Grenoble. Vaste opération anti-stup à Mistral, 400 policiers déployés

Par Manuel Pavard

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De gauche à droite : Béatrice Brun, directrice zonale de la police nationale sud-est, Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale, Étienne Manteaux, procureur de Grenoble et Catherine Séguin, préfète de l'Isère, lors du point presse organisé mercredi midi à l'hôtel de police.
Quelque quatre cents policiers ont investi le quartier Mistral dès l'aube, ce mercredi 15 octobre, dans le cadre d'une vaste opération contre le trafic de stupéfiants. Une soixantaine d'appartements au total ont été fouillés, dans un immeuble ciblé pour abriter un important point de deal. À ce stade - l'opération devant se poursuivre jusqu'au vendredi 17 octobre -, une dizaine de kilos de drogue ont été saisis.

L’o­pé­ra­tion est inédite à Gre­noble, tant par son ampleur que par les moyens mobi­li­sés, selon la police et le par­quet. Envi­ron 400 poli­ciers se sont déployés dès 6 heures du matin à Mis­tral, ce mer­cre­di 15 octobre, bou­clant tout le quar­tier et cou­pant tota­le­ment la cir­cu­la­tion sur l’a­ve­nue Rhin-et-Danube. Par­mi eux, « 85 enquê­teurs de police judi­ciaire, 300 effec­tifs de voie publique, deux com­pa­gnies de CRS en ren­fort, des ser­vices de la police aux fron­tières, des douanes et des agents de la pré­fec­ture », détaille la pré­fète de l’I­sère Cathe­rine Séguin.

« Une opé­ra­tion aty­pique car non atta­chée à un dos­sier par­ti­cu­lier », explique le pro­cu­reur de la Répu­blique de Gre­noble Étienne Man­teaux. Une enquête pré­li­mi­naire a ain­si été ouverte, en s’ap­puyant sur un constat : « L’im­meuble du 74 ave­nue Rhin-et-Danube était iden­ti­fié comme une place forte du deal mais on avait du mal à faire bou­ger les lignes », avoue le magis­trat. Car après chaque inter­ven­tion poli­cière, « le deal repre­nait ».

Vingt-quatre appartements vacants aux portes soudées

L’im­meuble a donc été spé­ci­fi­que­ment ciblé par les ser­vices de police judi­ciaire et admi­nis­tra­tive, qui ont tra­vaillé main dans la main. Sur les 64 appar­te­ments du bâti­ment, « le juge des liber­tés et de la déten­tion a auto­ri­sé des per­qui­si­tions dans 24 appar­te­ments ciblés comme étant en lien [NDLR : direct ou indi­rect] avec le nar­co­tra­fic », pré­cise le pro­cu­reur.

Après le pro­cu­reur de la Répu­blique Étienne Man­teaux, la pré­fète Cathe­rine Séguin a expli­qué les objec­tifs de l’É­tat.

Des véri­fi­ca­tions ont éga­le­ment été effec­tuées dans 24 autres appar­te­ments vacants, pour s’as­su­rer qu’ils ne soient pas occu­pés par des dea­lers. Mais là, sur­prise ! Les agents, qui s’at­ten­daient à trou­ver des lieux « nour­rice », découvrent « des portes sou­dées, scel­lées par les tra­fi­quants » dans les 24 loge­ments, raconte la pré­fète. « On a dû inter­ve­nir à la dis­queuse pour rou­vrir les portes », ajoute-t-elle. Pour Étienne Man­teaux, le but des dea­lers était de « neu­tra­li­ser les appar­te­ments » et ain­si évi­ter que des poli­ciers s’y ins­tallent en planque, par exemple.

Il res­tait 16 appar­te­ments — pour les­quels il n’exis­tait pas d’in­dices com­pro­met­tants — où des chiens de détec­tion sont allés reni­fler au pied des portes. « Les chiens n’ont mar­qué sur aucun de ces appar­te­ments et il a été deman­dé aux habi­tants de ces 16 loge­ments d’ac­cep­ter des per­qui­si­tions », indique le pro­cu­reur. Quinze d’entre eux y ont consen­ti, « ce qui nous a per­mis, à un appar­te­ment près, d’a­voir une vision exhaus­tive de la situa­tion dans cet immeuble », se féli­cite-t-il.

« La police entre dans tous les quartiers »

Bilan : entre mar­di soir — une inter­ven­tion avait déjà eu lieu la veille — et mer­cre­di midi, dix kilos de résine de can­na­bis et une cen­taine de pochons de cocaïne, can­na­bis et MDMA ont été sai­sis ain­si que 10 000 euros en liquide, une arme de caté­go­rie B et des muni­tions. Sans oublier quatre inter­pel­la­tions.

Mais pour Cathe­rine Séguin, l’o­pé­ra­tion visait éga­le­ment à adres­ser « plu­sieurs mes­sages : envoyer un signal aux habi­tants et se réap­pro­prier l’es­pace public. » Et la pré­fète de lan­cer : « Nous ne lâche­rons pas cet objec­tif de recon­quête répu­bli­caine. » Jérôme Chap­pa, direc­teur inter­dé­par­te­men­tal de la police natio­nale (DIPN), acquiesce : « On montre qu’il n’y a pas de zones de non-droit à Gre­noble et que la police entre dans tous les quar­tiers. »

L’o­pé­ra­tion, encore en cours ce mer­cre­di soir, doit se pro­lon­ger sur deux jours et demi, donc jus­qu’au ven­dre­di 17 octobre. Après une pre­mière phase ayant « ciblé un immeuble com­plet », au 74 ave­nue Rhin-et-Danube, avec 63 appar­te­ments visi­tés et fouillés, les forces de l’ordre vont dans un second temps, annonce la pré­fète, « élar­gir à d’autres sec­teurs du quar­tier Mis­tral ».

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