Saint-Martin-d’Hères. Pour la création et la liberté des artistes du monde entier

Par Edouard Schoene

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Isabelle Miroglio, Béatrice Garnier, Jacqueline Madrennes, Isabelle Métral, Claudine Kahane.

Le collectif « Culture 38 » tenait une conférence de presse le 27 novembre à la mairie de Saint-Martin-d’Hères pour rendre public un appel « pour la création et la liberté des artistes du monde entier ».

Ce collectif est né en 2015 par un appel signé d’une centaine de personnes, en Isère. Il est intervenu dans les étapes de détermination des compétences et projets culturels de la métropole grenobloise.

Les personnes présentes pour présenter et commenter l’appel lié au contexte international étaient Béatrice Garnier (adjointe Développement culturel – ville d’Eybens), Claudine Kahane (adjointe Affaires culturelles – ville de Saint-Martin-d’Hères), Jacqueline Madrennes (adjointe Éducation-Culture – ville d’Échirolles), Isabelle Métral, Isabelle Miroglio (adjointe déléguée action culturelle, vie associative et événementiel – ville de La Tronche).

L’appel du collectif commence par : « Plus que jamais – dans un climat international fait de violences, d’exactions, de barbarie et de non-droits – le besoin de culture, de rencontres avec les artistes et avec les œuvres est une nécessité pour toutes et tous. (…) Dans ce contexte, et de manière asymétrique en fonction de la géopolitique et des intérêts politiques en France, en Europe et ailleurs, on tente de nous imposer avec la complicité de nombreux médias un discours unilatéral pernicieux, clivant et dangereux,  qui s’accompagne de mesures d’intimidation envers les personnes qui expriment des opinions non conformes, qu’elles soient femmes ou hommes politiques, sportifs, porte-paroles d’associations, syndicalistes, journalistes indépendants. »

L’actualité dans l’agglomération donne des exemples concrets cités dans l’appel figurant ci-après.

Censure en Grésivaudan

Les intervenants ont rajouté un fait très récent, celui de Villard-Bonnot, où la communauté de commune, tutelle de l’espace Aragon, a censuré la communication publique d’une soirée programmée mercredi 29 novembre à 20h autour du film Yallah Gaza en présence de son réalisateur, Roland Nurier.

Les élus présents ont souligné, après l’appel qu’en « plus de ces sanctions ou interdits, le contexte actuel est économiquement fragile, les établissements culturels étant confrontés à de nombreuses difficultés suite à des hausses importantes des frais de leurs structures, s’agissant des coûts des énergies et des autres produits nécessaires aux spectacles programmés : ateliers de décors, costumes, locaux techniques… Dans le même temps, les subventions des collectivités diminuent, menaçant emplois permanents et intermittents. Autant d’obstacles à la création artistique. »

Une inquiétude notée : « l’Etat s’apprête à rogner voire supprimer les moyens budgétaires pour l’accueil périscolaire qui constitue, notamment, un élément important d’actions culturelles et artistiques. »

Appel du collectif Culture 38 pour le développement culturel, pour la création et la liberté des artistes du monde entier

Plus que jamais – dans un climat international fait de violences, d’exactions, de barbarie et de non-droits – le besoin de culture, de rencontres avec les artistes et avec les œuvres est une nécessité pour toutes et tous.
Plus que jamais nous avons besoin d’écouter, de nous écouter, de parler, de nous parler, de mettre des langages et des esthétiques artistiques en partage, qui portent la voix de l’humanisme, du dialogue , de la multi-culturalité, de la justice et de la paix, qui nous donnent à penser par nous-mêmes et avec les autres.
Dans ce contexte, et de manière asymétrique en fonction de la géopolitique et des intérêts politiques en France, en Europe et ailleurs, on tente de nous imposer avec la complicité de nombreux médias un discours unilatéral pernicieux, clivant et dangereux, qui s’accompagne de mesures d’intimidation envers les personnes qui expriment des opinions non conformes, qu’elles soient femmes ou hommes politiques, sportifs, porte-paroles d’associations, syndicalistes, journalistes indépendants.

Nous demandons le respect de la parole portant sur la défense des exilés, des personnes déplacées, victimes d’apartheid, de la colonisation ou de massacres civils quotidiens, le respect de la parole de tous ceux qui s’opposent à la déshumanisation et à l’impunité des crimes.
Il en est de même du cadre d’acceptation des œuvres et des artistes français et étrangers, parfois empêchés de circuler, d’être accueillis, d’accueillir (refus de visa, tentatives de boycott ou d’embargo, manifestations hostiles…) parce qu’il ne serait pas, pour les gouvernants, « du bon côté du conflit ».
Donnons-en deux exemples :
La salle de l’Heure Bleue de Saint-Martin-d’Hères doit accueillir, le 21 mars prochain, le spectacle Les Basketteuses de Bamako, de la cie Thomas Guérineau, dans le cadre des Détours de Babel. Les artistes (maliennes) du projet n’ont pas pu se rendre en France pour les six semaines de travail prévues en 2023. Thomas Guérineau a pu se rendre sur place pour maintenir le processus mais la situation est extrêmement tendue pour la suite. Aussi, nous en appelons à l’interpellation des pouvoirs publics afin de permettre la délivrance de ces papiers et que l’ouverture de nos frontières puisse se faire sans peine. Cela fait suite aux annonces du ministère de la Culture demandant de cesser toute collaboration avec les artistes du Mali, Niger et Burkina Faso, jugés comme indésirables.
Alors qu’elle devait recevoir le prix 2023 lors de la nouvelle édition de la Foire du livre de Francfort, (18 – 22 octobre), l’autrice palestinienne Adania Shibli, a appris qu’elle ne verrait pas sa récompense de si tôt : la décision de l’annulation de sa remise a été dénoncée par plus de 600 écrivain-es dont trois prix Nobel de littérature.
Nous dénonçons ce climat inquisiteur et pesant qui s’installe au moment même où le besoin d’affirmation de la liberté d’expression, des droits humains et de l’application du droit international se fait si criant.
En plus de ces sanctions ou interdits, le contexte actuel est économiquement fragile, les établissements culturels étant confrontés à de nombreuses difficultés suite à des hausses importantes des frais de leurs structures, s’agissant des coûts des énergies et des autres produits nécessaires aux spectacles programmés : ateliers de décors, costumes, locaux techniques… Dans le même temps, les subventions des collectivités diminuent, menaçant emplois permanents et intermittents. Autant d’obstacles à la création artistique.
Pour conclure :
Le collectif Culture 38 ne peut qu’être opposé à ce qui ressemble fort à de nouvelles tentatives opportunistes de restriction des libertés des artistes et de la création. Sans ces libertés, il n’y a pas d’accès libre pour toutes et tous aux œuvres anciennes ou contemporaines. Parallèlement, le collectif Culture 38 plaide pour le rétablissement et l’amélioration des subventions et des moyens mis à disposition de la culture qui est essentielle à la vie de chacun.
Le Collectif Culture-38 appelle de ses vœux la fin des conflits meurtriers qui ensanglantent notre planète. Ils ne doivent en aucun cas être des instruments de restriction de nos conquêtes émancipatrices, citoyennes, sociales et de nos libertés publiques. Culture-38 rejette toute tentative de mise au pas des artistes, des créateurs, des institutions culturelles. L’Art est avant tout un pont entre tous les humains.

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