Manifestation pour la Sécurité sociale

Par Maryvonne Mathéoud

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Une partie du cortège isérois avant le départ de Grenoble pour la manifestation régionale à Lyon.
Jeudi 20 mars, à Lyon, les retraité·es, se sont mobilisé·es pour reconquérir la Sécurité sociale. À l’appel du groupe des 9 (UCR-CGT, UCR-FO, UNAR-CFTC, UNIR CFE-CGC, FSU, UNIRS-Solidaires, FGR-FP, Ensembles & Solidaires, LSR), plus de 3 000 retraité·es ont battu le pavé de la capitale régionale. Pas moins de trois cars de l’Isère ont été affrétés pour emmener les manifestant·es scandant « La sécu elle est à nous ! On s’est battu pour la créer, on se battra pour la garder ».

En octobre 1945, au sor­tir de la Seconde Guerre mon­diale, Ambroise Croi­zat, ministre du Tra­vail crée la Sécu­ri­té sociale ins­pi­rée du pro­gramme du Conseil Natio­nal de la Résis­tance. Elle a été mise en place dans un pays pour­tant dévas­té par la guerre et par l’occupation nazie, mais grâce au très impor­tant rap­port de forces de l’époque, gagné par la pré­sence des salarié·es dans la Résis­tance, le pro­jet a été impo­sé au patro­nat volon­tai­re­ment dis­cret, dont une grande par­tie avait col­la­bo­ré avec les nazis.

La Sécu­ri­té sociale est une ins­ti­tu­tion sociale que beau­coup de pays nous envient. Elle repo­sait sur le géné­reux prin­cipe « cha­cun paie selon ses moyens, et à droit à la san­té selon ses besoins ». Ce droit était pour tous et toutes, y com­pris ceux et celles qui n’avaient plus de moyens.

Le Nord Isère dans la mani­fes­ta­tion.

Mais la Sécu­ri­té sociale est mena­cée et rognée depuis 30 ans par une hausse du ticket modé­ra­teur, une aug­men­ta­tion pro­gres­sive du for­fait hos­pi­ta­lier et de la part de rem­bour­se­ment pour les mutuelles. Cela entraîne une aug­men­ta­tion des coti­sa­tions des com­plé­men­taires san­té dont cer­taines ne sont des mutuelles que de nom et sont en fait que des assu­rances pri­vées.

De plus c’est l’État qui fixe le bud­get de l’année de la Sécu ce qui engendre un manque de moyens pour l’hôpital public, des sup­pres­sions de lits, de ser­vices, voire d’établissements, des déserts médi­caux.

La sécu ne souffre pas d’un trop de dépenses mais d’un manque de recettes. Elles sont réa­li­sables avec un emploi pour tous les seniors entre 57 et 61 ans, du tra­vail pour les jeunes entre 18 et 25 ans, l’égalité des salaires femmes/hommes. D’autres recettes sont pos­sibles par l’abandon des exo­né­ra­tions de coti­sa­tions sociales pour le patro­nat qui repré­sentent 75 mil­liards d’euros, une fis­ca­li­té plus juste per­met­tant de fian­cer des inves­tis­se­ments publics hors du bud­get de la sécu, le rem­bour­se­ment des emprunts faits par l’État au bud­get de la Sécu­ri­té sociale pour finan­cer des actions spé­ci­fiques mais ne rend pas ce qu’il a emprun­té ce qui contri­bue au défi­cit de la sécu.

Trois mille mani­fes­tants dans les rues de Lyon.

Un dis­cours patro­nal, relayé par le gou­ver­ne­ment et par une par­tie des jour­na­listes libé­raux sous-entend que les fran­çais vivent au-des­sus de leurs moyens par un sys­tème de pro­tec­tion sociale trop coû­teux et qu’ils ne veulent pas faire d’efforts. Ce dis­cours est indé­cent de la part de mil­liar­daires qui ont comme morale sociale de l’optimisation fis­cale pour ne pas payer d’impôts et les délo­ca­li­sa­tions et de licen­cie­ments pour ne pas payer de coti­sa­tions sociales.

Les dépar­te­ments de la région étaient repré­sen­tés.

Dans un contexte de mon­tée de l’extrême droite en France et dans toute l’Europe, il nous faut démys­ti­fier les pos­tures men­son­gères de celle-ci. Jamais l’extrême droite n’a voté pour l’augmentation du bud­get de la sécu, pour la créa­tion de postes de fonc­tion­naires, pour assu­rer le bon fonc­tion­ne­ment des ser­vices publics, pour aban­don­ner les mesures d’exonération des coti­sa­tions sociales favo­rables au patro­nat, pour aug­men­ter le salaire des fonc­tion­naires des ser­vices publique donc des salarié·es de l’hôpital public, ni des mesures taxant le grand capi­tal.

L’extrême droite remet en cause le prin­cipe de soli­da­ri­té sociale en vou­lant exclure les migrant·es des soins, et en accep­tant les baisses de rému­né­ra­tion des chô­meurs.

Ambroise Croi­zat était ori­gi­naire de Mau­rienne.

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