Grenoble. Vaste opération anti-stup à Mistral, 400 policiers déployés
Par Manuel Pavard
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L’opération est inédite à Grenoble, tant par son ampleur que par les moyens mobilisés, selon la police et le parquet. Environ 400 policiers se sont déployés dès 6 heures du matin à Mistral, ce mercredi 15 octobre, bouclant tout le quartier et coupant totalement la circulation sur l’avenue Rhin-et-Danube. Parmi eux, « 85 enquêteurs de police judiciaire, 300 effectifs de voie publique, deux compagnies de CRS en renfort, des services de la police aux frontières, des douanes et des agents de la préfecture », détaille la préfète de l’Isère Catherine Séguin.
« Une opération atypique car non attachée à un dossier particulier », explique le procureur de la République de Grenoble Étienne Manteaux. Une enquête préliminaire a ainsi été ouverte, en s’appuyant sur un constat : « L’immeuble du 74 avenue Rhin-et-Danube était identifié comme une place forte du deal mais on avait du mal à faire bouger les lignes », avoue le magistrat. Car après chaque intervention policière, « le deal reprenait ».
Vingt-quatre appartements vacants aux portes soudées
L’immeuble a donc été spécifiquement ciblé par les services de police judiciaire et administrative, qui ont travaillé main dans la main. Sur les 64 appartements du bâtiment, « le juge des libertés et de la détention a autorisé des perquisitions dans 24 appartements ciblés comme étant en lien [NDLR : direct ou indirect] avec le narcotrafic », précise le procureur.

Des vérifications ont également été effectuées dans 24 autres appartements vacants, pour s’assurer qu’ils ne soient pas occupés par des dealers. Mais là, surprise ! Les agents, qui s’attendaient à trouver des lieux « nourrice », découvrent « des portes soudées, scellées par les trafiquants » dans les 24 logements, raconte la préfète. « On a dû intervenir à la disqueuse pour rouvrir les portes », ajoute-t-elle. Pour Étienne Manteaux, le but des dealers était de « neutraliser les appartements » et ainsi éviter que des policiers s’y installent en planque, par exemple.
Il restait 16 appartements — pour lesquels il n’existait pas d’indices compromettants — où des chiens de détection sont allés renifler au pied des portes. « Les chiens n’ont marqué sur aucun de ces appartements et il a été demandé aux habitants de ces 16 logements d’accepter des perquisitions », indique le procureur. Quinze d’entre eux y ont consenti, « ce qui nous a permis, à un appartement près, d’avoir une vision exhaustive de la situation dans cet immeuble », se félicite-t-il.
« La police entre dans tous les quartiers »
Bilan : entre mardi soir — une intervention avait déjà eu lieu la veille — et mercredi midi, dix kilos de résine de cannabis et une centaine de pochons de cocaïne, cannabis et MDMA ont été saisis ainsi que 10 000 euros en liquide, une arme de catégorie B et des munitions. Sans oublier quatre interpellations.
Mais pour Catherine Séguin, l’opération visait également à adresser « plusieurs messages : envoyer un signal aux habitants et se réapproprier l’espace public. » Et la préfète de lancer : « Nous ne lâcherons pas cet objectif de reconquête républicaine. » Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN), acquiesce : « On montre qu’il n’y a pas de zones de non-droit à Grenoble et que la police entre dans tous les quartiers. »
L’opération, encore en cours ce mercredi soir, doit se prolonger sur deux jours et demi, donc jusqu’au vendredi 17 octobre. Après une première phase ayant « ciblé un immeuble complet », au 74 avenue Rhin-et-Danube, avec 63 appartements visités et fouillés, les forces de l’ordre vont dans un second temps, annonce la préfète, « élargir à d’autres secteurs du quartier Mistral ».