L’aide à l’Arménie concerne les Isérois
Par Edouard Schoene
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A quelques jours du cessez-le-feu en république Artsakh (Haut-Karabakh), la maison de la culture arménienne de Grenoble avait invité quelques élus de l’Isère le 14 novembre pour un point presse. Le jour du cessez-le-feu, le 10 novembre, après 43 jours de guerre, l’armée de l’Azerbaïdjan a reconquis une partie du territoire Artsakh, désormais occupé.
Les dégâts humains et matériels sont considérables. 90 000 personnes ont dû fuir les territoires bombardés, notamment grâce aux armes perfectionnées fournies par la Turquie et Israël aux forces de l’Azerbaïdjan. Des violations du droit international ont été commises par l’usage de bombes au phosphore et bombes à fragmentations.
En Isère la communauté Arménienne est importante.Les Arméniens sont trois millions en Arménie, 150 000 en Artsakh (avant la guerre de 2020) et 5 000 000 dans le monde, dont 750 000 en France. Cette diaspora importante est consécutive au génocide des Arméniens dont la Turquie a été l’auteure et qu’elle se refuse obstinément à reconnaître.
M. Daniel Marandjian, président de la maison de la culture arménienne de Grenoble et du Dauphiné a introduit la rencontre, en présence de responsables de la maison. Il regrette le silence de la plupart des médias pendant le conflit, le silence complet de la communauté internationale, en dehors du président Macron. « Il aura fallu 4000 morts pour que la guerre cesse. Nous souhaitons que très rapidement l’Artsakh soit reconnue, par les Etats et les collectivités territoriales pour faire reculer le gouvernement. Nous avons besoin de beaucoup d’aides.Les routes sont jonchées de morts. L’Arménie étouffée par le blocus a beaucoup de difficultés à accueillir les réfugiés en pleine crise sanitaire. Nous craignons des destructions du patrimoine par les occupants azéris. Nous collectons des dons. Nous avons déjà envoyé 40 000€ en Arménie. »
Grégoire Atamian présente l’histoire de l’évolution de l’Arménie au cours des siècles et la carte au sortir de la guerre.
Éric Piolle, maire de Grenoble, au cours de son intervention en soutien aux Arméniens dit être très inquiet sur les conséquences planétaires et humanitaires du conflit. Il signale le vœu voté à l’unanimité au conseil municipal, la ville se situant dans le cadre de la loi de1994. Ce vœu du 2 novembre demandait « la création d’un fonds d’aide pour les populations, que pourront abonder ensuite les collectivités ». La ville de Grenoble est en contact avec la ville de Sevan en Arménie avec laquelle elle est liée par une convention de coopération.
Patrick Curtaud, conseiller départemental (Vienne) LR exprime sa colère. L’Azerbaïdjan a profité de la période des élections aux USA, pour engager la guerre dans l’indifférence internationale. Même des villes arméniennes ont été bombardées. « La France n’a pas fait grand-chose permettant à la Russie de faire ce qu’elle veut dans la région… » Heureusement, précise t il, les collectivités en Isère ont réagi. Ainsi Vienne, Grenoble, le conseil départemental. Il dénonce les difficultés apportées par le préfet de l’Isère qui a attaqué la ville de Vienne au tribunal administratif. Il souligne le risque du couloir territorial d’Azerbaïdjan créé en Arménie au moment du cessez-le-feu.
Nathalie Béranger, conseillère régionale (droite) LR rappelle le renforcement des liens de la région avec l’Arménie à travers les coopérations des conservatoires (Erevan), le soutien à l’Université Française d’Erevan, la francophonie, l’aménagement touristique. 100 000 € d’aide ont été votés en urgence.
Émilie Chalas, députée (LREM) tient un discours de soutien très affirmé aux populations d’Arménie et d’ Artsakh. « Le gouvernement turc d’Erdogan alimente en aide militaire, troupes djihadiste l’armée azerbaïjanaise. Le président Erdogan assume que l’Arménie doit disparaître. La Russie intervient en plaçant 2000 militaires pour avoir son influence sur le territoire. J’ai honte, l’occident devrait avoir honte devant le silence face aux exactions. » Cette position est très éloignée des réserves diplomatiques du président Macron et du ministère des Affaires étrangères. « Je suis outrée par les positions du ministère des Affaires étrangères ». Les explications sur la non reconnaissance par l’Assemblée nationale de l’ Artsakh ont été confuses.
M. Daniel Marandjian conclut. « Notre souhait est que les collectivités territoriales (municipalités, département, région) aident les populations en difficultés. »
Deux responsables arméniens, soulignent l’importance que l’assemblée nationale reconnaisse l’Artsakh et que la France , dans le groupe de Minsk, agisse enfin pour la résolution politique du conflit.