Jean Rabaté, la disparition d’un homme droit

Par Luc Renaud

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Le 13 mai dernier, à l'occasion du départ de Jean et Hélène en Corse, les communistes de Saint-Egrève et la rédaction du Travailleur alpin avaient organisé une réception au cours de laquelle une lithographie de l'exposition Bansky leur avait été offerte.
Jean Rabaté, ancien secrétaire général de l’Humanité et rédacteur au Travailleur alpin, s’est éteint le 5 novembre, à l’âge de 94 ans. Ses obsèques ont lieu ce 10 novembre à 11h30, à Ajaccio.

Jean Raba­té est mort des suites d’un can­cer dans cette Corse qu’il avait rejointe en mai der­nier, après avoir rési­dé quelques années à Saint-Egrève. Sa dis­pa­ri­tion a sus­ci­té une vive émo­tion par­mi ses anciens col­lègues de l’Humanité, les com­mu­nistes de Saint-Egrève et les rédac­teurs du Tra­vailleur alpin, jour­nal auquel il nous avait fait l’amitié – et l’honneur – de col­la­bo­rer pen­dant plu­sieurs années.

Jean Raba­té était un jour­na­liste. De ceux qui avaient com­men­cé à tra­vailler à l’usine, dans l’aéronautique en région pari­sienne pour ce qui le concerne. Il était né à Mos­cou, en juillet 1931, mais sa nais­sance est enre­gis­trée le 20 octobre 1931, à Paris : ses parents, Maria et Octave Raba­té, mili­tants du PCF, recher­chés par la police en ces moments de mon­tée du fas­cisme, avaient dû trou­ver un refuge pro­vi­soire en URSS. Parents ensuite résis­tants en Corse et à Paris qu’il ne retrou­va qu’en 1945 : de retour à Paris, Jean et sa sœur Claude furent héber­gés dans le Poi­tou chez une famille amie.

Des parents dans la résistance

Son père, membre de l’Internationale com­mu­niste, fut le repré­sen­tant de la CGT dans l’Internationale syn­di­cale rouge. Dépor­té, ce sera l’un des ani­ma­teurs de la résis­tance com­mu­niste à Mau­thau­sen. Il fut direc­teur de publi­ca­tion de l’Humanité à par­tir de 1957. Sa mère fut membre du Comi­té pari­sien de Libé­ra­tion puis dépu­tée de Paris, une des pre­mières femmes à l’assemblée, en 1947. Elle sera notam­ment à l’initiative de la loi inter­di­sant les expul­sions hiver­nales.

Jean Raba­té par­mi ses cama­rades.

Membre des Jeu­nesses com­mu­nistes, Jean Raba­té débu­ta sa car­rière de jour­na­liste à l’Avant-Garde, le jour­nal des JC. Il rejoint l’Humanité à la fin des années 1960, d’abord à la rubrique Luttes, puis exer­ça la res­pon­sa­bi­li­té, ô com­bien essen­tielle dans un quo­ti­dien, de secré­taire géné­ral de la rédac­tion. Sa dis­po­ni­bi­li­té, son empa­thie jamais prise en défaut, son sens minu­tieux de l’organisation lui per­mirent de lais­ser le sou­ve­nir d’un homme capable de gérer toutes les situa­tions d’urgence… et les carac­tères bien trem­pés de jour­na­listes dans un quo­ti­dien de peu de moyens.

Co-pilote de Jean-Claude Andruet

Le jour­na­lisme et la poli­tique n’étaient pas les seules pas­sions de Jean : il vibrait pour la course auto­mo­bile. Il nous avait confié une fier­té qu’il gar­dait par devers lui : le record, aujourd’hui encore ins­crit sur les tablettes, qu’il détient, comme co-pilote de Jean-Claude Andruet (deux fois cham­pion de France de ral­lye auto­mo­bile), d’une spé­ciale du ral­lye de Corse arri­vée à Boco­ga­no – le vil­lage dont son épouse Hélène est ori­gi­naire. C’était aus­si un skieur émé­rite.

De sa gen­tillesse et de sa très riche expé­rience, nous avons eu le pri­vi­lège de béné­fi­cier pen­dant plu­sieurs années. Jean a long­temps tenu la rubrique « His­toire sociale » du Tra­vailleur alpin. Il ne man­quait pas aus­si, à l’occasion, de pro­po­ser à nos lec­teurs de ces repor­tages qui marquent la vie d’un jour­nal, écrits d’une plume pré­cise et tru­cu­lente. Comme ce dos­sier écrit à l’occasion du cin­quan­tième anni­ver­saire des Jeux olym­piques de Gre­noble que Jean avait, en 1968, cou­verts pour l’Humanité avec Ber­nard Cla­vel, Abel Michéa, Roland Pas­se­vant et Paul Zil­ber­tin. Ou ces articles dans les­quels il ren­dait compte de la situa­tion et des luttes des tra­vailleurs sai­son­niers dans les sta­tions de ski.

Jean n’avait ces­sé d’être un mili­tant com­mu­niste. Lors des der­nières élec­tions légis­la­tives, en 2024, ses cama­rades de Saint-Egrève se sou­viennent de son inlas­sable acti­vi­té de col­leur d’affiches, de la clar­té et la finesse de ses inter­ven­tions et de ses ana­lyses, de la déter­mi­na­tion avec laquelle il défen­dait son point de vue.

Jean était un homme de convic­tions, pro­fon­dé­ment humain, d’une modes­tie à toute épreuve.

Ses obsèques ont lieu ce lun­di 10 novembre, à 11h30, au cré­ma­to­rium d’Ajaccio. Le Tra­vailleur alpin pré­sente à Hélène, sa com­pagne, à Fabien et Marianne, ses enfants, à Hélène, Rémy et Ange, ses petits-enfants, toutes ses condo­léances.

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