Hommage à Jaurès, fondateur de l’Humanité

Par Edouard Schoene

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Ven­dre­di 31 juillet une tren­taine de per­sonnes étaient réunies au 1 bd Jean Jau­rès à Gre­noble, pour rendre hom­mage à Jean Jau­rès, assas­si­né le 31 juillet 1914 à Paris. Ce ren­dez vous était orga­ni­sé par la sec­tion gre­no­bloise du le par­ti com­mu­niste.

Chris­tian Pécha­lat a pris la parole pour rendre hom­mage à ce mili­tant paci­fiste qui le jour même de son assas­si­nat par un natio­na­liste, ten­tait de convaincre ses col­lègues dépu­tés de stop­per le déclen­che­ment des hos­ti­li­tés de la pre­mière guerre mon­diale.

« En fin d’après midi il se rend à son jour­nal, l’Humanité, pour rédi­ger un article qu’il conçoit comme un nou­veau « J’accuse ». Avant la nuit de tra­vail qui s’annonce, il des­cend avec ses col­la­bo­ra­teurs pour dîner au Café du Crois­sant »…. Vers 21h40 un étu­diant natio­na­liste, Raoul Vil­lain tire deux coups de feu de la fenêtre du café et abat Jau­rès à bout por­tant
Le 29 mars 1919 le meur­trier de Jau­rès est acquit­té, dans un contexte de fort natio­na­lisme. La veuve de Jau­rès est condam­née aux dépens (paie­ment des frais de pro­cès ».

En 1924 la dépouille de Jau­rès sera trans­fé­ré au Pan­théon. Jau­rès c’est le héros de la gauche répu­bli­caine, bran­dis­sant le poing au des­sus d’une foule immense. Jau­rès entre en poli­tique à 26 ans comme can­di­dat répu­bli­cain dans le Tarn aux élec­tions légis­la­tives en 1885. Lorsque éclate la grève des mineurs de Car­maux, Jau­rès, à l’écart de la vie poli­tique natio­nale sou­tient la grève.Il accuse la répu­blique d’être aux mains des dépu­tés et ministres capi­ta­listes favo­ri­sant la finance et l’industrie aux dépens du res­pect des per­sonnes. De 1893 à 1898 Jau­rès repré­sente à l’assemblée natio­nale les mineurs de Car­maux. De 1898 à 1914 Jau­rès est l’un des prin­ci­paux diri­geants socia­listes Fran­çais. En 1902 Jau­rès par­ti­cipe à la fon­da­tion du Par­ti socia­liste.

Chris­tian Pécha­lat rend alors hom­mage à Gisèle Hali­mi « rebelle éprise de jus­tice et de liber­té » qui vient de mou­rir.

Puis c’est au pre­mier direc­teur de l’Humanité que l’hommage est ren­du. De 1904 à sa mort Jau­rès a diri­gé l’Humanité.
Dans l’éditorial du n°1, le 18 avril 1904, l’objectif du quo­ti­dien était fixé : « don­ner à toutes les intel­li­gences le moyen de com­prendre et de juger elles-mêmes les évé­ne­ments du monde ».

Un appel est lan­cé pour que vive l’Humanité, jour­nal créé par Jau­rès, qui a besoin du sou­tien de tous les démo­crates.

Isa­belle Peters, élue com­mu­niste à Gre­noble, lit ensuite un extrait d’une adresse de Jean Jau­rès aux élèves du lycée d’Albi, où il a fait ses débuts en tant qu’enseignant, pro­non­cée le 30 juillet 1903.

« Oui, la Répu­blique est un grand acte de confiance et un grand acte d’audace. …Les hommes de la Révo­lu­tion en avaient conscience. Et lorsque dans la fête du 10 août 1793, ils célé­brèrent cette Consti­tu­tion, qui pour la pre­mière fois depuis l’origine de l’histoire orga­ni­sait dans la sou­ve­rai­ne­té natio­nale la sou­ve­rai­ne­té de tous, lorsque arti­sans et ouvriers, for­ge­rons, menui­siers, tra­vailleurs des champs défi­lèrent dans le cor­tège, mêlés aux magis­trats du peuple et ayant pour enseignes leurs outils, le pré­sident de la Conven­tion put dire que c’était un jour qui ne res­sem­blait à aucun autre jour, le plus beau jour depuis que le soleil était sus­pen­du dans l’immensité de l’espace ! Toutes les volon­tés se haus­saient, pour être à la mesure de cette nou­veau­té héroïque. C’est pour elle que ces hommes com­bat­tirent et mou­rurent. C’est en son nom qu’ils refou­lèrent les rois de l’Europe. C’est en son nom qu’ils se déci­mèrent. Et ils concen­trèrent en elle une vie si ardente et si ter­rible, ils pro­dui­sirent par elle tant d’actes et tant de pen­sées qu’on put croire que cette Répu­blique toute neuve, sans modèles comme sans tra­di­tions, avait acquis en quelques années la force et la sub­stance des siècles.
Et pour­tant que de vicis­si­tudes et d’épreuves avant que cette Répu­blique que les hommes de la Révo­lu­tion avaient crue impé­ris­sable soit fon­dée enfin sur notre sol ! Non seule­ment après quelques années d’orage elle est vain­cue, mais il semble qu’elle s’efface à jamais de l’histoire et de la mémoire même des hommes. Elle est bafouée, outra­gée ; plus que cela, elle est oubliée. Pen­dant un demi-siècle, sauf quelques cœurs pro­fonds qui gar­de­raient le sou­ve­nir et l’espérance, les hommes la renient ou même l’ignorent. Les tenants de l’Ancien régime ne parlent d’elle que pour en faire honte à la Révo­lu­tion : “ Voi­là où a conduit le délire révo­lu­tion­naire ! ” Et par­mi ceux qui font pro­fes­sion de défendre le monde moderne, de conti­nuer la tra­di­tion de la Révo­lu­tion, la plu­part désa­vouent la Répu­blique et la démo­cra­tie. On dirait qu’ils ne se sou­viennent même plus. Gui­zot s’écrie : “ Le suf­frage uni­ver­sel n’aura jamais son jour ”. Comme s’il n’avait pas eu déjà ses grands jours d’histoire, comme si la Conven­tion n’était pas sor­tie de lui. Thiers, quand il raconte la Révo­lu­tion du10 août, néglige de dire qu’elle pro­cla­ma le suf­frage uni­ver­sel, comme si c’était là un acci­dent sans impor­tance et une bizar­re­rie d’un jour. Répu­blique, suf­frage uni­ver­sel, démo­cra­tie, ce fut, à en croire les sages, le songe fié­vreux des hommes de la Révo­lu­tion. Leur œuvre est res­tée, mais leur fièvre est éteinte et le monde moderne qu’ils ont fon­dé, s’il est tenu de conti­nuer leur œuvre, n’est pas tenu de conti­nuer leur délire. Et la brusque résur­rec­tion de la Répu­blique, repa­rais­sant en 1848 pour s’évanouir en 1851, sem­blait en effet la brève rechute dans un cau­che­mar bien­tôt dis­si­pé. »

Avant le dépôt d’une gerbe, Eric Piolle, maire de Gre­noble, a pris la parole pour rendre hom­mage au Jau­rès répu­bli­cain : « Il faut refu­ser la com­pro­mis­sion, pour­suivre le che­min de Jau­rès. »
Eric Piolle, l’Humanité à la main a décla­ré se féli­ci­ter de l’appel impor­tant au sou­tien à l’Humanité « qui porte la voix d’un débat plu­ra­liste ».

Puis Guillaume Lis­sy, maire de Seys­si­net-Pari­set, a remer­cié l’invitation à cet hom­mage à Jau­rès « qui por­tait fort l’unité indis­pen­sable des forces de pro­grès » et dont le jour­nal l’Humanité por­tait le ras­sem­ble­ment.

David Quei­ros, maire de Saint-Martin‑d’Hères, a sou­li­gné enfin l’importance que Jau­rès accor­dait à la classe ouvrière.

Par­mi les per­son­na­li­tés pré­sentes : Syl­vette Rochas, conseillère dépar­te­men­tale, Aman­dine Demore, 1ère adjointe d’Echirolles, Eric Piolle maire de Gre­noble, David Quei­ros, maire de Saint-Mar­tin‑, Guillaume Lis­sy, maire de Seys­si­net, conseiller dépar­te­men­tal, Nico­las Beron Per­ez, élu, secré­taire du PCF Gre­noble, Anne Sophie Olmos, Maude Wade­lec, Chloé Pan­tel, élus de gre­noble,
Ben­ja­min Troc­mé, conseiller dépar­te­men­tal, Aman­dine Demore, 1ère adjointe à Echi­rolles, Florent Cho­lat, maire de Cham­pa­gnier.

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