STMicro. La CGT s’oppose de nouveau au financement de l’armement d’Israël

Par Manuel Pavard

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Nadia Salhi, déléguée syndicale CGT ST France, lors d'une action conjointe avec Urgence Palestine devant le site de Crolles, le 10 avril, contre la collaboration avec le secteur de la défense israélienne. © Pierre-Jean Crespeau
La CGT a adressé ce mardi 3 juin une nouvelle lettre ouverte à la direction de STMicroelectronics, lui demandant de cesser toute collaboration avec l'État d'Israël. Le syndicat réclame plus particulièrement le retrait d'Amundi de l'appel d'offres pour la gestion de l'épargne salariale chez ST, alors que cette filiale du Crédit agricole investit dans une entreprise israélienne produisant des armes et munitions utilisées à Gaza.

La lettre ouverte, datée du mar­di 3 juin, est adres­sée à Jean-Marc Che­ruy, PDG de STMi­croe­lec­tro­nics, et à Fré­dé­rique Le Gre­vès, pré­si­dente de STMi­croe­lec­tro­nics France. Une nou­velle sol­li­ci­ta­tion de la part de la CGT, après un pre­mier cour­rier envoyé en juin 2024, et un ras­sem­ble­ment orga­ni­sé le 10 avril der­nier devant le site de Crolles, dans le cadre d’une action conjointe avec Urgence Pales­tine. Objec­tif : inter­pel­ler la direc­tion du groupe fran­co-ita­lien sur son par­te­na­riat indus­triel et tech­no­lo­gique noué avec Israël — ini­tia­le­ment via l’ou­ver­ture de centres de R&D et d’in­no­va­tion ou l’as­so­cia­tion avec des uni­ver­si­tés.

Le syn­di­cat recen­sait trois points prin­ci­paux à l’o­ri­gine. Par­mi ces demandes, « sus­pendre immé­dia­te­ment toute col­la­bo­ra­tion avec les entre­prises du sec­teur de la défense israé­lienne, y com­pris hors arme­ment, tant que les droits du peuple pales­ti­nien ne seront pas com­plè­te­ment res­pec­tés ». Mais aus­si « rendre public (…) l’ensemble des par­te­na­riats en cours avec des enti­tés israé­liennes ». Et enfin « s’en­ga­ger for­mel­le­ment à ne plus tra­vailler avec des inter­mé­diaires com­mer­ciaux qui per­mettent à des États cri­mi­nels de se pro­cu­rer des com­po­sants STMi­croe­lec­tro­nics et de contour­ner les embar­gos ».

Ras­sem­ble­ment de la CGT et Urgence Pales­tine, le 10 avril 2025, devant l’u­sine ST de Crolles. © CGT STMi­croe­lec­tro­nics Crolles

Si le fabri­cant de semi-conduc­teurs s’é­tait défen­du de tout usage détour­né de ses pro­duits, sa réponse est loin d’a­voir satis­fait la CGT. Selon ses recherches en effet, « les rela­tions entre STMi­croe­lec­tro­nics et Israël ne concer­naient pas seule­ment les fonc­tion­na­li­tés civiles, mais éga­le­ment le sec­teur de la défense ». Et de citer un accord conclu en 2021 « avec Tower Semi­con­duc­tor, fon­deur israé­lien de mul­tiples sec­teurs dont la défense, lui don­nant accès pour ses propres pro­duits à une par­tie de la capa­ci­té de pro­duc­tion de l’usine ST Agrate 300mm en Ita­lie ». De plus, pour­suit-elle, « ST-Up aide des start-up israé­liennes à se déve­lop­per, telles par exemple infi­ni­Dome (GPS pour drone) ou Lid­wave (car­to­gra­phie 4D en temps réel), dont leurs tech­no­lo­gies sont uti­li­sées par l’armée israé­lienne ».

STMicroelectronics « directement ou indirectement complice de génocide »

La CGT évoque sur­tout un nou­vel élé­ment récent témoi­gnant du sou­tien de l’en­tre­prise à Israël. STMi­croe­lec­tro­nics a ain­si « pro­po­sé que l’é­pargne sala­riale des sala­riés soit gérée par BNP Pari­bas ou Amun­di (filiale du Cré­dit agri­cole) alors que ces éta­blis­se­ments inves­tissent dans Elbit Sys­tems, entre­prise israé­lienne pro­dui­sant des armes et muni­tions uti­li­sées à Gaza ». Or, mal­gré la demande en ce sens de la CGT, la direc­tion a refu­sé d’é­car­ter les socié­tés can­di­dates, Amun­di étant même tou­jours dans la course et convo­quée à une seconde réunion pré­vue mar­di 3 juin.

Le syn­di­cat est pour­tant for­mel : « Nous refu­sons de confier l’épargne des sala­riés, fruit de leur tra­vail, à un acteur finan­cier qui inves­tit dans des entre­prises enga­gées dans des vio­la­tions graves du droit inter­na­tio­nal, et nous refu­sons que cette épargne serve à sou­te­nir l’État d’Israël et son indus­trie de guerre res­pon­sable de la mort de nom­breux civils. » D’où son sou­hait de « stop­per expres­sé­ment la par­ti­ci­pa­tion d’Amundi à l’appel d’offres pour la ges­tion de l’épargne sala­riale des sala­riés de STMi­croe­lec­tro­nics ».

La CGT conclut en rap­pe­lant au groupe ses res­pon­sa­bi­li­tés. En col­la­bo­rant avec Israël, STMi­croe­lec­tro­nics serait ain­si « direc­te­ment ou indi­rec­te­ment com­plice de géno­cide et ne res­pecte donc pas la Conven­tion pour la pré­ven­tion et la répres­sion du crime de géno­cide de l’Assemblée géné­rale des Nations Unies du 9 décembre 1948, qui en ver­tu de son article IV, s’ap­plique aux entre­prises, que ce soit sous forme de per­sonnes morales (comme des socié­tés) ou de per­sonnes phy­siques agis­sant au nom de ces entre­prises », sou­ligne-t-elle.

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