Silicium. L’usine des Clavaux est à l’arrêt

Par Luc Renaud

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Depuis le 29 septembre, les salariés sont au chômage partiel pour une période de trois mois.
Déjà menacée de fermeture en 2021, l’usine Ferroglobe de la basse vallée de la Romanche est à l’arrêt. Une décision du groupe américano-espagnol qui concerne l’ensemble de la production européenne alors que le groupe affiche une progression de ses résultats financiers. Ferroglobe entend ainsi obtenir des mesures de protection du marché européen face à la concurrence chinoise. En Isère, Savoie et dans l’Ain, 450 salariés sont concernés.

La pro­duc­tion de sili­cium en Europe est à l’arrêt. Par­mi les usines concer­nées, celle des Cla­vaux, en basse val­lée de la Romanche, ain­si que celles de Mon­tri­cher en Savoie et d’Anglefort, dans l’Ain. Ces trois uni­tés de pro­duc­tion dépendent de Fer­ro­globe, un groupe amé­ri­ca­no-espa­gnol qui a rache­té une par­tie de Pechi­ney élec­tro­mé­tal­lur­gie au groupe Alcan en 2005. Le site espa­gnol est éga­le­ment à l’arrêt.

Les 450 sala­riés de Fer­ro­globe France qui tra­vaillent à la pro­duc­tion en région Rhône-Alpes sont au chô­mage par­tiel depuis le 29 sep­tembre pour trois mois, période renou­ve­lable une fois. C’est dire que l’inquiétude est vive aux Cla­vaux, site qui emploie 150 sala­riés et autant d’emplois en sous-trai­tance ou en inté­rim. Le site avait déjà été mena­cé de fer­me­ture en 2021 et n’avait dû son salut qu’à une vive mobi­li­sa­tion de la val­lée et de ses élus.

Les besoins européens couverts à hauteur de 15 %

Pour jus­ti­fier cette déci­sion qui concerne l’ensemble de ses sites euro­péens, la direc­tion de Fer­ro­globe met en avant la concur­rence chi­noise. Les droits de douane amé­ri­cains auraient conduit la Chine à inon­der le mar­ché euro­péen du sili­cium à des prix très infé­rieurs aux coûts de pro­duc­tion euro­péens. Au pre­mier tri­mestre 2025, la pro­duc­tion fran­çaise ne cou­vrait plus que 15 % de ses besoins, contre 30 % en 2019.

L’alliance des pro­duc­teurs euro­péens de fer­ro-alliage a deman­dé fin 2024 aux Etats concer­nés – France, Espagne, Alle­magne, Pologne, Slo­va­quie – de sol­li­ci­ter des mesures de sau­ve­garde au niveau de l’Union euro­péenne. Ces mesures sont été prises pour le fer­ro-sili­cium et le man­ga­nèse, mais refu­sées, le 31 juillet der­nier, pour le sili­cium. Une ces­sa­tion de la pro­duc­tion en Europe lais­se­rait la Chine seule maî­tresse des prix du sili­cium au niveau mon­dial, les Etats-Unis pro­té­geant leur indus­trie tout comme l’Australie et le Cana­da. L’Union euro­péenne pour­rait réexa­mi­ner le dos­sier du sili­cium métal dans le cou­rant du mois de novembre.

Déclaré « critique et stratégique » par l’Union européenne

La pro­duc­tion de sili­cium est une indus­trie stra­té­gique, maté­riau décla­ré « cri­tique et stra­té­gique » par l’Union euro­péenne en 2023. Le sili­cium métal est prin­ci­pa­le­ment uti­li­sé dans les alliages d’aluminium – aéro­nau­tique, auto­mo­bile, fer­ro­viaire, arme­ment…–, les cel­lules pho­to­vol­taïques, et l’industrie chi­mique, notam­ment pour la pro­duc­tion de sili­cones.

Dans une décla­ra­tion du 24 sep­tembre, la fédé­ra­tion com­mu­niste de Savoie sou­ligne que cette déci­sion inter­vient « trois ans après un plan social qui a déjà dure­ment tou­ché le sala­riés de Fer­ro­pem et alors même que le groupe vient de publier des résul­tats finan­ciers en hausse (+ 26 % de chiffre d’affaires au deuxième tri­mestre 2025) » et un béné­fice de 22 mil­lions d’euros.

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