Bourgoin-Jallieu. Débat sur l’égalité femmes-hommes avec Sigrid Gerardin, candidate aux européennes
Par Didier Gosselin
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Sigrid Gerardin, candidate aux européennes sur la liste conduite par Léon Deffontaines.
Lundi 4 mars, les communistes de Bourgoin-Jallieu organisaient une rencontre/débat sur le thème « Egalité Femmes/Hommes, le compte n’y est pas ! », en présence de Sigrid Gerardin, enseignante en lycée professionnel, syndicaliste et candidate aux européennes sur la liste conduite par Léon Deffontaines, et de Véronique Sanchez-Voir, assistante sociale au CHU de Grenoble.
Karine le Maignan, militante communiste de Bourgoin-Jallieu, a introduit cette soirée, placée sous le vote historique du Congrès des parlementaires en faveur de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, en retraçant l’historique de la lutte des femmes pour leurs droits et ceux de tous, depuis le 19e siècle. Depuis la révolte en 1869 des ovalistes de l’industrie textile lyonnaise et des environs pour l’égalité salariale et de meilleures conditions de vie et de travail jusqu’à l’institutionnalisation de cette journée du 8 mars, en 1977 par l’ONU et tardivement en France en 1982, après de nombreuses luttes des femmes à travers de nombreux pays. Karine Le Maignan a développé plus précisément les luttes françaises depuis 1946 de conquêtes des droits des femmes, politiques, sociales, juridiques, économiques… pour leur émancipation, leur autonomie, leur liberté.
Sigrid Gerardin a rappelé la dimension internationale de cette journée et réaffirmé la solidarité des communistes avec toutes les femmes à travers le monde victimes des régressions sociales et économiques, interdites d’école, brimées par des religions et particulièrement violentées lors des guerres. En soulignant que les communistes étaient toujours du côté de la paix, et plus que jamais aujourd’hui alors que des conflits font rage, en Europe et ailleurs, notamment à Gaza soumis à la guerre de l’extrémiste de droite Netanyahu après l’attentat terroriste du Hamas du 7 octobre, Sigrid Gerardin a rappelé que les femmes étaient toujours plus fortement touchées lors des conflits.
L’IVG dans la Constitution, dès 2017
Plus positivement, Sigrid Girardin a expliqué ce que représentait la victoire de l’inscription de l’IVG dans la Constitution, portée notamment par la sénatrice communiste Laurence Cohen dès 2017, comme sanctuarisation d’un droit humain et signal progressiste et politique envoyé au monde entier, particulièrement face aux montées de l’extrême-droite dont l’influence grandissante conduit à des politiques restrictives, comme dans certains pays européens. Sigrid Gerardin a appelé à se battre, ici même en France où 130 centres IVG ont été fermés et qu’un tiers des maternités et hôpitaux de proximité ont disparu. Cette bataille pour les services publics de santé, mais aussi d’éducation, sera articulée à celle menée, dans le cadre de la campagne européenne de notre liste communiste et féministe, pour les salaires, la souveraineté et une autre politique industrielle nationale et européenne répondant aux besoins sociaux, a souligné Sigrid Gerardin.
« Revendiquer l’égalité c’est faire avancer la société toute entière »
Elle a ensuite développé son propos sur la nécessité de se battre pour l’égalité salariale entre femmes et hommes, rappelant qu’en moyenne les femmes gagnaient un quart de moins que les hommes et que la différence était encore plus marquée chez les retraité·e·s. Concernant la fonction publique, elle a montré que le statut ne protégeait pas plus les femmes et qu’on retrouve ces mêmes inégalités professionnelles. Pour combattre ces inégalités auprès du patronat, du gouvernement, des employeurs publics, nos luttes devront porter, a souligné Sigrid Gerardin, sur le refus de la ségrégation professionnelle (cantonnement des femmes dans certains métiers, précaires et sous-payés), des parts variables de rémunération (HS, primes…) plus largement récupérées par les hommes, des temps partiels imposés (30%) ou contraints, de la précarité en général, et pour une baisse du temps de travail pour toutes et tous dans le cadre d’une véritable sécurisation de l’emploi et de la formation comme le proposent les communistes. « Revendiquer l’égalité c’est faire avancer la société toute entière », déclare Sigrid Gerardin, qui invite à se saisir de toutes les avancées, fussent-elles minimes et imparfaites (index de l’égalité dans les entreprises, directive sur les transparences de salaires, fin de la discrimination dans l’évolution salariale pour cause de maternité…) pour conquérir de véritables progrès sociaux. « C’est difficile, concède-t-elle, car nous sommes attaqués par un gouvernement et une Europe au service du capital, mais nous pouvons arriver, tous ensemble, à gagner des élu·e·s qui seront autant de points d’appui pour ces luttes » visant « à cimenter les droits sociaux par le haut, et à éviter une dérive vers le dumping social (qui existe actuellement) ». Et de rappeler, à l’heure où tout est fait pour imposer un duel Macron-Le Pen, « que l’extrême-droite ne sera jamais un allié des femmes bien qu’elle se présente masquée de pseudo-positions féministes » et qu’il convient de le rappeler et de l’expliquer lors de nos rencontres avec les gens.
Un débat qui s’est prolongé une bonne heure durant.
Véronique Sanchez-Voir axe son propos sur la santé publique hospitalière. La fonction publique est le premier employeur de France et la fonction publique hospitalière emploie une majorité de femmes (plus de 70%). Elle insiste sur la nécessité de revaloriser tous ces métiers du lien à prédominance féminine et de reconnaître véritablement la pénibilité des métiers de ces travailleuses dont l’utilité vitale n’est pourtant plus à démontrer après la période Covid et note la mise en place de modes de gestion directement inspirés de l’entreprise privée, l’ensemble se traduisant par une baisse de la qualité des soins et une augmentation des profits. « 75 000 lits supprimés (baisse de 16%) entre 2003 et 2019 et une désagrégation des services publics qui touchent les plus modestes d’entre nous. » La marchandisation de la santé touche non seulement les femmes qui travaillent dans ce secteur mais toutes celles qui doivent par exemple accoucher, et qui du fait des fermetures massives de maternité se trouvent toujours plus éloignées des lieux d’accouchement, ou les femmes qui souhaitent avorter et se trouvent en difficulté suite à la fermeture de centres d’IVG. Et cela, précise Véronique Sanchez-Voir, dans un contexte déjà insupportable de réduction des dépenses publiques touchant l’accès aux soins qui va contraindre les plus précaires à faire des choix entre se loger, se nourrir, se soigner… « La question de la promotion et du développement des services publics est une condition nécessaire pour établir une politique féministe » déclare Véronique Sanchez-Voir, tant l’histoire même de ces services publics et des luttes qui les ont imposés et construits témoignent d’un projet de liberté, d’égalité, d’émancipation et de reconnaissance universelle des droits humains qui est toujours et plus que jamais celui des communistes.
Des propositions concrètes pour démasquer l’extrême droite
L’échange avec une salle en prise avec les réalités évoquées par les deux intervenantes a permis de rendre concrètes ces réalités en les illustrant avec le vécu du quotidien et des luttes. Une grande partie de cet échange qui a duré plus d’une heure a été consacrée aux enjeux de la bataille des européennes et du meilleur moyen de combattre Macron et ses politiques inspirées par la Commission européenne avec les conséquences que l’on connaît, ainsi que l’extrême-droite qui est à la fois le faire-valoir de Macron et le poisson-pilote du capital dans la mise en œuvre de politiques toujours plus réactionnaires et favorables aux actionnaires. Nombre d’intervenant·e·s ont souligné ce danger de l’extrême-droite tout en indiquant que nous disposions, avec la liste de Léon Deffontaines et les propositions concrètes des communistes, de formidables atouts pour engager la discussion avec les gens, notamment lorsqu’ils se mettent en mouvement dans le cadre de luttes sociales (contre les fermetures de classes par exemple ou pour le maintien des services publics) et économiques (récent mouvement des paysans ou de salariés contre des fermetures ou pour de meilleurs salaires), et construire avec eux une perspective, dans le cadre de ces élections européennes, pacifique, solidaire et émancipatrice.
Les discussions se sont poursuivies longuement et traditionnellement autour du pot de l’amitié.