Hugo Prévost pendant la campagne des législatives, à Gières, le 3 juillet, à quatre jours de sa victoire au second tour face à Olivier Véran.

Le député de l’Isère Hugo Prevost a été exclu, ce mardi 8 octobre, du groupe parlementaire LFI-NFP, saisi par le Comité de vigilance contre les violences sexistes et sexuelles de la France insoumise. Il est notamment accusé de « faits graves à caractère sexuels », commis entre 2020 et 2024, lorsqu’il était responsable national de l’Union étudiante.

L’information, annoncée par un communiqué du groupe parlementaire LFI-NFP et confirmée par l’Union étudiante, ce mardi 8 octobre au soir, a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le milieu politique isérois, et même au-delà. Le groupe des députés insoumis explique avoir été saisi, le 23 septembre, par le Comité de vigilance contre les violences sexistes et sexuelles (CVSS) de la France insoumise « concernant des faits graves à caractère sexuel pouvant relever d’infraction pénales, antérieurs à son élection, reprochés au député Hugo Prevost », tombeur d’Olivier Véran, en juillet, dans la première circonscription de l’Isère.

Le jeune élu de 25 ans a été auditionné le 2 octobre par le bureau du groupe parlementaire. Au vu des éléments du dossier, matérialisés par plusieurs témoignages, de la « gravité des faits reprochés » et de leur « caractère systémique », celui-ci a « prononcé l’exclusion du député Hugo Prevost », à l’issue d’une réunion tenue ce mardi 8 octobre.

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Ancien responsable de l’Union étudiante, Hugo Prevost est devenu député de la première circonscription de l’Isère.

Le signalement effectué auprès du CVSS de LFI résulte de témoignages réunis par l’Union étudiante – dont Hugo Prevost est l’un des cofondateurs – et faisant état de « faits de harcèlement moral et sexuel, de schémas de prédation, de faits graves pénalement répréhensibles à caractère sexuel ». Ceux-ci, indique le syndicat étudiant dans un communiqué, « s’étalent de 2020 à 2024 », période où le futur député occupait des responsabilités nationales au sein de l’Union étudiante.

« Une volonté de contrôle politique et sexuel des femmes » 

D’après les témoignages, rapporte le syndicat, Hugo Prevost aurait « de manière répétée, isolé, rabaissé, dénigré et insulté de façon systémique des femmes », instaurant ainsi un « climat de terreur ». Cela souligne, poursuit l’organisation, « une volonté de contrôle politique et sexuel des femmes, avec des agissements s’apparentant à des injonctions sur leurs relations intimes », et allant jusqu’à « une domination physique à travers au moins deux cas de violences sexuelles ».

Selon Mediapart, qui a pu consulter le document interne, « au moins quatre personnes accusent le jeune parlementaire de violences sexistes et sexuelles, comprenant pour une femme des attouchements et des rapports non consentis, et pour les trois autres des “pressions constantes”, du “harcèlement moral, sexuel” et des propos sexistes au travail de 2020 à 2024, avant son élection en tant que député ».

Si l’omerta a longtemps régné à ce sujet, son investiture électorale a « participé à briser ce silence pour éviter de nouvelles victimes », est-il précisé dans le signalement. De son côté, Camille Pagiras, présidente de l’Union étudiante de Grenoble (UEG) – où Hugo Prevost a fait ses armes, avant ses fonctions nationales – reconnaît avoir été « surprise » par cette information. Si elle n’a « pas eu connaissance » de faits commis à Grenoble, elle apporte naturellement son « soutien indéfectible aux victimes ».

L’Union étudiante l’appelle à « démissionner de son mandat »

« L’histoire du syndicalisme étudiant est émaillée de violences sexistes et sexuelles », déplore Camille Pagiras. « On a longtemps parlé de la “castorisation” à l’Unef », rappelle-t-elle, tout en avouant que les milieux politiques et syndicaux sont « profondément ancrés dans le patriarcat ». Et ce, « y compris dans notre camp », regrette-t-elle.

Évoquant une « ligne rouge », Camille Pagiras appelle, tout comme le bureau national, à « tirer les leçons de la faillite » de l’organisation. Si le procureur de la République affirme n’avoir reçu « aucune trace de plainte à [son] parquet », l’Union étudiante souhaite, elle, que « justice soit faite, et demande à Hugo Prevost de démissionner de son mandat ». « Nous soutiendrons et nous accompagnerons toutes les victimes qui souhaitent porter plainte », ajoute le syndicat étudiant. Avant de conclure : « Agresseurs, on vous voit, dégagez de nos orgas ! »

Salomé Robin, « atterrée et écoeurée », quitte ses fonctions de suppléante

Salomé Robin, suppléante d’Hugo Prevost dans sa circonscription, a réagi dans un communiqué publié ce mercredi 9 octobre. Elle apporte « tout [son] soutien aux victimes », évoquant des comportements « à l’opposé des programmes [qu’elle] défend. Je salue la saisine de l’Union étudiante et la réaction rapide du groupe parlementaire LFI prononçant son exclusion séance tenante », ajoute-t-elle.

« Atterrée et écœurée », Salomé Robin a décidé de quitter ses fonctions de députée suppléante, « n’ayant absolument plus rien à voir avec Hugo Prévost » dont elle espère la démission. « Nos organisations politiques ne sont pas épargnées par les oppressions qui traversent la société mais nos combats restent justes », affirme enfin l’ex-suppléante. Continuant de penser « qu’un autre monde est possible », elle s’engage, « en tant que militante, à tout faire pour qu’il advienne ».

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