Un militant grenoblois retenu en Algérie

Par Luc Renaud

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Jean-François Le Dizès, 73 ans, militant grenoblois du mouvement Ensemble, est retenu en Algérie où la police lui a retiré son passeport depuis le 27 décembre. Il devait rentrer en France ce lundi 6 janvier.

C’est un habi­tué des lieux. Coopé­rant en Algé­rie dans les années 70, il a depuis mul­ti­plié les séjours dans ce pays. Il s’y rend en tou­riste, mais aus­si pour rendre compte de ce qui s’y passe dans les colonnes d’Ensemble Isère, le maga­zine dépar­te­men­tal de ce mou­ve­ment poli­tique de la gauche alter­na­tive.

Jean-Fran­çois Le Dizès.

Le 20 décembre de l’an­née der­nière, il atter­rit à Alger pour pas­ser en Algé­rie la période de fin d’an­née. Il est à Tizi Ouzou le 27 décembre, un ven­dre­di de mani­fes­ta­tions, comme c’est le cas depuis le début du mou­ve­ment de contes­ta­tion popu­laire — le Hirak — qui secoue le pays depuis le 22 février der­nier. Il y prend des pho­tos. Comme n’im­porte quel tou­riste aurait pu le faire. Comme il l’a­vait lui-même fait le 20 décembre à Alger.

Interpellé le 27 décembre

C’est pour­tant ce qui lui est repro­ché par la police qui vient l’in­ter­pel­ler à son hôtel au soir de ce 27 décembre. Il res­te­ra pour inter­ro­ga­toire au siège de la sûre­té de la wilaya pen­dant six heures. Il en res­sor­ti­ra sans ses papiers, c’est-à-dire dans l’im­pos­si­bi­li­té de quit­ter le pays.

L’af­faire aurait dû en res­ter là. Jean-Fran­çois Le Dizès avait reçu des assu­rances de la police : le pas­se­port, ses car­nets et son appa­reil pho­to devaient lui être res­ti­tués « après enquête ». Pour­tant, le Gre­no­blois s’est ren­du à dif­fé­rentes reprises dans les locaux des forces de l’ordre sans pou­voir récu­pé­rer son pas­se­port.

Il a « aggravé son cas »

Le 5 jan­vier, il est infor­mé qu’il a « aggra­vé son cas ». La police lui reproche cette fois de s’être adres­sé à des mani­fes­tants le ven­dre­di 3 jan­vier. Pour la police algé­rienne, Jean-Fran­çois Le Dizès n’a­vait pas le droit de par­ler de poli­tique avec des Algé­riens.

Dans l’a­près-midi du 7 jan­vier, on ne savait tou­jours pas si le Gre­no­blois serait auto­ri­sé à reve­nir en France.

Le consulat de France botte en touche

Ces évé­ne­ments mettent éga­le­ment en lumière l’at­ti­tude pour le moins fri­leuse que le consu­lat de France a déci­dé d’a­dop­ter dans cette affaire. Selon Jean-Fran­çois Le Dizès — qui a pu être joint à son hôtel de Tizi Ouzou -, les diplo­mates fran­çais lui dont indi­qué ne pas pou­voir s’in­gé­rer dans les affaires inté­rieures algé­riennes et lui ont conseillé de prendre un avo­cat. Option que l’on pour­ra esti­mer inap­pro­priée, s’a­gis­sant de la res­tric­tion de la liber­té de se dépla­cer d’un citoyen fran­çais qui n’est pas accu­sé du moindre délit recon­nu par le droit inter­na­tio­nal.

Si Jean-Fran­çois Le Dizès devait conti­nuer à être pri­vé de sa liber­té de mou­ve­ment par les auto­ri­tés algé­riennes, nul doute que la soli­da­ri­té s’ex­pri­me­rait.

Le 3 mars der­nier, mani­fes­ta­tion devant le consu­lat d’Al­gé­rie à Gre­noble, en sou­tien à l’Hi­rak

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