Une loi pour « une mort choisie » ?
Par Edouard Schoene
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L’association « Le Choix, citoyens pour une mort choisie »* organisait une conférence débat à la faculté de médecine de Grenoble, avec le Professeur Jean-Louis Touraine, député, porteur d’une proposition de loi sur une assistance médicalisée pour mourir (**).
L’amphithéâtre était plein.
Le député a été vivement applaudi pour sa conférence expliquant l’importance d’une nouvelle loi, celle existant ne permettant pas de répondre aux demandes de pouvoir échapper aux acharnements thérapeutiques.
Nombreux sont celles et ceux qui formulent une « directive anticipée » pour échapper à un long sommeil de jours, de semaines, ne permettant pas de finir sa vie en toute conscience, à la maison, près de ses proches, sans souffrances. Mais une part importante du corps médical, formaté, s’acharne trop souvent pour garder dans une vie artificielle (sommeil profond) les patients condamnés à mourir.
« La médecine est tellement performante que l’on peut aujourd’hui maintenir en vie des corps… Chacun devrait pouvoir choisir entre une aide active à mourir et des soins palliatifs », précise le professeur Touraine, député LERM ex-PS. Les derniers sondages IPSOS montrent que 90% des Français sont favorables à l’aide active à mourir.
« Il n’y a rien d’antagoniste à apprécier chaque instant de sa vie et vouloir mourir dans la dignité. »
De nombreux intervenants du débat ont interpelé le député Touraine, ne comprenant pas que son projet de loi, qui serait majoritairement soutenu par les parlementaires, ne soit pas inscrit à l’ordre du jour de l’assemblée.
Le député de la majorité était gêné pour apporter une réponse qui soit diplomatique vis-à-vis du président de la République et de la ministre de la santé, qui détiennent le pouvoir d’inscrire ce projet de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale.
Faut-il rappeler que 90% des projets de loi sont issus du gouvernement, 10% des parlementaires… sans pouvoir dans la république présidentielle.
Les groupes de pression (hiérarchie catholique, ordre des médecins…) sont actifs, aux dires du député.
En Belgique où la loi autorise l’assistance médicalisée à la mort, celle-ci ne concerne que 2,8 % des décès.
Au cours de la soirée, des phrases fortes ont été prononcées :
« forcer quelqu’un à vivre contre son gré c’est l’affront ultime »
« ce n’est pas le médecin qui tue le malade, c’est la maladie »
« Il faut entendre les humains »
« il ne s’agit pas de tuer mais de poser un geste d’amour »
* http://www.mortchoisie.org
** http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion0185.asp