Un livre à lire pour mieux comprendre la question kurde au Moyen-Orient

Par Maryvonne Mathéoud

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Pascal Torre le 3 octobre, au siège du PCF Isère, rue Émile-Gueymard, où il était invité par AIAK à l'occasion de la parution prochaine de son nouvel ouvrage sur les Kurdes.
Pascal Torre, historien et co-président de France Kurdistan, était à Grenoble ce vendredi 3 octobre pour présenter son dernier livre, coécrit avec la juriste Roseline Beriwan Kisa, co-présidente de l'association, à l'invitation de l'Association iséroise des amis des Kurdes (AIAK).

C’est dans les locaux du Tra­vailleur alpin que Pas­cal Torre est venu pré­sen­ter Moyen-Orient : le souffle kurde (à paraître le 16 octobre, aux édi­tions Arcane 17). Un ouvrage qui cherche à four­nir des clés de com­pré­hen­sion de la situa­tion des Kurdes, dans une région en pleine muta­tion.

« Nous avons le sen­ti­ment que nous sommes entrés dans une nou­velle séquence de l’his­toire des Kurdes », confirme ain­si l’au­teur. « Des bou­le­ver­se­ments se pro­duisent dans tout le Moyen-Orient avec une nou­velle hié­rar­chie des puis­sances, la pré­gnance gran­dis­sante des ques­tions sociales, la mul­ti­pli­ca­tion de conflits comme la guerre à Gaza ou en Ukraine, l’é­lec­tion de Donald Trump. »

Pas­cal Torre évoque ensuite « la dia­lec­tique qui affecte l’en­semble des socié­tés du Moyen-Orient, mar­quées par le mou­ve­ment des Prin­temps arabes qui expriment un immense besoin d’ou­ver­ture et de démo­cra­tie » ain­si que « la per­sis­tance de régimes auto­ri­taires de plus en plus déca­lés avec la socié­té ».

« Une nouvelle séquence de l’histoire des Kurdes »

Dans ce contexte, « les socié­tés kurdes se sont pro­fon­dé­ment trans­for­mées, sou­ligne l’his­to­rien. Les luttes conduites par les orga­ni­sa­tions et notam­ment le PKK ont per­mis aux Kurdes de sor­tir de la mar­gi­na­li­té et de s’im­po­ser dans leurs espaces natio­naux et régio­naux. Confron­tés à de nou­velles formes de conflic­tua­li­té, ils ont dû reprendre le che­min de la guerre pour leur sur­vie. Cette situa­tion pousse les Kurdes à inno­ver, à chan­ger, à s’ou­vrir aux pro­blé­ma­tiques contem­po­raines sans jamais renon­cer à leur visée », explique-t-il.

« Moyen-Orient : le souffle kurde » paraî­tra le 16 octobre 2025 aux édi­tions Arcane 17.

Le livre de Pas­cal Torre et Rose­line Beri­wan Kisa est bâti autour de trois pôles. Un pre­mier tiers reprend les élé­ments de com­pré­hen­sion, sur la longue durée de l’his­toire. Il s’a­git d’une étape indis­pen­sable pour com­prendre la posi­tion des dif­fé­rents acteurs, de l’af­fai­blis­se­ment et de l’ef­fon­dre­ment de l’empire otto­man jus­qu’à l’é­mer­gence des États contem­po­rains que sont notam­ment la Tur­quie, l’I­ran, l’I­rak et la Syrie.

Le second tiers de l’ou­vrage innove par son approche thé­ma­tique. Les co-pré­si­dents de France Kur­dis­tan déclinent les dif­fé­rents angles de ce que l’on nomme sou­vent la « ques­tion kurde ».

  • Ce que veulent les Kurdes.
  • Uni­té et divi­sions du mou­ve­ment kurde.
  • Auto­no­mie.
  • Pro­jet poli­tique et expé­ri­men­ta­tions.
  • Les femmes kurdes.
  • L’É­tat isla­mique, avec un sous-cha­pitre sur les Yézi­dis.
  • Les anti-démo­cra­ties turque et ira­nienne (les pri­sons turques, la bar­ba­rie des condi­tions de déten­tion, le sort des femmes, la ques­tion des pri­son­niers malades, les longues peines, la déten­tion d’Ab­dul­lah Öca­lan…).
  • Les Kurdes en France.

Le der­nier tiers du livre est consa­cré aux évo­lu­tions contem­po­raines. Avec notam­ment une vue d’en­semble sur la Syrie : la chute de Bachar al Assad, les isla­mistes d’HTC au pou­voir, la vio­lence com­mu­nau­taire, la situa­tion des Kurdes, le moment turc, l’at­ti­tude des Etats-Unis et d’Is­raël, pas de paix sans recon­nais­sance des mino­ri­tés, le rôle de la France et de l’U­nion euro­péenne…

Alors que les conflits se mul­ti­plient, que la vio­lence à l’é­tat brut s’im­pose au Moyen-Orient, pour les orga­ni­sa­tions enga­gées dans la soli­da­ri­té avec les peuples pri­vés de leurs droits, une seule ques­tion est vrai­ment à l’ordre du jour : celle de la paix. En ce sens, l’ap­pel d’Ab­dul­lah Öca­lan à dis­soudre le PKK est un espoir de paix et de démo­cra­tie.

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