A Domène, la gauche parlementaire veut construire la VIe République

Par Edouard Schoene

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Elsa Faucillon, députée communiste des Hauts-de-Seine.

A l’initiative de Jérémie Iordanoff, député de la 5e circonscription de l’Isère (EELV), se tenait une réunion publique à Domène, lundi 25 mars. L’affiche appelant à cette réunion portait pour titre « résoudre la crise démocratique ». Quatre députés étaient présents autour de l’invitant : Cyrielle Chatelain (EELV), Elsa Faucillon (PCF) , Raquel Garrido (LFI) et Boris Vallaud (PS).

Cette réunion (plu­sieurs autres du même type se sont tenues ou vont se tenir en France, fait écho aux tra­vaux que mène un inter­groupe par­le­men­taire de la Nupes, sur la  VIe Répu­blique, mis en place en avril 2023. Devant un audi­toire atten­tif d’une salle rem­plie (envi­ron deux cents per­sonnes), les cinq par­le­men­taires ont déve­lop­pé les rai­sons pour les­quelles iels tra­vaillent sur une réforme consti­tu­tion­nelle et des lois pour conqué­rir des avan­cées démo­cra­tiques. Tous ont sou­li­gné une grave crise ins­ti­tu­tion­nelle, sociale, poli­tique lourde de consé­quences et de risques en dénon­çant une « Ve Répu­blique à la dérive ».

Jéré­mie Ior­da­noff, membre de la com­mis­sion des lois, regrette que notre sys­tème par­le­men­taire, qui était long­temps un modèle, devient une excep­tion dans les sys­tèmes par­le­men­taires démo­cra­tiques avec une dérive auto­ri­taire. Il sou­ligne que les épi­sodes gilets jaunes ou lutte contre la loi retraites ont engen­dré une défiance crois­sante envers les ins­ti­tu­tions, les par­tis poli­tiques, la jus­tice, l’école.

Raquel Gar­ri­do déve­loppe un argu­men­taire pour la VIe Répu­blique en sou­li­gnant « qu’une consti­tu­tion ne peut être en déca­lage avec la socié­té. Or la Consti­tu­tion de 1958 (modi­fiée en 62 par l’élection du pré­sident au suf­frage uni­ver­sel) ne peut plus durer. Cela nous a sau­té à la figure lors du vote sur la retraite le 16 mars 2023 avec l’usage du 49.3 ». Puis elle déve­loppe la méthode à mettre en œuvre, notam­ment au regard de ce qu’elle a vu au Chi­li, pour mettre en œuvre un mou­ve­ment popu­laire pour une réforme consti­tu­tion­nelle.

Salle/

La salle de l’Es­ca­pade avait fait le plein.

Boris Val­laud, pré­sident du groupe PS à l’assemblée natio­nale sou­ligne à son tour que la consti­tu­tion est à bout de souffle. « Le Par­le­ment est une machine à tra­hir », pré­cise-t-il avec nombre d’exemples qui illus­trent son pro­pos. « Macron s’est moqué de son Par­le­ment, de son peuple, en confiant au Conseil consti­tu­tion­nel le soin de défaire une loi immi­gra­tion inique, ins­pi­rée de l’extrême droite. »

Elsa Fau­cillon sou­ligne que « le fil que nous tis­sons ici aujourd’hui est impor­tant pour construire l’avenir au-delà des élec­tions euro­péennes. Il y aura besoin pour 2027 d’une can­di­da­ture com­mune ». Elle se féli­cite du tra­vail enga­gé autour de l’intergroupe par­le­men­taire en sou­hai­tant que la dis­cus­sion sur la VIe Répu­blique prenne de l’ampleur popu­laire. « Une socié­té ne va pas bien quand ses membres n’ont pas de pou­voir. Macron c’est le pire de la Vè Répu­blique. » Elle insiste sur le fait que nos lois ins­ti­tu­tion­nelles sont inadap­tées à la sou­ve­rai­ne­té du peuple..

Dans son expo­sé elle sou­ligne avec force que « la VIe Répu­blique ne peut se réduire à un pou­voir plus grand du Par­le­ment ». Le nou­vel âge démo­cra­tique passe par celui de la démo­cra­tie dans les entre­prises, par un sta­tut juri­dique des grandes et très grandes entre­prises.

Iordanoff/

Jéré­mie Ior­dan­nof, dépu­té de la cin­quième cir­cons­crip­tion de l’I­sère.

Cyrielle Cha­te­lain déve­loppe un appel à un sur­saut démo­cra­tique pour sau­ver la pla­nète. Elle décrit avec per­ti­nence l’incompatibilité entre la démo­cra­tie et l’opacité de l’information, la dés­in­for­ma­tion en œuvre avec une presse inféo­dée au capi­tal. « Il faut par­ve­nir à une loi qui per­mette aux jour­na­listes de choi­sir leur rédac­teur en chef. » Puis elle déve­loppe la notion de « com­muns » (terre, eau…).

Un débat riche s’est mis en route à l’issue d’une pre­mière conclu­sion de Jéré­mie Ior­da­noff au cours de laquelle il a annon­cé une jour­née par­le­men­taire, le 4 avril, avec un pro­jet de loi sur la démo­cra­tie, qu’il défen­dra.

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