Samedi 15 juin, plusieurs organisations* ont appelé à un rassemblement au barrage de Saint-Egrève pour manifester une ferme opposition à la privatisation des barrages. Mais aussi affirmer que les intérêts financiers ne doivent pas primer sur l’intérêt général. Une initiative prolongeant celle du 28 avril 2018 au barrage du Sautet.

La détermination n’empêchait pas une ambiance bon enfant… Au son d’une corne de brume répondaient les mots d’ordre lancés au micro, accompagnés du claquement des banderoles malmenées par un vent qui annonçait la pluie. Sur le pont du barrage se succédaient les stands des organisations, tandis que déambulaient militants ou simples citoyens venus dialoguer, défendre leurs valeurs… voire policiers et gendarmes venus eux aussi en nombre, mais pour une toute autre raison.

« La mise en concurrence des concessions des installations et barrages hydrauliques est un nouveau coup de force de Macron et de l’Europe », entendait-on dans divers stands. « C’est aujourd’hui une marche forcée vers la privatisation », « Une aberration économique et écologique qui va à l’encontre des récentes déclarations gouvernementales ». L’accent était mis avec force sur le rôle du service public et la nécessité de le défendre à un moment où il est l’objet de maintes attaques.

Quelle loi ?

La loi de transition énergétique d’août 2015 a confirmé le principe de la mise en concurrence des concessions hydrauliques exigée par l’Union européenne. Jusqu’à maintenant, cette disposition (qui nie la spécificité du service public français de la production hydroélectrique et soulève de ce fait des oppositions de tous côtés) n’a pas été appliquée. Or le gouvernement Macron veut maintenant la mettre rapidement en place. Contrairement à ce qu’il affirme, cela n’a rien d’obligatoire, ni d’urgent. Il n’y a aucun calendrier de fixé. Il n’y a donc aucune obligation à devancer des exigences que certains pays européens (tels l’Allemagne, l’Autriche ou le Portugal) ont refusé d’appliquer.

La dérégulation est un non sens

Autre argument souligné pour contrer la spoliation : l’illégitimité !

L’énergie est une prérogative européenne, mais les nombreuses fonctions réalisées par une installation hydraulique, telle que la gestion des eaux, l’irrigation des terres agricoles, le tourisme, l’alimentation en eau potable des populations, font qu’elle doit être rattachée aux « services d’intérêt économique général » prévus par le traité constitutionnel, et qui ne sont pas soumis à la concurrence.

C’est ce qu’ont répété à plusieurs voix, mais avec la même persuasion, les représentants des organisations lors des interventions en début d’après-midi. Jérémie Giono, secrétaire de la fédération du PCF était venu apporter son soutien, lui aussi, avec une délégation communiste, rappelant les propositions « pour une vraie transition écologique », prônant un pôle public rassemblant tous les acteurs de l’énergie pour sortir ce secteur clé du marché privé.

Un sujet d’une activité brûlante comme en a témoigné ce rassemblement.

*Collectif « ne nous laissons pas tondre »; collectif « Sauvons nos barrages », les Amis de la Terre ; Citoyens pour le Climat Grenoble ; Alternatiba ; ANV VOP 21 ; Marche pour le climat- Gilets Jaunes Isère ; ATTAC ; CADTM ;
Syndicats : CGT Énergie Isère, Sud Énergie, CFDT Chimie Énergie, CFE GE Alstom, UD CGT Isère, UD Solidaires Isère, Solidaires Météo-France, CGT GE Alstom

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