Frontonas. Soutien aux salariés de Setup Performance

Par Didier Gosselin

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Le géant BASF liquide l'entreprise Setup Performance à Frontonas. © Éric Lambert
Une délégation de communistes de Bourgoin-Jallieu s’est rendue, vendredi 21 mars, à Frontonas pour apporter son soutien aux salariés de Setup Performance. Cette entreprise de pointe dans le domaine de la chimie des polymères est en cours de liquidation par décision de son actionnaire, le géant allemand BASF.

L’entreprise Setup, experte en ser­vices R&D pour l’ensemble des acteurs du monde des matières plas­tiques, est liqui­dée par BASF sans qu’aucune solu­tion de reprise ne soit envi­sa­gée. Et sans que la Direc­tion régio­nale de l’é­co­no­mie, de l’emploi, du tra­vail et des soli­da­ri­tés (Dreets) ne s’y soit à prio­ri oppo­sée.

Selon un sala­rié de l’en­tre­prise, « les négo­cia­tions ont déjà eu lieu. Pour le reclas­se­ment des sala­riés, il a été obte­nu douze mois à 75 % du salaire pour les sala­riés de moins de 50 ans, et quinze mois à 75 % du salaire pour les plus de 50 ans », pour­suit-il. Avant de confir­mer la volon­té de BASF et ses action­naires de fer­mer Setup au motif que ses pro­fits ne sont pas assez éle­vés… Cela rejoint l’analyse des com­mu­nistes venus ce jour dis­tri­buer un tract de sou­tien aux sala­riés.

Fer­me­ture de Setup, un choix gui­dé par la seule ren­ta­bi­li­té finan­cière

Créée en 2006, la socié­té Setup a été rache­tée en 2018 par la mul­ti­na­tio­nale alle­mande BASF dans le cadre de son expan­sion dans le domaine de l’impression 3D. Aujourd’hui, le numé­ro un mon­dial de la chi­mie met en œuvre ses choix stra­té­giques annon­cés en sep­tembre 2024, à savoir un recen­trage sur ses acti­vi­tés prin­ci­pales dans la chi­mie, les maté­riaux, les solu­tions indus­trielles, la nutri­tion et la san­té.

Des acti­vi­tés dont le groupe alle­mand entend aug­men­ter la ren­ta­bi­li­té, y com­pris en délo­ca­li­sant ses pro­duc­tions. Ceci pour échap­per notam­ment à un coût éner­gé­tique deve­nu trop cher en Alle­magne, du fait de la guerre Rus­sie-Ukraine. « BASF pour­sui­vra des options de por­te­feuille actives là où s’ajoute de la valeur pour BASF et ses action­naires », décla­raient alors ses diri­geants, annon­çant ain­si des fer­me­tures d’entreprises.

Setup paye au prix fort la stra­té­gie de BASF visant à réduire ses coûts et atteindre son objec­tif de dis­tri­buer au moins 12 mil­liards d’euros aux action­naires entre 2025 et 2028. C’est clair, d’abord les pro­fits !

Sau­ver et déve­lop­per Setup, une ques­tion de volon­té poli­tique

Avec ses trente-quatre sala­riés, dont dix-huit ingé­nieurs et cadres, douze employés et tech­ni­ciens, quatre ouvriers, l’entreprise Setup détient un savoir-faire tech­no­lo­gique et inno­vant indé­niable, allant de la phase labo­ra­toire jusqu’à la réa­li­sa­tion de pro­duc­tion à façon de dif­fé­rents plas­tiques pour ses clients.

Les acqui­si­tions par BASF en 2018 de l’allemand Advanc3D, autre fabri­cant de maté­riaux d’impression 3D, puis en 2020 de la start-up fran­çaise Sculp­teo qui pro­pose des ser­vices d’impression 3D dans des sec­teurs aus­si divers que le desi­gn, l’aéronautique, le médi­cal ou la robo­tique, montrent que les besoins sont bien réels. Et donc que Setup a toute sa place dans ce sec­teur. Avec un chiffre d’affaires de 3,7 mil­lions en 2023 pour un béné­fice de 289 000 euros, cette der­nière s’af­firme d’ailleurs comme une entre­prise tout à fait viable.

Les pro­po­si­tions des com­mu­nistes

  • Un mora­toire sur les licen­cie­ments.
  • La trans­pa­rence sur l’ensemble des aides publiques reçues par les groupes qui sup­priment des emplois.
  • Consti­tu­tion dans les ter­ri­toires tou­chés par les fer­me­tures et les délo­ca­li­sa­tions de « comi­tés pour l’emploi », avec les repré­sen­tants des sala­riés du sec­teur pri­vé et du sec­teur public, des élus locaux, des comi­tés de défense des ser­vices publics, pour por­ter les pro­jets de déve­lop­pe­ment local et appuyer les luttes et les contre-pro­jets des sala­riés.

Les leviers pour une autre logique

  • Pré­lè­ve­ment sur les reve­nus finan­ciers des entre­prises (550 mil­liards d’eu­ros en 2023 !) pour les dis­sua­der de pla­cer leurs pro­fits sur les mar­chés finan­ciers et encou­ra­ger, à la place, les dépenses favo­rables à l’emploi, à la for­ma­tion et donc à la créa­tion de richesses.
  • Modu­la­tion des coti­sa­tions sociales pour péna­li­ser les entre­prises dont la masse sala­riale croît moins vite que la moyenne de leur sec­teur.
  • Modu­la­tion de l’impôt sur les socié­tés en fonc­tion du com­por­te­ment des entre­prises, au regard de cri­tères d’efficacité éco­no­mique, sociale et éco­lo­gique.
  • Nou­velle sélec­ti­vi­té du cré­dit ban­caire pour appuyer et rendre pos­sible cette nou­velle orien­ta­tion dans la ges­tion des entre­prises.

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