Fontaine : curieuse scène de théâtre que celle d’un conseil municipal

Par Edouard Schoene

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La ville de Fontaine a fait la une de l’actualité ces derniers jours. Aussi la réunion du lundi 4 juin du conseil municipal était-elle attendue. Un public nombreux et un Jean-Paul Trovero combatif, à l’image de ces rencontres avec les Fontainois qu’il a eues les 1er et 2 juin.

Jean-Paul Tro­ve­ro, maire de Fon­taine.

La réunion d’un conseil muni­ci­pal obéit à des règles pré­cises. Et d’a­bord à son ordre du jour. Aus­si est-ce à minuit pas­sé que le débat que beau­coup atten­daient a eu lieu.

A minuit pas­sé, Richard Varo­na­kis, adjoint au finances, pré­sen­tait le rap­port sur les actions mises en œuvre suite aux obser­va­tions de la chambre régio­nale des comptes. Une longue allo­cu­tion, écou­tée dans le silence, quelques heures après que le maire, Jean-Paul Tro­ve­ro est sor­ti d’une garde à vue d’une tren­taine d’heures.

Le choix « de ne pas polémiquer »

C’est Franck Lon­go ( pré­sident du groupe de droite, macro­niste) qui s’est expri­mé ensuite. « On a fait le choix de ne pas polé­mi­quer car le sujet a déjà été abor­dé en conseil, parce que la presse en a lar­ge­ment fait état. Vous avez eu une semaine dif­fi­cile. Vous avez tou­jours été res­pec­tueux à notre égard. Vous êtes atta­ché à l’humain, M. Tro­vé­ro. J’ai fait mon tra­vail d’opposant et j’ai por­té plainte . La jus­tice doit faire son tra­vail. Toute faute, si faute il y a doit être punie ».

Un public nom­breux assis­tait aux débats.

Laurent Tho­viste, (pré­sident du groupe socia­liste au pas­sé macro­niste) a réaf­fir­mé ses cri­tiques sur la ges­tion muni­ci­pale repre­nant son thème favo­ri, l’austérité. « La chambre régio­nale vous demande d’agir pour aug­men­ter le temps de tra­vail des per­son­nels. Allez y même si ce n’est pas popu­laire », sug­gé­rait-il au maire.

Jean-Paul Tro­ve­ro a ensuite pris la parole : « J’apprécie votre séré­ni­té par rap­port au contexte, votre res­pect à l’homme que je suis.
Il appar­tien­dra à la jus­tice de faire toute la lumière. Cela m’a affec­té. L’épreuve était rude et dès ma sor­tie de l’hôtel de police je suis allé à la ren­contre des habi­tants, rue du Saint-Eynard. Le len­de­main matin j’ai fait la visite de quar­tier pro­gram­mée. J’ai tou­jours la même com­ba­ti­vi­té, je porte les mêmes valeurs ».

Des valeurs

Posi­tion qu’il illus­trait immé­dia­te­ment en répon­dant à Laurent Tho­viste : « je ne sou­haite pas remettre en cause les condi­tions de tra­vail des employés de la ville. Je vais être atten­tif à ce qui se fera à la Métro, ce qui se fait avec les pom­piers  au ser­vie dépar­te­men­tal d’in­cen­die et de secours. Je suis très atta­ché à la qua­li­té des condi­tions de tra­vail et dans le même temps je veux amé­lio­rer l’efficacité du ser­vice public. Je vais négo­cier avec le per­son­nel ».

Une belle leçon de digni­té, de fidé­li­té aux enga­ge­ments pris devant la popu­la­tion fon­tai­noise en 2014.

Richard Varo­na­kis, adjoint aux finances.

Les élus avaient eu la soi­rée pour pro­cé­der à l’exa­men des autres points à l’ordre du jour, vingt-cinq au total. Une sus­pen­sion de séance avait été ména­gée à l’ou­ver­ture de la réunion du conseil, de façon à per­mettre l’ex­pres­sion du col­lec­tif d’habitants « La Cloche ». Une longue inter­ven­tion contre le pro­jet de construc­tion de soixante-dix loge­ments sociaux et d’une bras­se­rie sur l’emplacement de l’hôtel « La cloche ». Le col­lec­tif reproche à la ville un pro­jet trop dense, signa­lant les ques­tions de sta­tion­ne­ment, de cadre de vie,… Une habi­tante fait état de la baisse de la valeur de l’immobilier pavillon­naire.
L’adjoint en charge du dos­sier, M. Anto­na­kios, et le maire ont répon­du point par point aux ques­tions et se sont féli­ci­tés de l’échange démo­cra­tique tan­dis que les deux oppo­si­tions macro­nistes sou­te­naient les cri­tiques por­tées par l’association.

Incohérences remarquables

Quelques dizaines de minutes plus tard, les mêmes élus se féli­ci­taient du rap­port de la Métro sur le pro­jet d’aménagement et de déve­lop­pe­ment durable (PADD). Curieu­se­ment, le pro­jet contes­té par le col­lec­tif « La Cloche » , répond aux orien­ta­tions poli­tiques de ce PADD en terme de déve­lop­pe­ment du loge­ment social, de res­pect des zones den­si­fiées en bor­dure des axes struc­tu­rant, de déve­lop­pe­ment éco­no­mique. Jean-Paul Tro­ve­ro, sur ce dos­sier de l’a­mé­na­ge­ment durable, confir­mait son enga­ge­ment à faire abou­tir des pro­jets répon­dant aux attentes des futurs Fon­tai­nois.

L’incohérence des oppo­si­tions res­te­ra anec­do­tique dans un théâtre poli­tique où tous les coups sont per­mis, pour les ambi­tions de pou­voir.

Un très long débat avait lieu ensuite après la pré­sen­ta­tion par Richard Varo­na­kis de la déli­bé­ra­tion sur le compte admi­nis­tra­tif 2017. Lequel met en chiffres les dif­fi­cul­tés consé­cu­tives au désen­ga­ge­ment de l’E­tat. « …Vous remar­que­rez, j’es­père, que j’ai tou­jours par­lé de l’État, sans faire une fois allu­sion au pré­sident de la Répu­blique. La rai­son est simple, quel que soit le pré­sident en fonc­tion, quel que soit son bord poli­tique, ce méca­nisme est immuable depuis la décen­tra­li­sa­tion : l’État exo­nère, et, pour ne pas que les col­lec­ti­vi­tés se révoltent, l’État com­pense, puis peu à peu l’État ne com­pense plus. Chers col­lègues, per­met­tez moi d’as­sor­tir d’un peu d’hu­mour des pro­pos qui tra­duisent mon éner­ve­ment. En décri­vant ce méca­nisme de com­pen­sa­tion je n’ai pu m’empêcher de pen­ser à Coluche. qui disait « écri­vez-nous de quoi vous avez besoin, on vous expli­que­ra com­ment vous en pas­ser » ».

L’investissement en hausse de 35%

Dans son inter­ven­tion, Jean-Paul Tro­ve­ro, remer­ciait les ser­vices pour la rigueur de ges­tion. « On nous accu­sait de bud­get insin­cère et inte­nable : nous l’a­vons tenu et bien tenu. 98 % du bud­get de fonc­tion­ne­ment a été réa­li­sé. Mal­gré des opé­ra­tions déca­lées dans le temps, notre évo­lu­tion des dépenses réelles d’investissement est de +35 % et nous place devant de nom­breuses villes de l’agglomération en dyna­mique d’investissement. Avec pru­dence, nous relan­çons notre capa­ci­té à faire et à embel­lir la ville. Nous avons ren­for­cé les actions de pro­pre­té urbaine et les actions de sen­si­bi­li­sa­tion (1re édi­tion de Fon­taine mon amour propre. La 2e le 16 juin en lien avec notre CMJ). Nous conti­nuons à faire des éco­no­mies tout en pour­sui­vant nos prio­ri­tés muni­ci­pales en faveur des besoins des Fon­tai­nois. »

Les deux oppo­si­tions macro­nistes ont joint leurs voix pour cri­ti­quer la ges­tion muni­ci­pale de la majo­ri­té et deman­der l’expertise, par une socié­té exté­rieure des comptes de la ville.

Le théâtre a tiré le rideau après une heure du matin.

 

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