EPR2 du Bugey, débat public à Bourgoin-Jallieu
Par Didier Gosselin
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La réunion thématique « Le territoire est-il prêt à accueillir le projet d’EDF ? » a donné lieu à de nombreux échanges pendant près de trois heures. En introduction, Fabrice Gravier, coordonnateur du projet EPR2 pour la préfecture Auvergne-Rhône-Alpes, a rappelé les enjeux à traiter avant, pendant et après le chantier, concernant le logement, les transports, l’emploi, la formation et les relations entre les partenaires concernés, notamment l’Etat, les collectivités et le monde économique.
Pierre-Olivier Boyer, vice-président de la CCI Nord-Isère, a défendu le projet en insistant sur le fait que 20 000 recrutements étaient attendus pour le chantier, les emplois indirects et ceux du développement du nucléaire.
La nécessité d’embaucher
De son côté Lilia Riachi, de l’association Ma zone contrôlée, a rappelé la dégradation des conditions de travail dans le nucléaire due à la fois au nombre insuffisant de travailleurs et à une sous-traitance toujours plus importante. Alors que 60 000 recrutements sont attendus pour la fabrication des six EPR, elle a appelé à rendre attractifs et à sécuriser les métiers du nucléaire.
Si au cours du débat les opposants historiques, comme le réseau Sortir du nucléaire ou la FI, ont tenté de ramener les échanges à « pour ou contre » ou vers les questions financières et environnementales qui seront traitées lors d’autres rencontres, les préoccupations qui sont ressorties avec force des discussions et des ateliers ont concerné le logement, la formation, le transport.

Les militants CGT présents sont intervenus sur le risque de sous-traitance en cascade dans la mise en œuvre du chantier BTP et souhaité que soient prises des mesures pour garantir la sécurité des travailleurs, tant physique que sociale, ce qui implique une très grande vigilance et donc des moyens au niveau par exemple de l’inspection du travail.
La question des services publics en général a été également posée, concernant entre autres la lutte contre les déserts médicaux dans le Nord-Isère alors que quelque 8 000 salariés supplémentaires, éventuellement accompagnés, sont attendus pour ce grand chantier… De son côté, Philippe Godineau, représentant officiellement la CGT dans ce débat public, a rappelé avec force les origines du statut des salariés de l’énergie et appelé à ce que ce statut soit généralisé et serve de base pour garantir les droits des salariés du grand chantier EPR2.
Former les futurs salariés du nucléaire
La question de la formation initiale et professionnelle a également été au cœur des débats. La représentante du l’Université des métiers du nucléaire, créée en 2021 avec notamment l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), a insisté sur la nécessité de renforcer les liens entre l’offre de formation et les besoins de la filière, en particulier pour les métiers clés en tension. Des rencontres auprès des élèves en formation ont déjà eu lieu dans différents lycées professionnels du Nord-Isère et vont se développer.
Ce débat public n’a pas permis — mais ce n’était pas sa vocation — d’apporter des éléments de réponse concrets à toutes ces questions. Pour la CGT, qui a distribué un tract à la sortie du débat, les services publics doivent être mis au cœur du projet, tant pour permettre la réussite du grand chantier que pour répondre aux besoins du territoire qui reste actuellement en grande tension en matière d’équipements et de services. Et selon le syndicat, cela passera nécessairement par une mobilisation populaire au niveau des enjeux.
Le débat public se poursuit jusqu’au 15 mai 2025
Organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP), le débat public sur le projet de construction de deux réacteurs EPR2, à proximité de la centrale nucléaire du Bugey, se tient du 28 janvier au 15 mai. Toutes les informations utiles sont à retrouver sur le site dédié : www.debatpublic.fr/reacteurs-nucleaires-bugey