Grenoble. La Villeneuve fête le retour de sa boulangerie
Par Manuel Pavard
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« Un quartier de 12 000 habitants sans boulangerie pendant trois ans ! » En quelques mots, Alain Manac’h, président de l’association Villeneuve debout et figure emblématique du quartier, résume la situation que vivaient jusque-là les résidents de la Villeneuve. Une hérésie qui a pris fin à l’approche des fêtes, avec un cadeau de Noël avant l’heure : l’ouverture, le 20 décembre, de La Mie de l’Arlequin, sur la place du marché, au niveau du 110 galerie de l’Arlequin.
Un évènement que les unions de quartier Villeneuve 1 et Géants-Baladins ont tenu à célébrer comme il se doit, ce samedi 4 janvier. Au menu : musique, prises de parole, dégustation de jus de pomme bio et des succulentes galettes des rois préparées par le boulanger. Originaire de la Villeneuve, où il vit toujours aujourd’hui, Éric Vacavant a sauté sur l’occasion lorsque le projet a pris corps, avec le soutien financier de la Ville et de la Métropole de Grenoble.
« Sur la place des Géants, il n’y a plus aucun commerce »
Depuis, les habitants peuvent acheter pain frais et viennoiseries, six jours sur sept… Enfin. « Trois ans, ça ne paraît pas mais c’est très long », souligne Alain Manac’h. « Pour trouver du pain, il fallait aller jusqu’à Vigny ou Malherbe, ou alors en supermarché, à Auchan ou à Grand’Place », explique une habitante. « Dans le quartier, il y a pas mal de personnes âgées ou de gens qui ont des problèmes de santé. Pour eux, c’était vraiment compliqué ! »
Si le boulanger était un peu « attendu comme le Messie », plaisante cette dernière, beaucoup espèrent que sa venue en appellera d’autres, redonnant un nouveau souffle à la Villeneuve. « Avant, il y avait une dizaine de commerces dans le quartier », se souvient Alain Manac’h. « Ils ont tenu à peu près jusqu’en 2001–2002, après ça a plongé. » Tous ont ainsi mis la clé sous la porte, les uns après les autres, au cours des dernières années. « Sur la place des Géants, c’est infernal, il n’y a plus aucun commerce ! Juste un petit bistrot qui sert du café », déplore le militant associatif.
Celui-ci insiste sur la dimension quasi sociale de ces petits commerces : « La boulangerie, c’est un lieu de convivialité. Avant, il y avait une boucherie-épicerie, de l’autre côté de la place des Géants : c’est un endroit où tout le monde venait. Et quand la boucherie a fermé, il y a un an, le pharmacien en face nous disait qu’il avait perdu 20 % de son chiffre d’affaires. » Une pharmacie qui a d’ailleurs baissé le rideau à son tour, en août dernier.
De nombreux habitants de la Villeneuve veulent donc croire à un scénario inverse, avec une boulangerie qui servirait de locomotive, pour faire revenir des commerçants. Certes, le contexte reste difficile et la cohabitation avec le point de deal tout proche ne s’annonce pas forcément aisée. « C’est un peu compliqué », glisse un résident, qui ne souhaite pas en dire davantage.
Néanmoins, un appel à candidatures a déjà été lancé pour l’installation prochaine d’une épicerie. Et Alain Manac’h appelle les collectivités à « s’intéresser à l’économie sociale et solidaire », tout en craignant « la logique actuelle des élus et des techniciens, qui est de tout installer à l’extérieur du quartier ». Pourtant, estime-t-il, dans une ville, « on devrait trouver tout ce qu’il faut pour bien vivre au pied de chez soi ».