Grenoble. Après l’extension de la guerre en Iran, « ni Khamenei ni Netanyahou ! »

Par Edouard Schoene

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Les manifestants affichaient clairement leur refus de choisir entre l'extrême droite au pouvoir en Israël et le régime des mollahs de la République islamique.
Mardi 24 juin se tenait un rassemblement à Grenoble, rue Félix-Poulat, à l’appel d’Amnesty International, pour crier « halte à la guerre, cessez-le-feu au Moyen-Orient ». Plusieurs organisations s’étaient jointes pour appeler à la solidarité avec les populations civiles : LDH Iran, Cisem, Mouvement de la paix, Cercle laïque, Iran Solidarité, AIAK. Et ce, au moment où entrait en vigueur le cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, instaurant une trêve très fragile sur le terrain.

Pre­mière à inter­ve­nir, Zoh­reh Bahar­mast (LDH Iran) a condam­né vive­ment les bom­bar­de­ments contre l’Iran. Les­quels ont pour prin­ci­pales vic­times les Ira­niens : « L’I­ran brûle sous les bombes ! Le gou­ver­ne­ment ira­no­phobe d’Is­raël qui, depuis trente ans, inculque à sa popu­la­tion et ses sou­tiens occi­den­taux l’im­mi­nence d’une frappe nucléaire ira­nienne, a frap­pé ! »

Zoh­reh Bahar­mast (LDH Iran) a pro­non­cé un dis­cours cin­glant.

Et la mili­tante de pour­suivre : « Com­ment faire pour détour­ner les yeux du monde rivés sur l’é­li­mi­na­tion volon­taire de la popu­la­tion civile à Gaza depuis l’acte bar­bare de 7 octobre 2023 ? Com­ment faire oublier les enfants morts sous les bombes de soi-disant le seul pays démo­cra­tique de la région ? Le pays qui n’hé­site pas à empê­cher l’ar­ri­vée de l’aide huma­ni­taire et qui laisse mou­rir de faim les plus faibles et les plus fra­giles. Le bou­cher de Gaza doit trou­ver une solu­tion, détour­ner les regards du Gaza détruit et meur­tri par plus de 55 000 morts,  par manque de la nour­ri­ture, de médi­ca­ments, par la des­truc­tion totale des infra­struc­tures et même par le dan­ger de mort qu’il fait encou­rir aux otages. Il fal­lait aus­si empê­cher la recon­nais­sance éven­tuelle de l’é­tat pales­ti­nien par la France et d’autres pays. Quoi de mieux qu’une autre agres­sion ? »

Zoh­reh Bahar­mast.

Zoh­reh Bahar­mast rap­pelle une évi­dence : l’en­ne­mi de mon enne­mi n’est pas for­cé­ment mon ami. « Que le régime  de la Répu­blique isla­mique soit dic­ta­to­rial, théo­cra­tique, répres­sif, cri­mi­nel et hon­ni par au moins 80 % de sa popu­la­tion, peu de per­sonnes en doutent », rap­pelle-t-elle. Et pour­tant… « Que l’as­sas­si­nat de quelques chefs mili­taires du régime n’at­triste pas par­ti­cu­liè­re­ment les ira­niens, ce n’est pas une rai­son d’at­ta­quer un pays sou­ve­rain. Qui lui a deman­dé de se sub­sti­tuer au peuple ira­nien pour se débar­ras­ser du régime cri­mi­nel des Aya­tol­lahs. Depuis quand une guerre d’a­gres­sion est dans l’in­té­rêt du pays agres­sé. Depuis quand la vio­la­tion fla­grante du droit inter­na­tio­nal peut garan­tir l’ordre et la démo­cra­tie ? »

Les mani­fes­tants se sont ras­sem­blés sur la place Félix-Pou­lat.

Joël Nico­las, d’Amnes­ty Inter­na­tio­nal, a récla­mé quant à lui dans son inter­ven­tion le ces­sez-le-feu immé­diat et per­ma­nent (NDLR : un ces­sez-le-feu est entré en vigueur le jour même, mar­di 24 juin). Citant Agnès Cal­la­mard, secré­taire géné­rale d’Amnesty Inter­na­tio­nal, il a exi­gé la  pro­tec­tion des civil·e·s face à l’escalade sans pré­cé­dent des hos­ti­li­tés entre Israël et l’Iran.

« Alors que de plus en plus de civil·e·s subissent les consé­quences cruelles de la ter­ri­fiante esca­lade mili­taire entre l’Iran et Israël depuis le 13 juin 2025, et face à la menace d’une nou­velle inten­si­fi­ca­tion du conflit, Amnes­ty Inter­na­tio­nal exhorte les auto­ri­tés israé­liennes et ira­niennes à res­pec­ter l’obligation de pro­té­ger les civil·e·s, qui leur incombe en ver­tu du droit inter­na­tio­nal huma­ni­taire. Le 16 juin, un porte-parole du gou­ver­ne­ment ira­nien a indi­qué que les attaques israé­liennes avaient tué au moins 224 per­sonnes, dont 74 femmes et enfants, sans pré­ci­ser com­bien d’entre elles étaient des civil·e·s. Le minis­tère de la San­té a éga­le­ment indi­qué que 1 800 per­sonnes avaient été bles­sées. »

Joël Nico­las, mili­tant d’Am­nes­ty Inter­na­tio­nal.

S’ex­pri­mant au nom d’Iran Soli­da­ri­té, Zoya Danesh­rad a, elle, condam­né avec vigueur Neta­nya­hou qui ose se pré­sen­ter comme sau­veur des Ira­niens ! Elle a fus­ti­gé les diri­geants israé­liens et éta­su­niens, qui se per­mettent de deman­der aux popu­la­tions fuyant les bombes de ren­ver­ser le pou­voir ira­nien. Ces bombes, a‑t-elle pré­ci­sé, ont eu pour consé­quences de très nom­breuses vic­times civiles. Mais éga­le­ment l’arrêt de mou­ve­ments reven­di­ca­tifs quo­ti­diens qui met­taient en dif­fi­cul­té le pou­voir auto­cra­tique.

Zoya Danesh­rad (Iran Soli­da­ri­té) a elle aus­si condam­né la poli­tique des alliés Neta­nya­hou et Trump.

« On ne libère pas un peuple par les bombes », a scan­dé Zoya Danesh­rad sous les applau­dis­se­ments. Ont pris ensuite la parole Rose­line Vachet­ta, pour la CISEM, un repré­sen­tant du NPA — L’Anticapitaliste, puis Jean-Paul Vienne (Mou­ve­ment de la paix) qui a insis­té sur l’urgence de la démi­li­ta­ri­sa­tion nucléaire.

Dénon­cer les bom­bar­de­ments israé­liens tout en étant soli­daires des vic­times de la répres­sion en Iran.

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