General electric : une lutte d’intérêt national

Par Luc Renaud

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Manifestation à Grenoble le 22 septembre, délégation parisienne le 23… la mobilisation des salariés de General electric contre le plan de 345 suppressions d’emplois grandit. Le silence du gouvernement, pourtant actionnaire, n’en est que plus assourdissant. Il y va du devenir d’un fleuron industriel des énergies renouvelables.

Une mani­fes­ta­tion qui a ras­sem­blé près de trois cents per­sonnes le 22 sep­tembre, de l’u­sine à la pré­fec­ture, avec la par­ti­ci­pa­tion de Chris­tophe Fer­ra­ri, pré­sident de la Métro. Le 23 sep­tembre à Paris, une pré­sence remar­quée et une vidéo dif­fu­sée devant les mani­fes­tants ras­sem­blés à l’ap­pel de la France insou­mise contre les ordon­nances Macron… Le conflit gre­no­blois pour la défense d’un fleu­ron indus­triel fran­çais prend une réso­nance nou­velle.

2017, le cen­te­naire de la créa­tion de l’u­sine Neyr­pic, sur le site gre­no­blois qu’elle occupe aujourd’­hui.

Le 22 sep­tembre devant la pré­fec­ture, ce sont les témoi­gnages des sala­rié qui don­naient à voir l’am­pleur du gâchis indus­triel et humain que pré­tend com­mettre la mul­ti­na­tio­nale amé­ri­caine. Fré­dé­ric Stap­paz­zon, délé­gué CGT, le rap­pe­lait : « Neyr­pic, c’est cent ans de trans­mis­sion de savoir-faire ; la machine avec laquelle j’ai un peu vieilli, je veux pou­voir mon­trer com­ment on s’en sert ». A la sono du camion de la CGT, la parole se lâchait. Ain­si de ce sala­rié qui tra­vaille à la logis­tique : « ils veulent sup­pri­mer le ser­vice et paraît-il, trans­fé­rer son acti­vi­té en Hon­grie et en Inde ; quand nous réglons un pro­blème avec des Chi­nois et que nos bureaux sont dans le même cou­loir, on a déjà du mal ; alors des Hon­grois et des Indiens pour tra­vailler ensemble, nous sommes un peu scep­tiques ». Où l’on parle encore de ces com­mandes dont on attend la vali­da­tion pen­dant des jours par l’é­che­lon à trois niveaux supé­rieur, N+3, avec une consé­quence : « nous avons des clients et des pro­jets dont la réa­li­sa­tion est de plus en plus dif­fi­cile ». La recherche déve­lop­pe­ment, « qui ne sur­vi­vra pas dans un site dévi­ta­li­sé, sans ren­contre pos­sible avec un ate­lier qui aurait dis­pa­ru », le labo­ra­toire d’es­sais hydrau­lique :  « ils nous disent que c’est le meilleur au monde, mais quel ave­nir, sur un site où tout le reste est par­ti »

Fré­dé­ric Stap­paz­zon, délé­gué CGT.

Et puis les sala­riés ne com­prennent pas le silence per­sis­tant du gou­ver­ne­ment. Emma­nuel Macron, alors ministre de l’é­co­no­mie et de l’industrie, a ava­li­sé la vente d’Al­stom à Gene­ral elec­tric avec en 2015 l’en­ga­ge­ment de 1000 créa­tions d’emplois en France. Aujourd’­hui, l’E­tat est repré­sen­té dans l’ac­tion­na­riat de Gene­ral elec­tric hydro… et ne dit rien. Nico­las Hulot, ministre de l’en­vi­ron­ne­ment, reste lui aus­si silen­cieux alors que les tur­bines des­ti­nées aux bar­rages hydro­élec­triques sont des pièces maî­tresse du déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables.

Du côté du dérou­le­ment de la pro­cé­dure du « plan de sac­cage de l’emploi », comme Claude Vil­la­ni, délé­gué CGT nomme le PSE, la direc­tion de l’en­tre­prise freine des quatre fers pour com­mu­ni­quer au cabi­net d’ex­pert man­da­té par le comi­té d’en­tre­prise les pièces néces­saires à son ana­lyse. Car la non via­bi­li­té affi­chée par la direc­tion repose sur une pré­sen­ta­tion biai­sée des résul­tats, s’ap­puyant sur les chiffres d’an­nées basses. De déve­lop­pe­ments juri­diques pour­raient inter­ve­nir tan­dis que la mobi­li­sa­tion des sala­riés ne man­que­ra pas de se pour­suivre face à l’am­bi­tion de la mul­ti­na­tio­nale amé­ri­caine de sup­pri­mer 345 des 800 emplois gre­no­blois de Gene­ral elec­tric Alstom Neyr­pic.

 

Luc Renaud

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