Fontaine. « Palestine vivra »

Par Edouard Schoene

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La présidente de l'AFPS Anne Tuaillon au micro, aux côtés de la députée insoumise Elisa Martin et du co-président de l'UJFP Pierre Stambul.
Jeudi 26 juin, La France insoumise organisait sous la halle du marché Marcel-Cachin, à Fontaine, une rencontre intitulée « Palestine vivra ! Stop au génocide en Palestine ». Elisa Martin, députée LFI de la circonscription, Pierre Stambul, co-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), et Anne Tuaillon, présidente nationale de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), sont intervenus pour éclairer l’auditoire sur la situation et dégager des perspectives pour l’avenir.

En intro­duc­tion, Eli­sa Mar­tin s’indigne des agis­se­ments gou­ver­ne­men­taux et des attaques de la droite à l’assemblée natio­nale contre toute soli­da­ri­té à l’égard des Pales­ti­niens : Mathilde Panot, pré­si­dente du groupe LFI mise en exa­men, dis­so­lu­tion d’urgence Pales­tine, Rima Has­san, dépu­tée euro­péenne, empê­chée de s’exprimer… « Depuis des mois, toutes les semaines, nous posons au moins une ques­tion sur la ques­tion pales­ti­nienne. M. Bar­rot, ministre, ne recon­naît pas les ins­tances juri­diques inter­na­tio­nales, n’a pas un mot pour les Pales­ti­niens. M. Macron a annu­lé la ren­contre aux USA où il devait annon­cer la recon­nais­sance de la Pales­tine », s’in­surge la dépu­tée de l’I­sère, énon­çant ensuite les reven­di­ca­tions de LFI pour la paix au Moyen-Orient et la réso­lu­tion des conflits sur ces ter­ri­toires.

Pierre Stam­bul pré­cise que son asso­cia­tion, l’U­JFP, est anti­sio­niste, non pas « bien que juive » mais « parce que juive ». « Le sio­nisme est non seule­ment un crime contre le peuple pales­ti­nien mais une injure à notre his­toire, notre iden­ti­té. C’est une idéo­lo­gie sui­ci­daire pour les Juifs ; il ne pour­ra pas y avoir de paix avec le sio­nisme comme il n’y a pas eu de paix en Afrique du sud avec l’apartheid. »

Il a alors déve­lop­pé une série d’explications sur les men­songes pro­fé­rés par les sio­nistes pour trom­per la réa­li­té colo­nia­liste d’Israël. Citant Ben Gou­rion qui disait « Dieu n’existe pas mais il a don­né ses terres aux Juifs », Pierre Stam­bul a démon­tré com­ment le sio­nisme a brouillé les cartes en dénon­çant ceux qui défendent le droit inter­na­tio­nal en Israël, les jugeant « anti­sé­mites ».

Une assis­tance four­nie sous la halle du mar­ché Mar­cel-Cachin.

Anne Tuaillon rap­pelle quant à elle que tout n’a pas com­men­cé avec le 7 octobre : « Jamais nous n’aurions pu ima­gi­ner, fin 2023, la vio­lence qu’infligerait le pou­voir en place en Israël à Gaza. » Avant de sou­li­gner l’importance fon­da­men­tale de faire res­pec­ter le droit inter­na­tio­nal : « L’apartheid est un des outils que s’est don­né Israël dans sa visée de net­toyage eth­nique, avec le crime de géno­cide. Il y a quelques jours des net­toyages eth­niques ont eu lieu en Cis­jor­da­nie. Un dépu­té israé­lien a été expul­sé du par­le­ment. Hier soir j’ai vu une vidéo d’un incen­die réa­li­sé en Cis­jor­da­nie par des colons dans un vil­lage où ils ont assas­si­né quatre vil­la­geois, sous pro­tec­tion de l’armée israé­lienne. »

Des sanctions contre Israël

La pré­si­dente de l’AFPS a détaillé les infor­ma­tions sur la répres­sion des Bédouins qui sont écar­tés de leurs terres. En quelques mois, près de 2000 d’entre eux ont été expul­sés. Le tableau du désastre a été com­plé­té : « open bar pour l’armée israé­lienne pour détruire les camps de réfu­giés : Jénine, Tul­ka­rem… soit 45 000 expul­sés. »

Anne Tuaillon a récla­mé des sanc­tions contre Israël, en res­pect des accords UE-Israël et des réso­lu­tions de l’ONU. « Ce que nous fai­sons ne sert pas à rien. En quelques mois, il y a eu les déci­sions de la Cour pénale inter­na­tio­nale qui a condam­né des hommes (dont Neta­nya­hu) et de la Cour inter­na­tio­nale de jus­tice (qui s’adresse aux Etats) qui a condam­né par trois fois Israël. Il faut l’é­ga­li­té des droits de tous ceux qui vivent en Israël. »

Les trois inter­ven­tions ont été sui­vies d’un riche échange avec l’assistance.

Pierre Stam­bul (UJFP).

En marge du débat, Pierre Stam­bul a répon­du au Tra­vailleur alpin qui l’in­ter­ro­geait à ce sujet : « Pour­quoi deman­dez-vous un seul État, alors que nombre de citoyens réclament la recon­nais­sance de l’État de Pales­tine ? »

« Deux États ce n’est ni pos­sible ni sou­hai­table, répond le co-pré­sident de l’U­JFP. Pas pos­sible de façon évi­dente. Qu’est-ce qu’on fait des 900 000 colons ? Pas sou­hai­table pour deux rai­sons fon­da­men­tales : d’a­bord parce que le peuple pales­ti­nien est un peuple de réfu­giés. Les des­cen­dants des 800 000 pales­ti­niens expul­sés de façon pré­mé­di­tée en 1948 sont aujourd’­hui 10 mil­lions : 6 mil­lions rele­vés sur la carte de l’UN­WRA (Office de secours et de tra­vaux des Nations unies pour les réfu­giés de Pales­tine dans le Proche-Orient, NDLR). La solu­tion à deux États les ignore. Donc ce serait faire une paix qui ne concerne pas les prin­ci­paux inté­res­sés, ça n’a pas de sens ! »

« Il n’est pas pos­sible de main­te­nir l’a­par­theid en Israël ! »

Pierre Stam­bul, copré­sident de l’U­JFP

Et Pierre Stam­bul de pou­ruivre : « La deuxième rai­son fon­da­men­tale :  l’é­tat juif doit dis­pa­raître », estime-t-il. « Non, il ne peut pas y avoir un État qui ne soit pas l’É­tat de tous ces citoyens et donc la condi­tion pour que les Juifs res­tent, c’est la fin de l’é­tat juif, c’est la fin du sio­nisme, c’est le vivre ensemble dans l’é­ga­li­té des droits. C’est exac­te­ment ce qui a fait que les blancs sud-afri­cains sont res­tés, c’est la fin de l’a­par­theid. Il n’est pas pos­sible de main­te­nir l’a­par­theid en Israël ! »

« La ques­tion de l’é­ga­li­té des droits est fon­da­men­tale, c’est la pre­mière », conclut le mili­tant. « Et le sio­nisme, dès le départ, est contre l’é­ga­li­té des droits, il est pour un état eth­nique. Il n’y aura pas de paix si on n’abroge pas le sta­tut eth­nique d’Israël. C’est une uto­pie, mais uto­pie pour uto­pie, c’est la seule que je vois aujourd’­hui. »

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