Maryvonne Mathéoud (à gauche) et le Dr Ollivrin, auteur de la postface, ont été interrogés par l’animatrice du débat, Marie Vachetta.

La médiathèque Paul-Eluard de Fontaine accueillait Maryvonne Mathéoud, ce samedi 19 octobre, dans le cadre de la Semaine d’information sur la santé mentale. La militante communiste et féministe, présidente de l’Association iséroise des amis des Kurdes (Aiak), venait débattre de son second livre, … et 100 fois se relever. Le « témoignage d’une bipolaire diagnostiquée à 55 ans ».

La rencontre, organisée ce samedi 19 octobre par la médiathèque Paul-Eluard de Fontaine, s’inscrivait dans la Semaine d’information sur la santé mentale, en partenariat avec le service santé de la ville. Une trentaine de personnes sont venues écouter les deux invités, Maryvonne Mathéoud et le Dr Nicolas Ollivrin, respectivement autrice et postfacier du livre … et 100 fois se relever (éditions Valeurs d’avenir).

La première est « Fontainoise et bien connue dans l’agglomération grenobloise pour [son] engagement militant envers les droits des femmes en particulier et envers les peuples opprimés en général », a rappelé Marie Vachetta, animatrice du débat. Avant de poursuivre : « Vous êtes à l’initiative de plusieurs associations militantes et vous écrivez pour le Travailleur alpin. »

Grenoble Veynes Lus-la-Croix-haute

Maryvonne Mathéoud a dédicacé ses deux livres.

« Mais si vous êtes là aujourd’hui, c’est pour nous parler de votre deuxième livre », a expliqué la bibliothécaire, s’adressant à Maryvonne Mathéoud. « Son titre évocateur, …et 100 fois se relever, énonce tout à fait ce que vous avez vécu toute votre vie. Il relate votre parcours de combattante face à un mal qui n’a été nommé que récemment, le trouble bipolaire. »

« Il faut apprendre à vivre avec la vie telle qu’elle est »

L’animatrice s’est ensuite tournée vers le médecin : « Dr Ollivrin, vous êtes psychiatre. C’est vous qui avez nommé le trouble dont souffre Maryvonne et qui l’accompagnez en psychothérapie. » Puis, elle a engagé le dialogue : « Maryvonne, vous avez écrit en exergue de votre livre une citation : “Vous ne pouvez pas arrêter les vagues mais vous pouvez apprendre à surfer”. Pourquoi ? »

Réponse de l’autrice : « Cette phrase, je l’ai faite mienne car ma maladie est là et je dois faire avec. Plus largement, je pense qu’il faut apprendre à vivre avec la vie telle qu’elle est : recevoir des coups, agir, militer, faire bouger les choses, (…) en sachant qu’on peut être auteur de sa vie. »

Elise Turon, directrice de la médiathèque, Maryvonne Mathéoud, le Dr Ollivrin et l’animatrice Marie Vachetta.

Tout le dialogue qui a suivi entre les deux invités, l’animatrice et la salle a porté sur la compréhension de ce trouble psychique. Et ce, grâce aux témoignages d’une personne énergique et déterminée et de son thérapeute.

Maryvonne Mathéoud a ainsi fait preuve, comme l’ont souligné de nombreux membres du public, d’une grande sincérité et d’un courage pour mettre à nu sa maladie, son expérience de vie. Ce vent de sincérité a conduit des intervenants à questionner le psychiatre en se livrant intimement, devant une assistance très attentive.

Grenoble Veynes SNCF

Une trentaine de personnes ont assisté à la rencontre, à la médiathèque Paul-Eluard.

L’animatrice a, elle, interrogé son invitée sur ses deux ouvrages (… et 100 fois se relever, mais aussi Une vie volée, publié en 2020) : « J’ai remarqué comme une rythmique qui suit les vagues que vous fait endurer la maladie. J’ai ressenti une accélération de votre écriture lors des phases maniaques. Puis un ralentissement lors des périodes dépressives. »

Maryvonne a pu confirmer la force indescriptible des vagues la faisant monter dans des phases maniaques jouissives et retomber brutalement dans des dépressions fracassantes.

Collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes

Maryvonne Mathéoud a décrit l’influence de la maladie sur son écriture.

Quant au Dr Ollivrin, celui-ci a apporté des précisions sur les diagnostics de la maladie, les accompagnements qui concernent l’environnement social, l’environnement familial et intime, les traitements médicaux. « L’accompagnement pour l’acceptation, pour ce trouble chronique particulièrement, est difficile, parce que cela ne se voit pas », a expliqué le psychiatre. « Ce n’est pas reconnu par l’entourage. On est face à soi-même et dedans. À reconnaître, c’est difficile ; à accepter, encore plus difficile. Il y a donc d’abord ce travail à faire. »

Il existe toutefois des programmes thérapeutiques et d’éducation sur la maladie, a indiqué le Dr Ollivrin. Malheureusement, a-t-il déploré, « on manque de psychiatres en France, de structures d’accueil pour les bipolaires. Psychothérapie, hygiène de vie, traitements médicamenteux sont complémentaires. »

Grenoble Veynes SNCF Lus-la-Croix-Haute

Le Dr Ollivrin, qui a diagnostiqué le trouble bipolaire de l’autrice, a écrit la postface de son livre.

De nombreuses idées fausses ont par ailleurs été balayées au cours de ces échanges. Ainsi, l’idée que la maladie soit génétiquement transmissible a été écartée par le praticien. D’après lui, le trouble bipolaire touche 1 à 2 % de la population, un enfant de bipolaire étant lui-même bipolaire dans 10 à 15 % des cas.

Après avoir remercié ses invités, l’animatrice a conclu la rencontre avec un message destiné à Maryvonne : « Merci pour la franchise et l’amour », lui a-t-elle lancé.

Grenoble veynes fanfare Trièves

La couverture du dernier livre de Maryvonne Mathéoud, publié en 2023.

Où trouver les livres de Maryvonne Mathéoud ?

Les deux livres écrits par Maryvonne Mathéoud, … et 100 fois se relever et Une vie volée, sont disponibles en prêt à la médiathèque de Fontaine. Ils sont également en vente à la librairie La nouvelle Dérive, à Grenoble (10 place Sainte-Claire).

A lire sur le même sujet

Retrouvez les dernières parutions de notre rubrique « Société »

Retrouvez les derniers dossiers de notre rubrique "Société"

« Des habitants sont venus nous demander des pétitions pour les faire circuler »

A Grenoble, pas moins de cinq bureaux de poste sur la sellette. Pour l’heure, ceux des Eaux claires et de Malherbe-Teisseire paraissent hors de danger. La fermeture de celui d’Alsace-Lorraine est annoncée. Stalingrad la Capuche et la Bajatière restent dans la ligne de mire du groupe La Poste. A Malherbe, la mobilisation de l’union de quartier a été décisive.

0 commentaire

Fête du TA. « Nous espérons bien nous poser là pour un nouveau cycle »

Une nouvelle équipe et des ambitions intactes. La fête du Travailleur alpin prend ses quartiers à Saint-Egrève, parc Marius Camet, devant l’hôtel de ville. Une édition 2024 qui retrouve l’herbe verte et les grands arbres avec une perspective, le centième anniversaire de sa création, en 1929. Entretien avec Adrien Guerre, son nouveau directeur.

0 commentaire

Le travail paysan, variable d’ajustement des marges de l’industrie et de la distribution

Vivre de son travail. D’un travail indispensable. C’est la revendication première des agriculteurs. Dans un pays où des millions de personnes n’ont pas accès à une nourriture saine en quantité nécessaire, c’est aujourd’hui un enjeu de société. Et plus des mutations incontournables liées au changement climatique et à la sauvegarde de la biodiversité.

0 commentaire

Pin It on Pinterest