« Nous sommes des combattants des droits de l’homme »

Par Luc Renaud

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La salle état plus que pleine, le 20 septembre à Echirolles. Huit cents personnes pour accueillir Ahed Tamimi et ses parents. Ahed Tamimi, arrêtée à l’âge de 17 ans, emprisonnée pendant huit mois par un tribunal militaire israélien.

« En 2009, le comité local de notre village, Nabi Saleh, a décidé de notre forme de lutte, la révolution populaire, notre lutte est aujourd’hui connue dans le monde entier et c’est pour ça que nous sommes ici. » Nariman Tamimi, mère d’Ahed Tamimi, évoquait ce village de Cisjordanie qui manifeste tous les vendredis contre l’expropriation des terres palestiniennes au profit de la colonie israélienne implantée à proximité, et particulièrement contre l’accaparement des ressources en eau.

Plus de huit cents personnes, le 20 septembre, dans la salle des fêtes d’Echirolles, dans la banlieue grenobloise.

Une mobilisation qui a connu un retentissement mondial après l’arrestation d’Ahed Tamimi, 17 ans, pour avoir giflé un soldat israélien entré dans la cour de sa maison et condamnée par un tribunal militaire à huit mois de prison. Huit mois de prison également pour sa mère qui avait filmé la scène devenue virale sur les réseaux sociaux.

Ahed Tamimi, des parents et deux de ses frères – le troisième est actuellement emprisonné – étaient à Echirolles, le 20 septembre, pour une soirée de solidarité qui a rassemblé plus de huit cents personnes.

L’occupation, une souffrance pour les Palestiniens dont sont victimes eux aussi les Israéliens

Elle a fait part des conditions de sa détention. Privation de sommeil, interrogatoires sans fin, atteinte à sa dignité de femme, privation de soins médicaux… « Ils ont voulu nous interdire les livres le droit à l’instruction ». Ahed décrit la résistance dans l’enceinte de la prison, avec « la classe du défi », salle où des cours de droit international était délivrés par un prisonnière, lors des temps communs. 350 enfants palestiniens sont aujourd’hui emprisonnés en Israël.

Ahed Tamimi a témoigné de ses conditions de détention après sa condamnation à huit mois de détention par un tribunal militaire.

Ahed et sa mère Nariman Tamimi décrivent l’occupation israélienne comme une souffrance pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens. « Les jeunes qui portent une arme à 14 ans sont des victimes », estime Ahed. « Les mères israéliennes ont la responsabilité de montrer à leurs fils qu’ils sont eux aussi victimes d’un Etat qui les envoie humilier d’autres hommes dans les territoires occupés ». Pour elle, les femmes font partie de l’issue à ce drame : « la voix des femmes porte loin ». De fait, dans la grande salle des fêtes d’Echirolles, il y avait sans doute une majorité de femmes. Elle insistait également sur l’erreur qui consisterait à voir dans le combat des Palestiniens une mobilisation religieuse. « Notre lutte est universelle, c’est celle la lutte pour la liberté, pour les droits de l’homme, celle de la libération d’un peuple opprimé. »

Ahed Tamimi et son père, Bassem, instituteur palestinien.

Ahed et sa parents étaient aussi venus délivrer un appel à la solidarité. « Ce n’est pas une simple question humanitaire, insistait Bassem, le père d’Ahed, c’est la participation à une lutte contre l’impérialisme et ses conséquences qui concerne tous le speuples de la planète ». Tout en constatant que l’Etat d’Israël, par sa politique de colonisation qui a privé les Palestiniens de 78% des terres qui étaient les leurs en 1967, « a mis fin à la possibilité de la solution à deux Etats » que prévoyaient les accords d’Oslo en 1993. Et d’appeler à l’action, à commencer par boycott des entreprises complices de l’occupation israélienne par leur activité dans les territoires occupés.

Les succès de la campagne BDS

Une campagne internationale qui n’est pas sans efficacité. Anne Tuaillon, responsable iséroise et nationale de l’Association France Palestine solidarité, notait à ce propos en conclusion de la soirée que des succès avait déjà été enregistrés dans ce domaine. « Orange, Véolia… ne participent plus à la colonisation, la SNCF s’est retirée de la construction du tram à Jérusalem est. »

Anne Tuaillon, responsable de l’Association France Palestine solidarité qui organisait la soirée.

Action vis-à-vis des grands groupes, action également à l’endroit des gouvernements occidentaux. Sur injonction d’Israël, la famille Tamimi est interdite d’entrée sur le territoire des Etats-Unis. Il a fallu une large mobilisation pour qu’Ahed et ses parents soient autorisés, au dernier moment, à venir en France où il ont participé à la fête de l’Humanité et à des réunions publiques à Nantes, Echirolles puis Nancy. Et Anne Tuaillon, en ouvrant la soirée, rappelait que Salah Hamouri, de nationalité française et palestinienne, est détenu – sans jugement, sans qu’aucun chef d’inculpation ne lui ait été signifié, en violation de toutes les lois internationales – depuis plus d’un an dans un prison israélienne. Sans que le gouvernement français n’intervienne pour le simple respect du droit et sa libération. Une pétition à l’adresse du président de la République est en circulation.

Ahed Tamimi et sa mère, Nariman.

A Nantes, Ahed Tamimi a été reçue au conseil départemental puis par le maire de Rezé. A Echirolles, elle a reçu la médaille de la ville des mains de Renzo Sulli – Anne Tuaillon devait remercier la ville pour avoir mis la salle des fêtes à la disposition de l’AFPS – tandis que les contraintes de son agenda n’ont pas permis au maire de Grenoble de la recevoir.

Après Echirolles, les famille Tamimi devait participer à une réunion publique à Nancy avant de se rendre en Espagne. Pour témoigner, encore et toujours.

Les infos de la solidarité sur le site de l’AFPS

Une salle enthousiaste, non sans moments d’émotion.
Nariman Tamimi.

 

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