Grenoble. Émilie Marche suspendue par LFI : « des méthodes à la Uber »

Par Manuel Pavard

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Émilie Marche est choquée par la stratégie insoumise pour les municipales comme par la méthode employée pour lui annoncer sa suspension.
La sanction n'a pas traîné. La conseillère régionale Émilie Marche a été suspendue par la France insoumise, mercredi 1er octobre au soir, en réaction à son interview parue le matin même dans le Dauphiné libéré. Elle y affichait son incompréhension face au choix de LFI de présenter une liste autonome, conduite par Allan Brunon, pour les municipales à Grenoble, en concurrence avec Laurence Ruffin. Interrogée ce jeudi 2 octobre par le Travailleur alpin, l'élue assume ses propos, tout en fustigeant les méthodes du mouvement.

Pour­quoi avez-vous déci­dé de vous expri­mer publi­que­ment sur la déci­sion de la France insou­mise pour les muni­ci­pales ?

J’ai fait cette inter­view car j’ai tou­jours été pour l’u­nion de la gauche et des éco­lo­gistes, et je ne vois pas quelle rup­ture idéo­lo­gique jus­ti­fie­rait de pré­sen­ter une liste auto­nome à Gre­noble. En tant que res­pon­sable poli­tique et élue régio­nale, je suis cohé­rente et en accord avec mes idées, qui se retrouvent jus­te­ment dans la liste de Lau­rence Ruf­fin. Ça n’a pas de sens que la gauche se divise, d’au­tant qu’il y a un pré­cé­dent avec la Métro­pole… Ça sert à quoi, à part favo­ri­ser Cari­gnon ? L’é­lec­to­rat de gauche attend l’u­nion. Com­ment va-t-on l’ex­pli­quer aux Gre­no­blois ?

Com­ment avez-vous appris votre sus­pen­sion de la France insou­mise ?

L’in­ter­view pour le Dau­phi­né libé­ré est sor­tie en numé­rique à 9h30 (NDLR : mer­cre­di 1er octobre). Pour­tant, durant toute la jour­née, je n’ai reçu aucun mes­sage, aucun appel, venant de la direc­tion de la France insou­mise. Et le soir à 21h, en ren­trant chez moi, j’ai trou­vé un mail du comi­té de res­pect des prin­cipes m’an­non­çant ma sus­pen­sion au moins jus­qu’à la fin des muni­ci­pales 2026.

Émi­lie Marche aux côtés de Jean-Luc Mélen­chon, en 2021, à Fer­ro­pem… quatre ans avant d’être sus­pen­due par LFI.

Com­ment réagis­sez-vous à cette sanc­tion ?

Je prends acte de cette déci­sion et j’ap­pelle tout le monde à ne plus m’as­so­cier à la France insou­mise. Aujourd’­hui, je suis sim­ple­ment conseillère régio­nale, tou­jours membre cepen­dant du groupe insou­mis et com­mu­niste. Car mes idées et mes valeurs, elles, ne changent pas. Je reste une élue de gauche radi­cale.

La sus­pen­sion vous a‑t-elle sur­prise ?

Je connais quand même le sys­tème LFI et je sais qu’il y a eu des pré­cé­dents. Mais hon­nê­te­ment, je ne m’at­ten­dais pas à ne même pas rece­voir un mes­sage. Être sus­pen­due par mail, ce sont des méthodes « à la Uber » ! J’ai fait plu­sieurs piquets de grève devant des entre­prises qui licen­ciaient leurs sala­riés par visio ou par mail… Et aujourd’­hui, mon propre mou­ve­ment se com­porte de la même façon.

Com­ment voyez-vous la suite pour vous ?

Je tiens d’a­bord à mettre les points sur les « i », pour cou­per court à toute rumeur : je n’ai pas fait ces décla­ra­tions pour être can­di­date sur la liste de Lau­rence Ruf­fin à Gre­noble. À aucun moment, je n’ai pen­sé à ça. Je suis actuel­le­ment conseillère régio­nale et lut­ter contre la poli­tique de droite dure du pré­sident de région Fabrice Pan­ne­koucke — donc en réa­li­té celle de Laurent Wau­quiez — est un com­bat à plein temps.

Quelle leçon tirez-vous de cet épi­sode ? Si c’é­tait à refaire, vous redon­ne­riez cette inter­view ?

Oui, bien sûr. Le plus impor­tant, c’est de pou­voir tou­jours se regar­der dans une glace. Et là, au moins, je peux le faire. En plus, j’ai reçu de nom­breux mes­sages de sou­tien qui me récon­fortent et me confortent dans mon choix.

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