Grenoble. « Transformer la vie des gens »… Laurence Ruffin lance sa campagne
Par Manuel Pavard
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Cette fois, la machine des municipales 2026 est lancée. Un peu plus de trois semaines après avoir été désignée tête de liste de l’union de la gauche écologiste et citoyenne, Laurence Ruffin avait donné rendez-vous aux militants et sympathisants, ce mercredi 15 octobre, au Palais des sports, pour le lancement officiel de sa campagne grenobloise.

Après une fin d’après-midi consacrée aux animations sportives, ludiques et artistiques, les quelque trois cents personnes ayant répondu à l’appel — uniquement sur inscription — ont pu écouter les intervenants se succéder à la tribune. Avec un Éric Piolle ému pour ouvrir le bal. À quelques mois de la fin de son deuxième et dernier mandat, le maire de Grenoble s’est dit « heureux et fier de se mettre au service de cette équipe qui démarre ».
« Heureux et fier également de se mettre au service de Laurence [Ruffin] », a confié l’édile, les yeux rougis et la voix tremblante. Avant de faire l’éloge de celle à qui il entend « transmettre le flambeau ». Un passage de témoin qui relève, selon lui, de l’évidence : « Changer de tête de liste, c’est aussi une façon de prendre les choses différemment, d’amener des capacités nouvelles, des ruptures. »
« Une politique radicale pour Grenoble »
Éric Piolle a ensuite cédé le micro aux représentants des organisations associées sur la liste conduite par Laurence Ruffin. Trois militant-e‑s ont ainsi pris la parole à tour de rôle. D’abord Emeric Vibert pour le PCF. Le secrétaire de la section communiste de Grenoble a évoqué la « situation politique très incertaine » de la France, avec une droite menant « une politique de classe qui vise à dépouiller les salariés, mettre à mal l’État social, faire exploser les solidarités ». Le tout en « niant le climat, la jeunesse, les précaires ».

« Nous produisons les richesses dans les entreprises, dans les services publics et dans les associations, nous protégeons au quotidien le vivant et notre environnement », a‑t-il rappelé également. Dénonçant « le discours dominant sur la dette » et « l’austérité budgétaire », Emeric Vibert a appelé à une meilleure redistribution et à « une politique radicale pour Grenoble » à l’issue des municipales.
« Mandat de lutte » et « front commun »
« Le prochain mandat sera un nouveau mandat de lutte », a abondé Chloé Pantel, militante Génération.s. « L’action municipale devra plus que jamais être un appui pour résister et pour permettre aux Grenobloises et Grenoblois de vivre dignement, de se loger, de se déplacer, de se nourrir et de grandir. » Mais attention, a mis en garde l’adjointe du secteur 6, « le combat idéologique n’est pas gagné et les réactionnaires de droite et d’extrême droite sont bien présents ».
Face à ce danger, « faire front commun » devient un impératif, a souligné Marie Coiffard, co-secrétaire du groupe Les Écologistes à Grenoble. D’où les remerciements adressés aux « camarades insoumis unitaires qui, ces dernières semaines, ont pris le risque d’appeler à l’unité » — à l’image d’Émilie Marche ou d’Alan Confesson. Et la militante écologiste de garantir à ces derniers que « leur place est ici ».
L’adversaire, c’est la droite
Des discours formant un beau tremplin pour la tête de liste, et donc tête d’affiche de la soirée. Candidate innovante par bien des aspects — une femme, venue du monde coopératif -, Laurence Ruffin a toutefois inscrit sa trajectoire dans la riche histoire de la gauche grenobloise. Sans oublier de rendre hommage à son prédécesseur et à ses équipes, loués pour leur « politique extrêmement audacieuse, une politique d’écologie municipale avec de grosses ruptures ».

Éric Piolle dont elle a par ailleurs salué la décision de ne pas se présenter pour un troisième mandat. « C’est un geste fort, démocratique, ça nous oblige », a‑t-elle estimé. Laurence Ruffin est elle aussi revenue sur le contexte national « très difficile » : le succès aux législatives dénié, le plan d’austérité contenu dans le budget, « la régression sur tous les fronts » (logement, écologie, droits des étrangers)… Tout cela, a‑t-elle déploré, « abîme la démocratie et la confiance des citoyens dans la politique ».
« Des politiques avec les gens, pour améliorer leur vie »
Problème, « à Grenoble aussi, on a une droite qui ment, qui installe un climat de confusion et crée la discorde », a dénoncé la tête de liste, comme pour rappeler une évidence : l’adversaire, c’est la droite. Dans un tel contexte, il devient d’autant plus crucial de proposer un « projet désirable ». Car pour Laurence Ruffin, « la politique est là pour transformer la vie des gens ». Une intime conviction dont elle n’a jamais dévié.
Pourtant, celle qui est arrivée à Grenoble en 2003 et qui a été dirigeante de la Scop Alma pendant quinze ans, n’a jamais eu pour objectif de faire de la politique. Si elle a décidé de faire ce « pas de côté », c’est en partie car elle est convaincue de pouvoir appliquer — en l’adaptant bien sûr — à la tête d’une mairie son expérience acquise dans le mouvement coopératif, notamment sous sa casquette de vice-présidente de la Confédération générale des Scop.
Son moteur reste le même, répète-t-elle. À savoir « mettre en place des politiques avec les gens, pour améliorer leur vie ». Les changements qu’elle entend porter à la municipalité s’appuient largement sur « la coopération ». Laurence Ruffin est en effet une adepte du « faire avec », ce qu’elle espère par exemple mettre en pratique avec les agents de la ville ou dans la relation avec la Métropole.
« Que chacun se sente bien à Grenoble »
La candidate a d’ailleurs en tête plusieurs propositions à la fois novatrices et illustrant sa philosophie. Elle a notamment cité la possibilité d’organiser « des votes sur la politique municipale, à partir de 16 ans ». Et affiché son intention de s’inspirer des politiques de démocratie participative à l’œuvre dans des villes comme Bologne ou Fribourg.

L’objectif de Laurence Ruffin, ce qui guide sa candidature et guidera son action de future maire, espère-t-elle, c’est « que chacun se sente bien à Grenoble ». Et ce, dans « une ville antiraciste, une ville féministe, une ville solidaire ». Une belle conclusion, avant de conclure la soirée en musique, sur l’air de « Bella Ciao ».