Sur l’ancien site Neyric, le groupe américain General electric a annoncé la suppression de 345 emplois sur 800. Par le biais du groupe Alstom, l’Etat actionnaire a son mot à dire sur ce projet qui fragilise l’industrie européenne des énergies renouvelables. Le silence gouvernemental est pour l’heure assourdissant.

L’an prochain, on fêtera le centième anniversaire de l’ouverture des ateliers Neyrpic sur leur implantation actuelle, au Sud de Grenoble. L’an prochain, le « plan de sauvegarde de l’emploi » concocté par la multinationale General electric pourrait se traduire par la suppression de 345 emplois à Grenoble, soit la moitié des effectifs de l’entreprise héritière de Neyrpic, GE Renewable Energy, filiale de General electric. 345 sur 800 : cinq cents ingénieurs, 200 techniciens et 100 ouvriers et employés.

Une usine menacée en Espagne

« Cette décision est incompréhensible », s’indigne Georges Beciu, secrétaire du comité d’entreprise et syndicaliste CFE-CGC. Incompréhensible parce qu’elle remet en cause l’activité européenne d’un des leaders mondiaux de la fabrication de turbines et d’équipements de production d’électricité hydraulique. General electric veut liquider la moitié des effectifs grenoblois, mais aussi fermer une usine à Bilbao, en Espagne. « Ce site espagnol est tout neuf, nos dirigeants appellent ça une  »brilliant factory’‘ en anglais, précise Georges Beciu, on y fabrique des alternateurs qui sont vraiment le cœur de notre métier et personne au monde n’est aujourd’hui capable de fabriquer ces pièces, ni dans le groupe ni chez nos concurrents; cela signifie des retards de livraison sur nos commandes, une dégradation de notre image et de la confiance qu’on peut nous accorder ». Et, à terme, la mise en cause de la crédibilité du groupe.

C’est bien l’objectif que semble poursuivre General electric pour l’ensemble des implantations européennes de l’ancienne branche énergie d’Alstom. L’usine suisse de  Birr, à proximité de Zürich, a déjà subi des suppressions d’emplois. Le siège parisien comme les ateliers de Belfort sont eux aussi concernés par le plan qui frappe Grenoble, la plus importante implantation française du groupe. General electric pourrait ainsi se concentrer sur les usines que sa filiale détient au Brésil, en Inde, en Chine et en Inde.

Deux ans après le rachat piloté par Macron

Ce plan de suppression d’emplois intervient deux ans après le rachat de la branche énergie d’Alstom par General electric et la création de l’entité GE Renewable Energy. Ce rachat avait été piloté par Emmanuel Macron, à l’époque ministre de l’Industrie. Il était sensé assurer l’avenir de ce fleuron de l’industrie française et européenne. Reste que cette transaction qui avait donné le pouvoir décisionnel à General electric laisse au groupe Alstom (industrie ferroviaire) la moitié des actions de GE Renewable Energy. Et que l’Etat possède des actions d’Alstom : le gouvernement a ainsi son mot à dire dans l’affaire. Et cela d’autant plus que c’est toute l’industrie nationale et européenne de l’énergie renouvelable qui est frappée par le plan de liquidation de General electric.

Le silence tant de la direction du groupe Alstom que du gouvernement français reste cependant assourdissant.

Les élus de la métropole Grenoble Alpes ont adopté le 8 juillet et à l’unanimité un vœu de soutien aux salariés. Le président de  la Métro, Christophe Ferrari, le maire de Grenoble, Eric Piolle, et la sénatrice Annie David ont indiqué leur intention d’intervenir auprès du gouvernement et du président de la République.

Une prochaine réunion du comité central d’entreprise est convoquée pour le 19 juillet. Si elle arrivait à son terme, la procédure du plan de sauvegarde de l’emploi pourrait se traduire par des départs volontaires puis par des licenciements en février ou mars 2018. D’ici là, les salariés et les élus locaux se seront sans doute largement mobilisés.

Luc Renaud

 

 

Une déclaration d’Annie David, sénatrice communiste de l’Isère

« C’est un véritable coup de tonnerre que vient de produire la direction de General Electric en annonçant la suppression de 345 emplois du site de Grenoble, soit près de la moitié des effectifs ! Cette annonce sonne le glas de la disparition du site tout entier, spécialisé dans la production de turbines hydrauliques destinées à l’exploitation des barrages.

L’ancienne branche énergie d’Alstom avait été rachetée en 2015 par General Electric, avec l’assurance de la création de 1000 emplois en France. Ce rachat s’était effectué sous la pression de l’Etat français et avec le feu vert d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie.

Deux ans après, cette même entreprise, pourtant un des principaux acteurs sur le marché européen de fabrication et d’entretien de turbines pour les centrales électriques, invoque la nécessité de se positionner dans un marché concurrentiel et envisage la suppression de 6500 emplois sur ses différents sites en Europe.

A l’heure de la transition énergétique et du développement des énergies renouvelables, une telle manœuvre n’est pas acceptable. Il en va de notre souveraineté énergétique et de la préservation de notre outil industriel.

Je refuse de laisser brader les 345 postes du site de Grenoble, l’expertise et le savoir-faire de ses salarié.e.s. C’est la raison pour laquelle je leur apporte tout mon soutien pour le maintien de leurs emplois, l’exploitation d’une ressource énergétique propre et je rappellerai aux ministres concernés les paroles du gouvernement lors de la signature de l’accord de rachat d’Alstom Energy par General Electric : « le gouvernement est comptable et sera comptable des engagements pris en la matière. » !

Grenoble le 7 juillet 2017

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