La Rampe-Echirolles – Last Work. Une œuvre puissante

Par Régine Hausermann

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Les danseuses et danseurs de Last Work, chef-d’œuvre acclamé sur les scènes du monde entier.
Mardi 21 janvier 2025 – Le Hessisches Staatsballett est à La Rampe pour deux représentations de Last Work, création du célébrissime chorégraphe Ohad Naharin. Un évènement ! Créée en 2015 à Tel Aviv, l’œuvre continue sa carrière, reprise par de nombreuses compagnies internationales. Manifeste pour la vie !

Le rideau s’ouvre sur une femme en robe bleue, de pro­fil, en fond de scène. Elle court sans avan­cer, sur un tapis en mou­ve­ment. Elle cour­ra pen­dant l’heure que dure le spec­tacle, sans inter­ac­tion avec les danseur·ses qui entrent et sortent, chacun·e conser­vant son indi­vi­dua­li­té mais élé­ment du groupe. Selon la tech­nique « gaga » prô­née par Ohad Naha­rin, prio­ri­té à la liber­té d’expression. Le corps est tan­tôt pesant, jouant avec la den­si­té cor­po­relle. Tan­tôt il se contor­sionne, ondule, accé­lère, ralen­tit, sans sou­ci de faire beau. L’impression d’ensemble est celle d’une éner­gie explo­sive, d’une danse très contras­tée, dans des cos­tumes sobres aux cou­leurs douces.

© Gadi Dagon

La der­nière séquence sur­prend. Un homme astique une mitraillette tan­dis que les autres danseur·ses sont relié·es les un·es aux autres par un des leurs qui les relie à dis­tance au moyen d’un ruban adhé­sif brun. Lui-même finit par s’attacher avec les autres. Irrup­tion de la vio­lence mor­ti­fère qui inter­rompt tout mou­ve­ment et conduit à la mort.

Last Work peut alors se lire comme la pièce ultime, celle à laquelle on ne sur­vi­vra pas, qui rend compte de la tra­gé­die des hommes et des femmes de pays en guerre dont l’énergie est para­ly­sée, dont la liber­té est entra­vée, dont la vie est sacri­fiée. Mais l’énergie vitale indes­truc­tible, sym­bo­li­sée par la cou­reuse de fond en robe bleue et la puis­sance de la danse fait de Last Work un mani­feste en faveur de la paix, de la vie. Mal­gré tout !

© Gadi Dagon

Ohad Naha­rin est Israé­lien, né en 1952 au kib­boutz de Miz­ra. Après des études d’architecture inter­rom­pues par la guerre du Kip­pour en 1973, il se dirige vers la danse. À Haï­fa d’abord, puis à la Bat­she­va Dance Com­pa­ny de Tel Aviv. Il tra­vaille ensuite avec Mar­tha Gra­ham à New-York, avec Béjart à Lau­sanne… En 1990, Ohad Naha­rin retourne en Israël et prend la direc­tion de Bat­she­va Dance Com­pa­ny.

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