L’actualité, c’est l’explosion des difficultés liées à la crise sanitaire et au développement de la précarité qu’elle entraîne. « Chez tous les bailleurs sociaux, nous constatons une dégradation de la situation, une hausse des impayés », note Paul Pochiero président de la CNL de l’Isère.
Activer le plan d’urgence hivernal
Les organisations de locataires ont initié une double démarche. Elles ont écrit au préfet de l’Isère pour lui demander l’activation du plan d’urgence hivernal et elles sont engagées vis-à-vis des bailleurs sociaux pour la signature de chartes prévoyant des dispositions précises de prévention des situations difficiles.
Aux pouvoirs publics, elles demandent l’activation immédiate du plan d’urgence hivernal permettant d’ouvrir des places d’hébergements d’urgence. Elles la demandent avant la daté prévue du 1er novembre « pour placer les personnes sans-abris en sécurité et quelle que soit leur situation administrative ». « La crise que nous traversons met en avant l’importance d’une plus forte solidarité », ajoutent-elles en rappelant que » l’an dernier, lors de la nuit de la solidarité, 1700 sans abris avaient été recensés sur la territoire de la métropole grenobloise »; la situation ne s’est pas améliorée.
Informer les locataires de leurs droits
C’est également en direction des bailleurs sociaux qu’elles se tournent. Une charte est en cours de signature avec les différents organismes HLM. Elle comporte une vingtaine de mesures précises. La philosophie de ces dispositifs s’articule autour d’une volonté : intervenir auprès des locataires en difficulté avant qu’il ne soit trop tard. « Il existe une série de droits, d’aides dont les locataires qui connaissent les situations les plus précaires sont mal informés », souligne Nicolas Beron Perez. Ce à quoi s’engagent les bailleurs aux côtés des organisations de locataires, c’est donc d’abord de maintenir un contact par téléphone ou par des visites à domicile pour prendre des nouvelles et informer sur les démarches qu’ils est possible d’entreprendre. « Les associations de locataires sont un maillon indispensable de ce lien à entretenir ou à reconstruire ; l’apport de travailleurs sociaux est également nécessaire », commente Nicolas Beron Perez.
Ce premier volet, décisif pour éviter l’engrenage qui peut conduire à l’expulsion, s’accompagne de mesures d’étalement de l’apurement des dettes, mais aussi de remboursements de charges dans certains cas.
Les organisations de locataires n’en oublient pas pour autant les responsabilités gouvernementales. Avec par exemple une décision à prendre, la fin de la suspension du versement des aides personnalisées au logement en cas d’impayés de plus de trois mois. « Quand on est en difficulté parce que l’on a perdu des ressources dans cette période covid, c’est la double peine », constate Paul Bonsignore de l’Indecosa-CGT.
Hausse de la TVA, réductions des aides à la construction, à la réhabilitation…
Les responsabilités gouvernementales, ce sont aussi la réduction des crédits d’aide à la construction ou à la réhabilitation les hausse de taux de TVA ou encore la ponction sur les budgets des offices HLM par le biais du transfert aux organismes HLM d’une partie du versement des APL. « Cela représente 9 millions d’euros pour Alpes Isère habitat par exemple », souligne Paul Pochiero. Autant de moins pour construire, isoler, accompagner les locataires…
Reste la question du logement privé. Les locataires y sont plus isolés, leur lien avec les associations de locataires est plus ténu. « Les possibilités d’encadrement des loyers restent limitées de par la loi », constate Nicolas Beron Perez. Et comme le nombre de logements sociaux est insuffisant dans l’agglomération, le prix des loyers du privé demeurent élevés sur un marché en tension. Les solutions ? Développer l’information pour permettre à tous de faire valoir leurs droits et accroître le nombre de logements sociaux. « Dans la métropole, les objectifs de construction de logements sociaux n’ont pas été atteints », relève Nicolas Beron Perez.
Se loger dans l’agglomération grenobloise ? Cela reste une difficulté pour de trop nombreux métropolitains. Question que Nicolas Beron Perez souhaite prendre à bras le corps avec le concours de l’ensemble des associations de locataires. Le sens d’une première rencontre qui en appelle d’autres.