Fontaine. « Palestine vivra »
Par Edouard Schoene
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En introduction, Elisa Martin s’indigne des agissements gouvernementaux et des attaques de la droite à l’assemblée nationale contre toute solidarité à l’égard des Palestiniens : Mathilde Panot, présidente du groupe LFI mise en examen, dissolution d’urgence Palestine, Rima Hassan, députée européenne, empêchée de s’exprimer… « Depuis des mois, toutes les semaines, nous posons au moins une question sur la question palestinienne. M. Barrot, ministre, ne reconnaît pas les instances juridiques internationales, n’a pas un mot pour les Palestiniens. M. Macron a annulé la rencontre aux USA où il devait annoncer la reconnaissance de la Palestine », s’insurge la députée de l’Isère, énonçant ensuite les revendications de LFI pour la paix au Moyen-Orient et la résolution des conflits sur ces territoires.
Pierre Stambul précise que son association, l’UJFP, est antisioniste, non pas « bien que juive » mais « parce que juive ». « Le sionisme est non seulement un crime contre le peuple palestinien mais une injure à notre histoire, notre identité. C’est une idéologie suicidaire pour les Juifs ; il ne pourra pas y avoir de paix avec le sionisme comme il n’y a pas eu de paix en Afrique du sud avec l’apartheid. »
Il a alors développé une série d’explications sur les mensonges proférés par les sionistes pour tromper la réalité colonialiste d’Israël. Citant Ben Gourion qui disait « Dieu n’existe pas mais il a donné ses terres aux Juifs », Pierre Stambul a démontré comment le sionisme a brouillé les cartes en dénonçant ceux qui défendent le droit international en Israël, les jugeant « antisémites ».

Anne Tuaillon rappelle quant à elle que tout n’a pas commencé avec le 7 octobre : « Jamais nous n’aurions pu imaginer, fin 2023, la violence qu’infligerait le pouvoir en place en Israël à Gaza. » Avant de souligner l’importance fondamentale de faire respecter le droit international : « L’apartheid est un des outils que s’est donné Israël dans sa visée de nettoyage ethnique, avec le crime de génocide. Il y a quelques jours des nettoyages ethniques ont eu lieu en Cisjordanie. Un député israélien a été expulsé du parlement. Hier soir j’ai vu une vidéo d’un incendie réalisé en Cisjordanie par des colons dans un village où ils ont assassiné quatre villageois, sous protection de l’armée israélienne. »
Des sanctions contre Israël
La présidente de l’AFPS a détaillé les informations sur la répression des Bédouins qui sont écartés de leurs terres. En quelques mois, près de 2000 d’entre eux ont été expulsés. Le tableau du désastre a été complété : « open bar pour l’armée israélienne pour détruire les camps de réfugiés : Jénine, Tulkarem… soit 45 000 expulsés. »
Anne Tuaillon a réclamé des sanctions contre Israël, en respect des accords UE-Israël et des résolutions de l’ONU. « Ce que nous faisons ne sert pas à rien. En quelques mois, il y a eu les décisions de la Cour pénale internationale qui a condamné des hommes (dont Netanyahu) et de la Cour internationale de justice (qui s’adresse aux Etats) qui a condamné par trois fois Israël. Il faut l’égalité des droits de tous ceux qui vivent en Israël. »
Les trois interventions ont été suivies d’un riche échange avec l’assistance.
- « Du projet sioniste au génocide », dernier ouvrage de Pierre Stambul

En marge du débat, Pierre Stambul a répondu au Travailleur alpin qui l’interrogeait à ce sujet : « Pourquoi demandez-vous un seul État, alors que nombre de citoyens réclament la reconnaissance de l’État de Palestine ? »
« Deux États ce n’est ni possible ni souhaitable, répond le co-président de l’UJFP. Pas possible de façon évidente. Qu’est-ce qu’on fait des 900 000 colons ? Pas souhaitable pour deux raisons fondamentales : d’abord parce que le peuple palestinien est un peuple de réfugiés. Les descendants des 800 000 palestiniens expulsés de façon préméditée en 1948 sont aujourd’hui 10 millions : 6 millions relevés sur la carte de l’UNWRA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, NDLR). La solution à deux États les ignore. Donc ce serait faire une paix qui ne concerne pas les principaux intéressés, ça n’a pas de sens ! »
« Il n’est pas possible de maintenir l’apartheid en Israël ! »
Pierre Stambul, coprésident de l’UJFP
Et Pierre Stambul de pouruivre : « La deuxième raison fondamentale : l’état juif doit disparaître », estime-t-il. « Non, il ne peut pas y avoir un État qui ne soit pas l’État de tous ces citoyens et donc la condition pour que les Juifs restent, c’est la fin de l’état juif, c’est la fin du sionisme, c’est le vivre ensemble dans l’égalité des droits. C’est exactement ce qui a fait que les blancs sud-africains sont restés, c’est la fin de l’apartheid. Il n’est pas possible de maintenir l’apartheid en Israël ! »
« La question de l’égalité des droits est fondamentale, c’est la première », conclut le militant. « Et le sionisme, dès le départ, est contre l’égalité des droits, il est pour un état ethnique. Il n’y aura pas de paix si on n’abroge pas le statut ethnique d’Israël. C’est une utopie, mais utopie pour utopie, c’est la seule que je vois aujourd’hui. »