Fermeture de Photowatt : « la droite montre son vrai visage », accuse le PCF
Par Manuel Pavard
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L’annonce, le 24 janvier dernier, d’EDF Renouvelables est venue officialiser la triste nouvelle pressentie depuis quelque temps. L’actionnaire de Photowatt a confirmé la fermeture du fabricant de panneaux solaires. Une décision qui n’en reste pas moins un vrai coup de massue pour les 162 salariés de l’entreprise nord-iséroise. Ceux-ci sont maintenant suspendus à l’ouverture des négociations entre syndicats et direction, à partir du mardi 4 février, lors des réunions du comité social et économique (CSE).
En attendant cette prochaine étape, ce sont les déclarations, à l’Assemblée nationale, du ministre de l’Industrie Marc Ferracci qui ont mis le feu aux poudres, mardi 28 janvier, provoquant une levée de boucliers au sein de la gauche iséroise. « En accusant les salariés d’être responsables de la fermeture du site pour avoir fait échouer le projet Carbon, le ministre Marc Ferracci montre son mépris pour les travailleurs et sa méconnaissance du dossier », s’indigne ainsi la section PCF de Bourgoin-Jallieu, dans un communiqué daté du jeudi 30 janvier.
Le projet de cession à Carbon « n’offrait aucune garantie financière »
Pour les communistes berjalliens, « la droite montre son vrai visage ». Une accusation visant l’actuelle équipe gouvernementale, mais également « les gouvernements successifs » aux commandes depuis la reprise de Photowatt par EDF Renouvelables en 2012. Lesquels ont en effet « laissé faire le marché et ont été incapables d’impulser, faute de volonté, une politique industrielle photovoltaïque ambitieuse ».
Résultat des courses, un bilan social et économique catastrophique. Le PCF détaille : « 300 emplois supprimés depuis 2012, liquidation en 2016 de PV Alliance (Photowatt, EDF, CEA, INES-Chambery) après avoir investi 70 millions d’euros pour la mise au point d’une technologie prometteuse non développée, fermeture en 2023 du raffineur savoyard de silicium Ferropem et fermeture en 2024 à Photowatt d’un atelier de fabrication de lingot de silicium… »
Les militants communistes fustigent également « une absence de vision stratégique dans le photovoltaïque et d’investissement dans la filière berjallienne » de la part de la droite aux manettes. Et ce, « alors que les salariés possèdent un vrai savoir-faire, et le département de l’Isère les entreprises complémentaires à Photowatt pour produire les panneaux solaires ».
Quant au projet de cession à la start-up Carbon, présenté en septembre 2024 aux salariés, celui-ci « n’offrait aucune garantie financière et n’avait d’autre but que de dédouaner EDF de ses responsabilités envers les salariés », affirme la section PCF. En outre, souligne-t-elle, « Carbon aurait empoché les subventions publiques liées à cette cession ».
« Une filière industrielle énergétique intégrant le photovoltaïque »
Dénonçant « l’attitude honteuse du ministre Marc Ferracci », les communistes vantent leurs propres propositions pour Photowatt. Parmi ces mesures d’urgence, « un moratoire sur les licenciements, la transparence sur l’ensemble des aides publiques reçues par les groupes qui suppriment des emplois » ou encore la « reconstruction d’une filière industrielle énergétique intégrant le photovoltaïque ». Ceci en vue de garantir « avec le nucléaire, l’hydraulique et l’ensemble des ENR, un accès pour tous à une énergie peu chère et décarbonée ». Et pour développer cette filière, « EDF, nationalisée », devra bien sûr « jouer un rôle majeur ».
Côté financement, plusieurs pistes sont avancées. À commencer par un « prélèvement sur les revenus financiers des entreprises », estimés, rappelle le PCF, à « 550 milliards en 2023 ». Le tout afin de « les dissuader de placer leurs profits sur les marchés financiers et encourager, à la place, les dépenses favorables à l’emploi, à la formation et donc à la création de richesses, ici la transition énergétique ».
Les communistes prônent également une « nouvelle sélectivité du crédit bancaire pour appuyer et rendre possible cette nouvelle orientation dans la gestion des entreprises ». Ils proposent de « mettre en place un véritable pôle public bancaire », plaidant pour pouvoir « obtenir des prêts à taux zéro de la Banque centrale européenne ».
Pour Guillaume Gontard, « l’État aurait dû prendre ses responsabilités »
Réagissant dans un communiqué, lundi 27 janvier, à la fermeture annoncée de Photowatt, le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard a d’abord affiché sa solidarité avec les salariés. Avant d’évoquer une décision « sans surprise » car intervenant « après plusieurs années d’un désengagement constant du groupe EDF ENR des activités de Photowatt ». L’actionnaire a notamment « refusé d’acheter depuis plusieurs années les panneaux de sa propre filiale », tout en « préférant choisir ceux fabriqués à l’étranger pour le développement de ses activités solaires », déplore l’élu écologiste.
Sur le projet de cession présenté par Carbon, Guillaume Gontard est sur la même ligne que les communistes berjalliens, estimant que celui-ci « ne présentait pas les garanties financières suffisantes permettant d’assurer aux salarié.es la pérennité de leur emploi sur le long terme et la poursuite de l’activité du site ». Le sénateur tire enfin à boulets rouges sur l’État qui, « en l’absence d’offre de reprise solide et en tant qu’unique actionnaire d’EDF », aurait dû, selon lui, « prendre ses responsabilité s et mobiliser les moyens nécessaires à la sauvegarde de l’activité de Photowatt ». Et de conclure : « Encore une fois, le gouvernement et l’État ont montré leur incapacité à être à la hauteur des enjeux écologiques et énergétiques de demain. »