Sintertech : fin

Par Edouard Schoene

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Une honte pour les pouvoirs publics qui ont laissé faire sans un mot. Une honte pour les industriels du secteur automobile !

Le 31 décembre Sin­ter­tech dis­pa­raî­tra avec l’année 2019. C’é­tait l’u­nique entre­prise fran­çaise dans la métal­lur­gie des poudres.

Les sala­riés se seront bat­tus avec leurs syn­di­cats CGT, mais le pou­voir, dans notre sys­tème, appar­tient aux pro­prié­taires. Lorsque l’Etat dis­pose de pou­voirs de déci­sions dans nombre de groupes indus­triels, il laisse faire, voire encou­rage la logique capi­ta­liste.

Un savoir-faire unique en France que le gou­ver­ne­ment et les construc­teurs auto­mo­biles ont choi­si de lais­ser dis­pa­raître.

Le 19 décembre 2019, Sébas­tien Acé­bé­do entrait en réunion où les élus devaient se pro­non­cer sur le licen­cie­ment des « sala­riés pro­té­gés » — encore un mythe, puisque selon les don­nées offi­cielles de la DARES plus des trois quarts des licen­cie­ments de sala­riés pro­té­gés sont auto­ri­sés par l’inspection du tra­vail (période 2010–2014). Il nous a dit briè­ve­ment : « Liqui­dés. Nous sommes liqui­dés ! Le 31 décembre, plus per­sonne ! Nous sommes dis­pen­sés de tra­vailler dans quelques jours !»

Le 23 décembre Jean-Ber­nard Etche­men­dy, délé­gué syn­di­cal cen­tral CGT du groupe Sin­ter­tech, nous apporte des pré­ci­sions à quelques jours des échéances dra­ma­tiques. « Sin­ter­tech cesse défi­ni­ti­ve­ment son acti­vi­té le 31 décembre. Les poli­tiques en Auvergne Rhône Alpes, au gou­ver­ne­ment sont res­tés silen­cieux et inac­tifs depuis octobre. Seul le conseil régio­nal d’Aquitaine s’est acti­vé pour la reprise du site d’Oloron. Les auto­ri­tés gou­ver­ne­men­tales semblent réagir aux menaces des groupes indus­triels de l’automobile qui ont licen­cié en 2019 (500 emplois à Pois­sy, 12000 inté­ri­maires virés chez Peu­geot Sochaux…) et menacent de licen­cier en 2020. A l’ex­cep­tion du TA et de l’Hu­ma­ni­té, la presse, en dehors d’un court cré­neau, a été d’un silence total, en par­ti­cu­lier ces der­nières semaines en Isère. »

Inter­ro­gé sur la colère, l’écœurement des sala­riés de Sin­ter­tech qui viennent d’apprendre que Pôle emploi tente une der­nière manœuvre, Jean-Ber­nard Etche­men­dy explique. « Oui c’est exact que Pôle emploi tente de ne pas rete­nir les trois der­niers mois de salaires (salaires excep­tion­nels pour une com­mande excep­tion­nelle qui a ren­du un grand ser­vice au client) dans le cal­cul des indem­ni­tés de chô­mage (cal­cu­lées sur la masse sala­riale de la der­nière année). Nos avo­cats vont réagir. C’est insen­sé puisque la RH de Sin­ter­tech, l’administrateur finan­cier… avaient acté notre demande de salaires bruts coti­sés, car la CGT a tou­jours défen­du les coti­sa­tions sociales. Au départ de la négo­cia­tion, On nous pro­po­sait trois mois de salaires sans charges sans charges sociales. »

La CGT a été seule à défendre une entre­prise et ses trois cents emplois. Qua­rante-six sala­riés repren­dront le tra­vail dans les Pyré­nées-Atlan­tiques, aucun en Isère.

Le sen­ti­ment des sala­riés concer­nés est qu’il s’agit d’une énième action d’humiliation des admi­nis­tra­tions publiques.

Un seul voyant est au vert à quelques jours du réveillon : le site d’Oloron repart, rache­té par Laurent Pelis­sier finance qui détient ECM tech­no­lo­gies, connu en Isère. Renault a sou­te­nu cette reprise. Mais seuls 46 sala­riés sur les 73 du site retrou­ve­ront un emploi.

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  • j’ai bos­sé la bas en temps que sous trai­tant pen­dant des années 13 ans et ce ma fout les boules de voir fer­mer un site comme veu­rey avec le poten­tiel autant humain que tech­no­lo­gique cou­rage les gars