Les retraités CGT dénoncent une pauvreté accrue chez les seniors
Par Martine BRIOT
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Jean Giard s’est appuyé sur les données fournies par l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) qui définit ainsi la pauvreté : « Le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population. Il correspond à un revenu disponible de 1 216 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 554 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. »
Les évolutions récentes font apparaître uen stabilisation de la pauvreté chez les plus jeunes, catégorie d’âge où elle demeure la plus importante. Pour les plus âgés, où ce taux est moindre, la tendance est nettement à la hausse : les taux de pauvreté par âge convergent.
Reste qu’en 20 ans, le nombre de pauvres a augmenté de 1,4 million.

Les ouvriers constituent la catégorie sociale la plus confrontée à cette précarité. Leur compte bancaire est dans le rouge deux fois plus souvent que le reste de la population (31 %). Dans l’ensemble de la population, près d’une personne sur deux peine à payer ses factures d’énergie : 47 %, un nouveau record, au terme d’une hausse de deux points depuis 2023. Les factures sont si lourdes que 43 % des personnes interrogées ne chauffent pas leur logement lorsqu’il fait froid, 38 % peinent à payer loyer et emprunt immobilier. Un Français sur trois (32 %) est toujours contraint « parfois ou régulièrement » de ne pas faire trois repas par jour. L’an dernier, la Banque de France enregistrait 134 804 dossiers de surendettement en hausse de 10,8% par rapport à 2023. En Isère, le nombre de dossiers en 2024 s’élève à 2216 soit une hausse de 12,4% par rapport à 2023. La même année, la Banque de France estimait à 4,3 millions le nombre de personnes en situation de fragilité financière . Pour les enfants, la situation est inédite depuis la Deuxième guerre mondiale : de plus en plus d’enfants dorment à la rue. En 2024, plus de 2000 enfants sont sans abri dont plus de 460 de moins de 3 ans. Soit une augmentation de 3% par rapport à l’année précédente et de 120% par rapport à 2020.
Enfin pour compléter ce tableau de la pauvreté en France, il faut ajouter la baisse de la natalité pour des raisons d’inquiétude quant à l’avenir et l’augmentation des suicides, notamment chez les agriculteurs. A l’issue de cette présentation, les échanges de la salle ont particulièrement concerné l’étendue et la diversité des raisons pour lesquelles les trois quarts de la population vivent de plus en plus mal. Le logement, avec l’augmentation du foncier qui entraîne l’augmentation des loyers. L’accès aux soins plus difficile de part la hausse du reste à charge et le manque de soignants. L’alimentation, toujours plus onéreuse. Dans le débat également, des inquiétudes concernant l’avenir.

L’intelligence artificielle : ce nouvel élément a fait l’objet d’un débat important au sein des syndiqués retraités. Une grande inquiétude sur les dérives possibles et surtout la nécessité d’installer une véritable démocratie à tous les échelons comme garantie de sa bonne utilisation au service du progrès pour l’humain.
Les changements climatiques avec leur cortège de pollueurs et de pollués. Un chantier énorme qui dépasse largement les efforts de chaque individu et qui interpelle le rôle que devrait jouer l’État pour arrêter cette érosion planétaire. Pour conclure, Jean Giard a rappelé a cité la Constitution de la République : « [La Nation] garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »
La C.G.T. Retraités de l’Isère a quant à elle décidé de lancer une vaste consultation en direction des retraités : « La santé et vous : exprimez-vous ». Car l’accès à la santé est une des données de la pauvreté. Le démantèlement de la Sécurité sociale, des services publics, de l’industrie et de la marchandisation du système de santé, la difficulté d’accès aux soins par le manque de praticiens et par les dépassements d’honoraires sont autant de causes de ce constat. De fait, 700 000 retraités n’ont plus de complémentaire santé et 1,6 million ne se soignent plus ou peu pour des raisons de coût.
Le pays en a les moyens, estiment les retraités CGT : 170 milliards d’euros d’aides aux entreprises, 45 milliards d’euros d’aides pour le chômage partiel, 80 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales sans contreparties… Des sommes qui pourraient permettre de financer notre système de protection sociale et de combler son déficit.
Jean Giard
Jean Giard, 98 ans, est ancien député communiste de l’Isère, ancien élu départemental. Il a également été maire-adjoint de la ville de Grenoble durant un des mandats de Hubert Dubedout. Il est syndiqué à la CGT, membre fondateur du collectif « Une société pour tous les âges », vice-président de l’association « Vieillir, c’est vivre ». Jean Giard intervient régulièrement sur les thématiques du grand âge et de la citoyenneté des aînés.