Le syndicat des étudiants ubérisés… et de tous les salariés
Par Luc Renaud
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L’union départementale CGT a réuni son comité général en présence de Philippe Martinez, secrétaire général. Une journée de travail consacrée à une réflexion sur les enjeux internationaux et à son organisation territoriale.
« Il arrive que l’entreprise externalise des services des ateliers… le travail part à la sous-traitance, les salariés suivent, mais pas le syndicat. » Un autre constat, lui aussi énoncé par Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT : « le travail du dimanche, nous sommes contre; ce n’est pas une raison pour ne pas s’adresser aux salariés qui travaillent le dimanche ».
Le secrétaire général de la CGT participait aux travaux du comité général de l’union départementale de l’Isère, qui avait lieu au Pont-de-Claix le 20 juin dernier. Une journée de réflexion entre deux congrès, pour faire le point sur la situation des salariés et celle de l’organisation de la CGT en Isère.
Nicolas Benoît, secrétaire général de l’UD, notait ainsi l’ambition du syndicat de faire face aux évolutions toujours plus rapide du monde du travail. « Les formes du salariat se sont diversifiées non pas pour répondre aux aspirations des salariés, cela se saurait, mais pour satisfaire les exigences patronales : étudiants ubérisés, bureaux d’étude employant des travailleurs indépendants, salariés éloignés de leurs lieux de travail… en plus des contrats précaires que l’on connaît depuis longtemps et toujours en pleine explosion. »
Les travaux du comité général visaient donc à la définition de moyens pour assurer le lien avec les salariés dans la diversité de leurs statuts et conditions de vie. « Nous avons repensé notre organisation territoriale en définissant des territoires au sein desquels les unions locales travailleront ensemble sous l’égide d’une UL centre qui assurera la mutualisation des moyens, expliquait Nicolas Benoît, de façon à ce que les syndiqués soient plus en prise avec leur territoire : aujourd’hui, on habite souvent loin de son lieu de travail ».
Organisation, mais pas seulement. Une partie importante de la journée était consacrée aux interventions de Valentina Cappelletti, membre du secrétariat de la CGIL de Lombardie, Fernando Mauricio, du département international de la CGT Portugal et Michella Alborello, responsable du secteur international des Commissions ouvrières de Catalogne.
Échanges fructueux qui permettaient de mettre au jour les succès, comme celui des syndicats de ST Micro qui se sont organisés au niveau planétaire. « Il arrive qu’un salarié travaille en Inde en sous-traitance d’une entreprise américaine pour un client européen », notait Michella Alborello.
Mais aussi ce que sont les difficultés communes, par delà les différences importantes entre les niveaux de droit, de rémunération et de conditions de travail qui existent entre les pays. « Ce à quoi nous sommes tous confrontés dans le monde, c’est à une mise en cause des valeurs de solidarité dans un contexte où la patronat n’a jamais été aussi uni au niveau international », commentait Jean-Jacques Guigon, du secteur Europe/international du comité régional CGT Auvergne-Rhône-Alpes. Ce à quoi faisait écho l’appel vibrant lancé par Valentina Cappelletti de « ne rien lâcher, ne céder en rien sur l’antiracisme et l’antifascisme, la solidarité avec les migrants; y compris dans nos organisations », disait-elle en évoquant la situation italienne. Car si la CGT est le syndicat de la défense des intérêts matériels de tous les salariés, elle est aussi le syndicat de la solidarité sans laquelle la société reste démunie face à la loi du profit immédiat.
Une journée de travail en forme de point d’étape qui a permis aux cégétistes isérois de cerner priorités et nouveaux outils pour tendre à plus d’efficacité.