© Blandine Soulage

Mardi 3 octobre 2023 – Première soirée de la saison. La salle se remplit rapidement. L’air est chaud. Sur scène, des cubes, agencés de façon diverse, verticalement ou horizontalement attendent l’entrée des artistes : dix jongleurs et jongleuses du Collectif Petit Travers et le très réputé Quatuor Debussy. Pourtant les quatre musiciens du quatuor semblent s’effacer au profit des prouesses des poètes des balles et des barres. Bel exercice de complicité artistique devant un public aux anges, et bouche bée !

Jongler pour vivre ? Vivre pour jongler ?

Une jeune femme en tenue de ski entre sur scène avec son snowboard et explique comment elle est passée du snowboardcross au jonglage. Puis elle quitte sa combinaison et accueille les autres jongleurs et jongleuses et les quatre musiciens. Le ton est donné : rien de statique, pas de musiciens vissés sur leur siège – on les verra escalader les cubes pour s’y installer et jouer – ; des séquences parlées ; le jonglage à égalité de prestige avec la musique classique. En fait pas vraiment puisque le répertoire de la soirée s’appuie sur deux compositeurs : le très connu compositeur anglais Henry Purcell (1659-1695), maître du baroque et le moins connu Marc Mellits, compositeur étatsunien contemporain né en 1966, adepte du minimalisme et du rock.

L’ouverture parlée annonce d’autres moments de parole : plages de travail entre jongleur.ses, thérapie de groupe, répétition d’exercices, ratage de balles lors du spectacle – on finit par se demander s’ils le font exprès. Les textes sont signés Jean-Charles Massera qui assure aussi la direction d’acteur et tournent autour de la philosophique question : Comment faire commun sans perdre son individualité ? Qu’on appartienne à un Quatuor renommé ou à un Collectif de jonglage. Qu’on soit français ou non. Qu’on soit homme ou femme. On aurait aimé une proportion d’artistes plus proche de la parité : trois femmes sur quatorze !

© Blandine Soulage

Faire s’envoler les notes de musique

Les balles blanches étincellent dans la pénombre et sculptent la musique au gré d’un andante, d’un slow, d’un quick ou d’un andantino. Les balles d’élèvent plus au moins haut selon le volume sonore, créent des gerbes pétillantes, des sinusoïdes lentes ou plus rythmées. Les combinaisons sont nombreuses et étonnantes. Quelquefois, les barres remplacent les balles et dessinent des portées.

Et toujours les trois violonistes et le violoncelliste du Quatuor Debusssy en tenue identique à celle des jongleur.ses – leur vêtement de travail – interprètent Purcell et Mellits avec brio, apportant leurs notes à l’édifice collectif, en toute humilité. Quatre parmi les autres pour une création collective. Bravo à leur constant désir de lancer des passerelles !

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