Guillaume Gontard épingle Yannick Neuder pour ses déplacements en Isère

Par Manuel Pavard

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Guillaume Gontard, sénateur de l'Isère, reproche à Yannick Neuder des déplacements en Isère que son poste de ministre de la Santé ne justifie pas systématiquement.
Le sénateur de l'Isère Guillaume Gontard épingle, dans un communiqué, le ministre de la Santé Yannick Neuder pour ses nombreux déplacements ministériels dans le département - au moins douze en huit mois. Le tout aux frais du contribuable. Une fréquence qui interpelle d'autant plus que ce dernier est aussi le député en titre de la 7e circonscription de l'Isère, mandat qu'il pourrait retrouver après le 8 septembre.

Le 20 jan­vier, le 13 février, le 13 mars, le 29 mars, le 4 avril, le 24 mai, les 14 et 21 juin, les 3, 12 et 19 juillet, et enfin, der­nier en date, le 28 août. « Il s’a­gi­ra donc, en moins de huit mois, du dou­zième dépla­ce­ment minis­té­riel de M. Neu­der en Isère », observe Guillaume Gon­tard, séna­teur de l’I­sère et pré­sident du groupe éco­lo­giste au Sénat, dans un com­mu­ni­qué publié jeu­di 28 août. Et ce, « sans comp­ter les mul­tiples mani­fes­ta­tions locales, sans rap­port avec la san­té, aux­quelles il a par­ti­ci­pé sans se dépar­tir de son sta­tut de ministre », ajoute-t-il.

Yan­nick Neu­der, ministre de la San­té, en visite à l’hô­pi­tal de Voi­ron le 29 mars 2025. DR

Dans le lot, cer­tains étaient plei­ne­ment jus­ti­fiés, à l’ins­tar du 29 mars à l’hô­pi­tal de Voi­ron ou du 4 avril au CHU Gre­noble Alpes. Deux éta­blis­se­ments où Yan­nick Neu­der est venu annon­cer des aides et inves­tis­se­ments d’en­ver­gure. D’autres visites semblent en revanche plus dis­cu­tables, par exemple le 24 mai pour une remise de diplômes et la pose de la pre­mière pierre d’un Ehpad ou le 3 juillet pour l’i­nau­gu­ra­tion d’un scan­ner et d’une rési­dence auto­no­mie seniors. « S’il se ren­dait aux mêmes inau­gu­ra­tions dans tous les dépar­te­ments fran­çais, il pas­se­rait sa vie en dépla­ce­ment », confie Guillaume Gon­tard, iro­nique, au Tra­vailleur alpin.

Certes, indique le séna­teur dans son com­mu­ni­qué, « nous pour­rions nous féli­ci­ter d’un tel inté­rêt du ministre de la San­té de France pour notre dépar­te­ment, où les enjeux d’accès aux soins ne manquent pas. Mal­heu­reu­se­ment, cela ne se tra­duit pas dans la poli­tique qu’il mène au quo­ti­dien sur ce sujet, ce der­nier s’étant par exemple oppo­sé à la régu­la­tion de l’ins­tal­la­tion des méde­cins et ayant défen­du de nou­velles coupes bud­gé­taires dans ce sec­teur déjà lar­ge­ment sous-doté », déplore-t-il.

« Du gas­pillage des deniers publics à la dis­tor­sion de concur­rence vis-à-vis de ses futurs adver­saires aux légis­la­tives, les pro­blé­ma­tiques sont nom­breuses. »

Guillaume Gon­tard, séna­teur de l’I­sère

Sans citer le terme, Guillaume Gon­tard reproche sur­tout à Yan­nick Neu­der une forme de clien­té­lisme. L’ac­tuel ministre de la San­té est en effet éga­le­ment dépu­té en titre de la 7e cir­cons­crip­tion de l’I­sère. Un « man­dat qu’il retrou­ve­ra sous peu quand Fran­çois Bay­rou échoue­ra le 8 sep­tembre, selon toute vrai­sem­blance, à obte­nir la confiance de l’Assemblée natio­nale », anti­cipe l’é­lu éco­lo­giste.

Yan­nick Neu­der au soir de sa réélec­tion, en juillet 2024, dans la 7e cir­cons­crip­tion de l’I­sère ; un man­dat de dépu­té qu’il pour­rait retrou­ver en cas de chute du gou­ver­ne­ment Bay­rou.

« Alors qu’une dis­so­lu­tion de l’Assemblée natio­nale – et donc une nou­velle cam­pagne légis­la­tive – n’est pas à exclure, la fré­quence des dépla­ce­ments de M. Neu­der, dont la charge finan­cière incombe aux contri­buables fran­çais, ne peut qu’interroger », pour­suit le séna­teur. Lequel cite de nom­breuses pro­blé­ma­tiques, « du gas­pillage des deniers publics à la dis­tor­sion de concur­rence vis-à-vis de ses futurs adver­saires aux légis­la­tives ».

Inter­ro­gé à ce sujet, Guillaume Gon­tard l’ad­met, « rien d’illé­gal » à tout cela. Mais sur le plan moral, c’est dif­fé­rent, comme il le sou­ligne en conclu­sion de son com­mu­ni­qué : « Dans cette période déli­cate de notre vie poli­tique, nous appe­lons l’ensemble des res­pon­sables poli­tiques à faire preuve de davan­tage de res­pon­sa­bi­li­té et de pro­bi­té pour ne pas aggra­ver la crise de notre démo­cra­tie repré­sen­ta­tive. »

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