Pont-de-Claix, l’expérimentation
Par Luc Renaud
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Simone Torres, présidente du groupe communiste, est désormais adjointe au maire du Pont-de-Claix, Christophe Ferrari, chargée de la cohésion sociale et de l’économie sociale et solidaire. Elle est également vice-présidente du CCAS de la commune. Explications.
Les élections municipales ont eu lieu en 2014. Les électeurs ont choisi une majorité et des oppositions. Parmi ces dernières, la plus importante, celle des élus communistes. « Ce choix des électeurs implique que nous ne sommes pas membres de la majorité, même si nous intégrons l’exécutif de la commune », souligne d’emblée Simone Torres.
Dans l’exécutif, mais pas dans la majorité ? Une rareté. Les communistes ont fait le choix, collectivement, de l’expérimenter. « La commune est la plus pauvre de l’agglo, note Simone Torres, la désindustrialisation, la crise… nous voulons porter la voix des citoyens au sein de la direction municipale ».
Des élus au service de l’action citoyenne
Cette participation à l’exécutif n’a été envisageable qu’avec l’accord du maire. « Les élus de la majorité ont eu une réflexion qui leur appartient, commente Simone Torres, ce qui nous intéresse, c’est le lien, l’action avec les habitants pour améliorer les choses ». Les communistes pontois proposent ainsi un renversement : là où il était de coutume de constituer une liste avant les élections pour mettre en œuvre un programme, ils se mettent à la disposition des citoyens pour traduire leurs aspirations dans les politiques municipales. Un va-et-vient permanent entre élus et citoyens ; ce que les communistes appellent « faire de la politique ».
Une image. Lorsque les élus de la majorité se félicitent de produire de beaux logements à 272 000 euros, il est aujourd’hui une adjointe pour rappeler que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Réalité, le retour.
Luc Renaud
Des conditions
Avant de donner leur accord pour intégrer l’exécutif de la commune, les communistes pontois ont obtenu des engagements qui ont fait l’objet d’un document écrit.
Celui-ci, notamment : le financement du centre communal d’action sociale et de l’établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes (EHPAD) sera l’une des priorités des arbitrages budgétaires, quelles que soient les incertitudes qui planent sur le financement des collectivités locales.
Il est également prévu que les élus communistes conserveront l’indépendance et la liberté de parole et d’action de leur groupe au conseil municipal.
Ce qui change
Des projets ont déjà été modifiés. Il était ainsi envisagé d’augmenter de 36 euros par mois le reste à charge des résidents de l’EHPAD. Cette délibération a été retirée de l’ordre du jour. Les communistes proposent d’agir pour que des crédits soient récupérés à l’agence régionale de santé, qui représente le ministère de la Santé. Une suppression de poste a également été ajournée.
Des décisions concrètes, mais aussi un climat politique. Une adjointe à l’écoute des habitants comme des agents municipaux, que l’on peut trouver dans son bureau, qui n’a pas sa langue dans sa poche pour exprimer les besoins de telle ou telle association…
Rassemblement
La décision des communistes du Pont-de-Claix s’inscrit dans le cadre plus général de l’objectif des communistes, face à la brutalité du pouvoir de l’argent, de construire une action politique efficace. Le choix de politiques qui correspondent à l’intérêt des citoyens, d’abord; leur mise en œuvre par le débat et le rassemblement de ceux qui le souhaitent et partagent cette volonté, ensuite. En la matière, on n’a jamais raison tout seul sur tout et tout le temps.