Isabelle Avran, écrivaine et historienne, avait été invitée par l’Association France Palestine solidarité pour donner une conférence sur le 70e anniversaire de la création de l’Etat d’Israël et son histoire. Des faits, une analyse et une conviction : les Palestiniens ont des droits, comme tous les peuples du monde.

Anne Tuaillon, présidente de l’AFPS Isère.

L’Association France Palestine solidarité Isère réunissait samedi 20 janvier son assemblée générale à Saint-Martin-d’Hères. Réunion suivie d’une conférence débat sur le sujet « 1948/2018. Après la Nakba – l’expulsion des Palestiniens en 1948 – 70 ans de dépossession et de nettoyage ethnique ». La conférencière, brillante et documentée, Isabelle Avran, est écrivaine, historienne et journaliste. Elle est aussi cofondatrice de la Plateforme des ONG pour la Palestine.
En 2018, sous la pression des autorités d’extrême-droite d’Israël, seront organisées en Europe et en France des journées sur la coopération culturelle avec Israël. Cette offensive « diplomatique » suffira-t-elle à occulter le 70e anniversaire de la Nakba ?
La Nakba (catastrophe en arabe) renvoie au nettoyage ethnique des Palestiniens et à la destruction des communautés palestiniennes qui ont eu lieu lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Isabelle Avran, historienne, écrivaine et journaliste.

Il n’est pas possible de résumer en quelques lignes un brillant exposé de deux heures. Retenons quelques idées, objets de démonstrations de la conférencière.
L’antisémitisme a été le moteur de la création d’Israël. Les théories du père du sionisme, Théodore Herzl, ne prévoyaient pas un Etat où ne règnerait qu’une seule religion. Balfour, en 1917, a imaginé Israël pour des raisons géopolitiques en niant la réalité des peuples locaux en Palestine. Un accord secret avec le roi de Jordanie a précédé la création d’Israël. Le territoire d’accueil des juifs devait représenter 54% du territoire. Le résultat de l’accord secret s’est traduit par 72% pour les juifs (à l’exception de Jérusalem où ce fut un partage 50/50).

Un mythe qu’a dénoncé Isabelle Avran est celui selon lequel il n’y aurait pas eu d’expulsions, avant et lors de la création d’Israël.
Les nouveaux historiens Israéliens ont montré d’une part qu’il n’y a jamais eu le moindre appel des Etats arabes à fuir en 1947, et d’autre part  qu’il y a eu des expulsions très violentes avant même la création d’Israël, pour initier des fuites massives de population. 800 000 Palestiniens ont été contraints de partir pour un exil qu’ils espéraient court. L’extrême droite israélienne dit aujourd’hui exclure le retour des Palestiniens et rêve d’un pays homogène à population juive.

Prison à ciel ouvert

La réalité qui est aujourd’hui celle des Palestiniens a été décrite par la conférencière. Dans la bande de Gaza, minuscule, deux millions de Palestiniens dont deux tiers de réfugiés, vivent assiégés. Rien ne rentre, rien ne sort du territoire. Les habitants n’ont plus d’eau potable, peu d’accès à l électricité, vivent dans des villes et villages dévastés par les bombardements. En Cisjordanie, le territoire est enfermé, quadrillé par des routes auxquelles les Palestiniens n’ont pas accès. Les autorités Israéliennes tentent de faire taire les résistances pacifiques en s’attaquant aux enfants, emprisonnés par centaines dans des conditions épouvantables.

Isabelle Avran évoquait également la politique mise en œuvre par Trump au Proche-Orient. Des choix qui aggravent considérablement les conditions de vie des populations avec, par exemple, l’amputation par les Etats-Unis de la moitié du budget de l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA). Les Nations unies comptabilisent six millions de réfugiés palestiniens dont ceux de Cisjordanie.

L’exposé s’est conclu par un développement sur la campagne de solidarité internationale soutenue par les Palestiniens et des forces progressistes en Israël, le BDS (https://www.bdsfrance.org/), comme Boycott des produits issus des colonies d’Israël en Palestine en application du droit international, Désinvestissement des entreprises qui sont installées dans les territoires occupés et Sanctions contre Israël.

Un point encore sur lequel Isabelle Avran insistait : le drame des Palestiniens en Israël se prolonge du fait de l’impunité dont bénéficie Israël malgré les violations continues et aggravées du droit international dont cet Etat se rend coupable au vu et au su de tous.

Édouard Schoene

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