Il ne s’agit pas de cubisme : ce sont les enseignants du collège Pablo Picasso d’Echirolles qui sont en colère ! Ils le crient et le manifestent.

Le 5 mars, ils ont décidé une journée de grève pour dénoncer l’insuffisance des moyens alloués au collège, à laquelle ont massivement répondu les parents d’élèves puisque trois enfants seulement étaient présents ce jour-là dans l’établissement.
Au nom des enseignants, Catherine Brun et Anne-Marie Guillaume ont exprimé les causes de la colère. Elles sont nombreuses !
«  Nous allons devoir fermer une classe de 4e. Il n’y aura plus de groupes en sciences en 5e, 4e et 3e et deux professeurs, l’un de physique, l’autre de technologie, jusque-là à plein temps, devront faire un complément de service dans un autre établissement. Cela fragilise la stabilité et l’engagement des équipes dans des projets pédagogiques efficaces. Le nombre d’heures d’aide aux élèves demeure très insuffisant et il n’y aura toujours pas d’aide en 3e. Les heures supplémentaires seront en forte augmentation. Deux heures supplémentaires pourraient être imposées aux enseignants, ce qui signifierait pour certaines disciplines une classe de plus à prendre en charge, soit une quantité de travail accrue au détriment d’un suivi efficace des élèves. Les enseignants ne pourraient plus s’impliquer dans le dispositif «  devoirs faits  » puisque celui-ci implique de s’ajouter encore des heures supplémentaires.  »

Dégradation

Est ainsi fustigée une prise en charge supplémentaire qui devra au détriment des élèves : «  Nous n’avons pas le temps nécessaire pour suivre les élèves, cela nous met en colère !  »
Parmi les participants, les griefs fusent : «  Nous ne sommes pas entendus !  » ; «  Au contraire, la dégradation se poursuit !  » ; «  La colère n’existe pas qu’au collège Pablo Picasso !  »
En effet, dans de nombreux collèges et lycées, les enseignants et les parents d’élèves ont voté contre les moyens en forte baisse octroyés par l’État. Sous couvert de réforme ou de déclaration sur l’école de la confiance, le gouvernement veut faire des économies en supprimant des postes. C’est la même politique dans les hôpitaux, les postes, bref dans tous les autres services publics.

Démissions

A Picasso, pour mieux traduire la colère, il a été décidé que tous les professeurs principaux démissionneraient de leur responsabilité (une charge volontaire que l’on ne peut imposer). Une démission déposée le jour-même auprès du chef d’établissement. «  C’est une responsabilité qui représente un gros travail avec le suivi des élèves, les liens avec l’équipe pédagogique, les contacts avec les parents… Cela ne veut pas dire que nous abandonnons nos élèves, on va répondre collectivement avec toute l’équipe enseignante !  »
La situation, jugée plus que préoccupante, témoigne pour les enseignants de la mise en place d’une école à deux vitesses. Pour beaucoup, l’école publique n’a plus les moyens de fonctionner. Une constatation corroborée par l’adjointe échirolloise à l’éducation, Jacqueline Madrennes, venue apporter le soutien de la municipalité et exiger des moyens pour le service public en général, et celui de l’éducation en particulier.
Pour les participants, «  il y a beaucoup d’effets d’annonce de la part du ministère, mais ce n’est jamais suivi de faits !  »
La colère est grande. Maintenant on attend des réponses. Et vite.

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