« 7 de Briançon ». La solidarité au banc des accusés à Grenoble
Par Edouard Schoene
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Près de cinq cents personnes se sont rerouvées devant le palais de justice de Grenoble pour manifester leur solidarité aux « 7 de Briançon ». (Photos Maryvonne Mathéoud)
Après une condamnation en première instance par le tribunal correctionnel de Gap, les « 7 de Briançon » étaient jugés en appel à Grenoble, le 27 mai. En cause, un délit de solidarité avec les migrants qui franchissent la frontière italienne. L’avocat général demande à la cour d’appel de prononcer des peines assorties de sursis.
En 2016 les premiers migrants essaient de passer d’Italie en France. La solidarité s’organise pour que nos montagnes ne deviennent pas des cimetières de migrants. le 21 avril 2018, le groupuscule d’extrême droite « génération identitaire » manifeste contre les exilés en bloquant la frontière, en toute illégalité. Le 22 avril se déroule une manifestation pacifiste contre l’occupation. Le soir, Eleonora, Bastien et Théo seront arrêtés et passeront dix jours en prison. En juillet, Lisa, Mathieu, Joan et Benoît sont placés en garde à vue.
Les sept sont poursuivis pour délit d’aide à l’entrée de personnes sur le territoire. Le procès, en novembre 2018 à Gap durera 17 h. Les prévenus sont condamnés par le tribunal judiciaire de Gap pour aide à entrée de migrants en situation illégale. Ils écopent de six mois avec sursis pour cinq d’entre eux et quatre mois ferme pour Juan et Mathieu. Ils font appel. De leur côté, condamnés à six mois de prison ferme en première instance à Gap, les militants de Génération identitaire sont relaxés en appel à Grenoble.
Ce 27 mai à Grenoble, Michel Rousseau, co président de « tous migrants » (Briançonnais) énonce des messages de solidarité. (militants de la Roya, militants belges,…).
Henry Masson, président de la CIMADE : « Ces hommes et ces femmes sont poursuivis pour avoir respectés l’article 1 de la déclaration des droits de l’homme qui nous impose d’agir les uns et les autres dans un esprit de fraternité. Qu’on ne s’y trompe pas, une République qui poursuit ses enfants par ce qu’ils ont cru à la devise sur le fronton de nos mairies, est une société malade. Une société qui ne sait pas accueillir dignement des personnes étrangères maltraitées dans leur pays, est une société malade. Nous devons remercier ces hommes et ces femmes qui entreront au procès. Ils, elles nous montrent le chemin. Courage à vous, Eleonora, Bastien, Théo, Lisa, Mathieu, Jean-Luc et Benoît comme à toutes celles et ceux qui poursuivent l’action de solidarité et sont poursuivis pour les mêmes motifs. »
La solidarité est un devoir pour tous
Philippe de Botton, président de Médecins du monde : « J’apporte notre soutien et reconnaissance aux maraudeurs poursuivis et condamnés en première instance. Médecins du Monde en partenariat avec « tous migrants » participe aux maraudes , la nuit pour protéger, hommes femmes et enfants qui viennent trouver refuge en France pour espérer une vie meilleure loin des conflits et des atrocités subies. Depuis septembre dernier, nous avons mis à l’abri 594 personnes (Briançon) dont 98 enfants. La santé est un droit fondamental bafoué à la frontière franco italienne. Ce refoulement aux frontières a des conséquences médicales catastrophiques, pouvant aller au décès. La solidarité est une notion universelle. C’est un devoir pour tous. Or c’est un délit. Notre devoir est d’accompagner les exilés. Les accusations sans fondements contre les sept n’empêcheront pas de poursuivre nos actions, indispensables. »
M. Damien Carême, ancien maire de Grande Synthe, Guillaume Gontard, sénateur ont pris la parole pour apporter leur soutien total au combat mené par les citoyens inculpés, accusant la responsabilité gouvernementale dans la répression contre les migrants et les militants de la solidarité. .
Plusieurs autres intervenants sont montés à la tribune avant qu’une partie artistique ne soit proposée aux manifestants.
A l’issue de l’audience, l’avocat général a requis une peine de trois mois de prison avec sursis pour six des prévenus, huit mois avec sursis probatoire, pour Mathieu Burelier. La décision mise en délibéré.
Le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard aux côtés de l’ancien maire de Grande-Synthe, Damien Carême.
Henry Masson, président de la CIMADE.
Des élus de l’agglomération aux côtés des manifestants.
Philippe de Botton, président de Médecins du monde.
Des représentants d’associations de solidarité italiennes sont venus témoigner de leur soutien aux prévenus.