Grenoble citoyenne, la politique ouverte à tous
Par Luc Renaud
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François Aguste lors d’un rassemblement pour la défense du service public de la poste, à Grenoble.
Les sept mouvements associés pour l’élection de la liste d’Eric Piolle lors de la dernière élection municipale se retrouvent pour travailler dans un collectif, Grenoble citoyenne. François Auguste, qui y représente le PCF, nous décrit le fonctionnement et les raisons d’être de cette originalité de la politique à la grenobloise.
« Une alternative à la voiture en ville, c’est l’un des impératifs de notre époque. » Raison pour laquelle Grenoble citoyenne va développer, dans les mois qui viennent, une campagne de pétition pour mettre sur la table et obtenir la gratuité des transports en commun dans l’agglomération grenobloise ainsi que la création dans un horizon rapproché du « RER grenoblois » – une desserte cadencée des gares de l’Y grenoblois.
Ce réseau, ce collectif, c’est sans doute une particularité grenobloise. Il est constitué de sept mouvements politiques tout en étant ouvert à ceux qui souhaitent y travailler.
Après la victoire
A l’issue des élections, il avait pris le nom de Grenoble en commun, intitulé de la liste qui venait de l’emporter. « Après la prise de responsabilité des élus à la ville, il a fallu réfléchir à ce qu’allait devenir notre activité », indique François Auguste. Passer d’une campagne électorale à… autre chose, voilà qui n’est pas toujours chose aisée.
D’autant que cet « autre chose » ne répond pas aux mêmes aspirations dans tous les partis et mouvements politiques associés. « Entre un club de supporters de la nouvelle équipe municipale et un réseau qui travaille indépendamment de ce que font les élus de la majorité grenobloise, le champ des possibles est vaste. »
« Nous finissions par nous y perdre »
En 2020 et 2021, années de covid qui plus est, il a fallu se chercher avant de se trouver.
Se trouver, c’était le souhait émis par le parti communiste, mais aussi l’Association démocratie écologie solidarité (Ades) ou le mouvement Ensemble !. Une volonté d’aboutir qui s’est traduite lors de réunions fin 2021 et début 2022.
Ce qui a été décidé ? D’abord de mettre fin à une ambiguïté. « Le groupe majoritaire s’appelle Grenoble en commun, ce qui est logique puisque c’était l’intitulé de la liste candidate, explique François Auguste, notre réseau avait le même nom : nous finissions par nous y perdre. » Le collectif a donc décidé de prendre l’appellation de Grenoble citoyenne. Ce qui exprime un accord trouvé sur le rôle de chacun : Grenoble citoyenne est une structure autonome vis-à-vis du groupe d’élus dont la responsabilité est de diriger la ville de Grenoble.
Prises de position, analyses et action
Et à quoi sert Grenoble citoyenne ? « Nous sommes un réseau, un collectif qui soutient la majorité municipale tout en ayant une réflexion propre qui nous conduit à formuler des propositions, des analyses et qui, surtout, se tourne vers l’action », décrypte François Auguste. Et ce n’est pas un point de détail : « la victoire à l’élection municipale a été construite grâce à une dynamique citoyenne ; c’est cette dynamique que nous voulons chouchouter parce que nous y tenons, avec pour cela un outil, Grenoble citoyenne ».
En tant que représentant du PCF au sein du collectif, François Auguste a notamment proposé et obtenu que l’ensemble des mouvements associés prenne une position commune sur les difficultés budgétaires de la ville consécutives à l’étranglement des collectivités locales par les choix gouvernementaux : cela ne doit pas se traduire par une mise en cause des services publics locaux, conformément aux engagements pris devant les électeurs en 2020.
Analyse, aussi. « Nous avons commencé à travailler sur l’évaluation des dispositifs de démocratie participative – au nombre d’une vingtaine mis en place par la municipalité – et de leur fonctionnement .»
La bataille des transports
Prises de position, analyses, mais aussi action. Ainsi a été décidé le principe de la campagne de pétition en faveur de la gratuité des transports – les fins de semaine, dans un premier temps – et des investissements nécessaires au développement du transport ferroviaire, le RER grenoblois. Une exigence qui rejoint, dans les mêmes termes, celle de la convention citoyenne réunie par Grenoble Alpes métropole.
Cette campagne intervient dans le contexte du débat sur les modalités constitutives de la zone à faibles émissions (ZFE). « La caractéristique de notre réseau, c’est que chaque mouvement y conserve la liberté de ses orientations politiques, et ce que nous avons décidé sur les transports en est un bon exemple », commente François Auguste. Ce n’est un secret pour personne que les écologistes grenoblois souhaitent aller à marche forcée vers une ZFE contraignante tandis que le PCF souligne que nombre d’habitants, notamment dans les quartiers populaires, se verraient ainsi assignés à résidence, sans compter les difficultés pour ceux que le coût du logement a éloigné de l’agglomération et qui travaillent en ville.
Assumer et dépasser les divergences
« La lutte contre la pollution atmosphérique – elle est cause d’un nombre de décès insupportable – est une priorité que nous partageons tous ; nous nous sommes donc tous retrouvés sur une proposition formulée par le PCF depuis longtemps, celle de développer massivement les alternatives à la voiture que sont, entre autres, les transports en commun, des bus aux trains. » D’où la campagne qui va être conduite par Grenoble citoyenne en partenariat avec le collectif pour la gratuité des transports. Car ce n’est pas par plaisir que l’on prend sa voiture pour aller travailler dans le Grésivaudan quand on habite dans le Voironnais, en l’absence d’une desserte ferroviaire fonctionnelle.
« Au sein du collectif, nous affirmons nos positions, nos valeurs, nous communistes comme toutes les parties prenantes de Grenoble citoyenne, dans un débat contradictoire qui permet de dégager des consensus ; et c’est bien là ce qui fait la richesse et la nécessité de ce réseau. »