Frontonas. Soutien aux salariés de Setup Performance
Par Didier Gosselin
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L’entreprise Setup, experte en services R&D pour l’ensemble des acteurs du monde des matières plastiques, est liquidée par BASF sans qu’aucune solution de reprise ne soit envisagée. Et sans que la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) ne s’y soit à priori opposée.
Selon un salarié de l’entreprise, « les négociations ont déjà eu lieu. Pour le reclassement des salariés, il a été obtenu douze mois à 75 % du salaire pour les salariés de moins de 50 ans, et quinze mois à 75 % du salaire pour les plus de 50 ans », poursuit-il. Avant de confirmer la volonté de BASF et ses actionnaires de fermer Setup au motif que ses profits ne sont pas assez élevés… Cela rejoint l’analyse des communistes venus ce jour distribuer un tract de soutien aux salariés.
Fermeture de Setup, un choix guidé par la seule rentabilité financière
Créée en 2006, la société Setup a été rachetée en 2018 par la multinationale allemande BASF dans le cadre de son expansion dans le domaine de l’impression 3D. Aujourd’hui, le numéro un mondial de la chimie met en œuvre ses choix stratégiques annoncés en septembre 2024, à savoir un recentrage sur ses activités principales dans la chimie, les matériaux, les solutions industrielles, la nutrition et la santé.

Des activités dont le groupe allemand entend augmenter la rentabilité, y compris en délocalisant ses productions. Ceci pour échapper notamment à un coût énergétique devenu trop cher en Allemagne, du fait de la guerre Russie-Ukraine. « BASF poursuivra des options de portefeuille actives là où s’ajoute de la valeur pour BASF et ses actionnaires », déclaraient alors ses dirigeants, annonçant ainsi des fermetures d’entreprises.
Setup paye au prix fort la stratégie de BASF visant à réduire ses coûts et atteindre son objectif de distribuer au moins 12 milliards d’euros aux actionnaires entre 2025 et 2028. C’est clair, d’abord les profits !
Sauver et développer Setup, une question de volonté politique
Avec ses trente-quatre salariés, dont dix-huit ingénieurs et cadres, douze employés et techniciens, quatre ouvriers, l’entreprise Setup détient un savoir-faire technologique et innovant indéniable, allant de la phase laboratoire jusqu’à la réalisation de production à façon de différents plastiques pour ses clients.
Les acquisitions par BASF en 2018 de l’allemand Advanc3D, autre fabricant de matériaux d’impression 3D, puis en 2020 de la start-up française Sculpteo qui propose des services d’impression 3D dans des secteurs aussi divers que le design, l’aéronautique, le médical ou la robotique, montrent que les besoins sont bien réels. Et donc que Setup a toute sa place dans ce secteur. Avec un chiffre d’affaires de 3,7 millions en 2023 pour un bénéfice de 289 000 euros, cette dernière s’affirme d’ailleurs comme une entreprise tout à fait viable.
Les propositions des communistes
- Un moratoire sur les licenciements.
- La transparence sur l’ensemble des aides publiques reçues par les groupes qui suppriment des emplois.
- Constitution dans les territoires touchés par les fermetures et les délocalisations de « comités pour l’emploi », avec les représentants des salariés du secteur privé et du secteur public, des élus locaux, des comités de défense des services publics, pour porter les projets de développement local et appuyer les luttes et les contre-projets des salariés.
Les leviers pour une autre logique
- Prélèvement sur les revenus financiers des entreprises (550 milliards d’euros en 2023 !) pour les dissuader de placer leurs profits sur les marchés financiers et encourager, à la place, les dépenses favorables à l’emploi, à la formation et donc à la création de richesses.
- Modulation des cotisations sociales pour pénaliser les entreprises dont la masse salariale croît moins vite que la moyenne de leur secteur.
- Modulation de l’impôt sur les sociétés en fonction du comportement des entreprises, au regard de critères d’efficacité économique, sociale et écologique.
- Nouvelle sélectivité du crédit bancaire pour appuyer et rendre possible cette nouvelle orientation dans la gestion des entreprises.