Propos du PDG de Safran : les communistes grenoblois taclent le centre et la droite
Par Manuel Pavard
/

« Notre industrie mérite mieux que des petites phrases électoralistes ! » Le titre du communiqué diffusé ce mardi 29 avril par les élus communistes grenoblois traduit leur dépit face à la polémique politico-médiatique en cours dans la capitale des Alpes. Les réactions locales s’enchaînent en effet depuis les propos tenus mi-avril par le PDG du groupe aéronautique Safran, à l’Assemblée nationale. Interrogé devant la commission d’enquête sur les freins à la réindustrialisation de la France, Olivier Andriès est revenu sur l’accueil que lui avaient fait des militants écologistes, début 2024, à Rennes. « Il n’est plus question d’investir dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste. Si c’est pour se faire accueillir par des tomates, je ne le ferai pas », a‑t-il lancé.

Sans surprise, cette sortie a fait parler à Grenoble, selon les cosignataires du communiqué, la première adjointe Isabelle Peters, le conseiller régional Éric Hours et le conseiller municipal Nicolas Beron-Perez. Première à s’exprimer, Laurence Ruffin, présidente de la Scop Alma et cheffe de file écologiste pour les municipales 2026, qui a « rappelé à juste titre », selon les militants PCF, le caractère abusif des propos de l’industriel. « Qu’un dirigeant d’entreprise — qui a une forme de pouvoir — se permette de dire de telles choses, cela pose un vrai problème démocratique », a‑t-elle souligné.

Plusieurs conseillers municipaux d’opposition ont alors répondu à Laurence Ruffin, précise le trio, citant « Romain Gentil (centre-gauche), Alain Carignon (droite extrême) et Émilie Chalas (macroniste) ». Des réactions qui ont naturellement choqué les communistes. Lesquels ne peuvent accepter, affirment-ils, que « des tenants locaux des différents courants néolibéraux se permettent de se poser en ‘défenseurs de l’industrie’ ».
« Où étaient les députés et ministres du centre et de la droite ? »
Les élus PCF ironisent en effet sur les actes et discours contradictoires de ces derniers, exemples à l’appui. « Où étaient les député·e·s du centre et de la droite lorsqu’il fallait signer pour que la nationalisation partielle de Vencorex vienne au Parlement ? Où étaient les ministres du centre et de la droite lorsque cette entreprise, essentielle pour toute une filière amont et aval, était en sursis et qu’il était encore temps d’agir ? », demandent-ils. De même, « où étaient les député·e·s et ministres du centre et de la droite, lorsqu’il s’agissait de sauver Photowatt, dernière usine français de fabrication de panneaux photovoltaïques ? »

Leur « seule politique industrielle » consistent à faire « des (gros) chèques d’argent public qui ne servent qu’à subventionner les dividendes », dénoncent Isabelle Peters, Éric Hours et Nicolas Beron-Perez. « Leur échec est flagrant, quand chaque jour la soi-disant main invisible du marché — les dirigeants à la solde d’actionnaires financiers sans vision en réalité – démantèle l’appareil de production du pays », ajoutent-ils.
Les communistes appellent donc à « un changement de cap, pour que la collectivité reprenne la main », expliquent les élus. Et ceux-ci de conclure : « Garantir une réelle souveraineté industrielle à notre pays passera par une planification impliquant puissance publique et salarié-es, garants d’un réel développement durable, à l’opposé des logiques financières court-termistes qui sont bien la cause du déclin industriel. » Un projet qui sera d’ailleurs au cœur de la journée de l’industrie organisée le 17 mai, à Grenoble, par la fédération PCF de l’Isère.