Voiron. Les moyens d’agir contre l’extrême droite
Par Edouard Schoene
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En début d’après midi se réunissaient des ateliers d’éducation populaires au cours desquels des techniques de débats et réflexion ont été présentés ainsi que des outils militants. Les ateliers « d’arpentage » ont travaillé deux ouvrages antifascistes, Extrême droite, la résistible ascension et Des électeurs ordinaires. Les 19 organisations invitées tenaient stands sur les différentes luttes contre le racisme, contre le capitalisme, pour le droit au logement, la solidarité internationale, la paix… Antigone voyait se presser les participants devant son riche stand de livres, tandis que les amateurs de poésie s’attardaient à la Maison de la poésie, tandis que les échanges militants étaient au rendez-vous à tous les stands.
En milieu d’après midi l’invité était questionné par deux responsables de ras le Front, Myriam et Joëlle. Raphaël Arnault, 30 ans, fut porte-parole du mouvement lyonnais la Jeune Garde antifasciste. Il a été élu en juin 2024, député La France insoumise — Nouveau Front populaire dans la première circonscription du Vaucluse (55% des voix face à un député sortant RN). L’objet de la rencontre était de traiter de l’antifascisme, d’approfondir les dynamiques sociales et politiques de l’extrême droite en France et ailleurs. Deux cents personnes environ ont écouté avec attention, le député répondre avec beaucoup d’énergie et d’éloquence aux différentes questions. Ce rassemblement se tenait à quelques jours d’une vaste mobilisation des médias dominants pour évoquer Le Pen, souvent avec complaisance, au lendemain de son décès.
Raphaël Arnault répondait aux premières questions en soulignant que lorsque se développe une crise économique, sociale et politique, les gens se retournent contre les partis au pouvoir. Il a indiqué très vite (contredit par une intervenante au cours d’un bref débat avec la salle) que les communistes se trompaient lorsqu’ils niaient le caractère autonome du fascisme en liant les mouvements fascistes aux forces du capital. Pour lui, « cette autonomie est basée sur une idéologie de « régénération d’un peuple » ».
A une question sur les conditions d’accès au pouvoir de l’extrême droite le militant antifasciste répond : « Ils utilisent tous les moyens qu’ils jugent nécessaires. Par le système électoral comme Hitler, par les diverses actions des organisations d’extrême droite. Ils critiquent les institutions notamment en demandant plus de violences. A Lyon, nous avions toutes les forces d’extrême droite qui attaquaient la gauche à toutes les occasions. A Lyon nous avons mené diverses actions où nous avons été entre 100… et 5000. Nous avons réfléchi et énoncé des autocritiques. » L’orateur insiste sur la diversité des organisations d’extrême droite en renvoyant aux différentes cartographies produites, celle de la Horde ou celle de Street press. Puis il aborde la question de l’organisation de l’autodéfense face aux groupes d’extrême droite agressifs.
La question suivante porte sur « radicalité et unité ». Raphaël Arnault : « L’unité est une nécessité politique. Il faut se serrer les coudes, lutter contre l’extrême droite. On a mis en place cela à Lyon avec Jeune Garde. N’attendons pas que cela vienne d’en haut. On doit être radical sur le plan politique. A Avignon, aux dernières élections législatives, on a prouvé que l’on pouvait tenir un discours radical et gagner. Il ne faut pas céder sur la ligne radicale. »
En fin d’après midi les participants ont dîné sur place puis la journée « luttes et résistance » s’est achevée par un spectacle intitulé Voix vives et colère sourde de textes et chants proposés par le « collectif de l’âtre » dont la compagnie est situé à La Tour-du-Pin .