Bourgoin-Jallieu. Une volonté d’assécher le système de santé public
Par Didier Gosselin
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Rassemblement le 20 juin, devant l’entrée du médipôle de Bourgoin-Jallieu.
L’intersyndicale de la santé (CGT, FO, SUD, UNSA) appelait ce 20 juin 2023 à relancer la lutte contre la casse du système de santé et de protection sociale, et pour de meilleures conditions de travail et de prise en charge de la population. Rassemblement à Bourgoin-Jallieu.
Plusieurs dizaines de personnes, dont des personnels hospitaliers du médipôle de Bourgoin-Jallieu, se sont retrouvés devant l’entrée principale pour dire l’urgence de « sauver la santé dans notre pays. Que l’on travaille dans le public ou le privé, on subit la même dégradation des conditions de travail » s’est indignée Carole Verdier, aide-soignante et déléguée FO du Médipôle. Pour Nathalie Moreau, infirmière et déléguée CGT à l’ESMPI (Etablissement de santé mentale des portes de l’Isère), « la fermeture des lits, la pénurie de médecins en psychiatrie, la pédopsychiatrie à l’abandon qui condamne des familles et des enfants à rester sans soins et sans réponses sont notre lot quotidien et ça s’aggrave… Je vous laisse imaginer quelle société cela peut donner… », souligne l’infirmière qui se demande également « comment travailler en santé mentale quand la santé mentale même des soignants n’est plus bonne… ?»Nathalie Moreau, délégue CGT à l’ESMPI.
Pas une semaine ne se passe sans qu’un problème à l’hôpital ne soit relayé par la presse… « La situation est effectivement effrayante et résulte de choix opérés depuis des décennies par les gouvernements qui n’ont cessé de vouloir gérer l’hôpital à l’identique d’une entreprise et de ne voir la santé des français que sous le seul prisme des dépenses, insiste Carole Verdier, alors qu’il s’agit d’investissement en termes de santé publique permettant aux établissements de répondre aux besoins de la population ».
Carole Verdier et une représentante de SUD.
Pour Serge Mazars, éducateur en IME et secrétaire de l’UL CGT de Bourgoin-Jallieu, il y a urgence à se rassembler pour sauver notre système de santé. « Si le Covid a bien révélé la situation inquiétante de l’hôpital public, c’est désormais tout le système de santé qui s’effondre et nous sommes tous concernés », souligne Serge Mazars. « La dégradation de la qualité des soins est générale et elle touche toutes les classes d’âges, des enfants aux personnes les plus âgées. C’est une agonie programmée où tout est organisé pour que l’objectif financier permette de baisser la part remboursée par la sécurité sociale. La santé est traitée comme une marchandise », dénonce Serge Mazars. Ainsi l’austérité budgétaire entretenue depuis des années dans une volonté d’assécher le système public, relève bien d’une politique assumée visant à transférer progressivement des activités publiques vers un secteur lucratif présenté comme LA solution dans le cadre de la refondation capitaliste du système de santé.Serge Mazars, éducateur et secrétaire de l’union locale CGT de Bourgoin-Jallieu.
« Refus de soins, tri et mis en danger des patients faute de moyens humains et matériels sont les conséquences inacceptables de cette politique », dénonce Serge Mazars. De même, la mise en place d’un management inspiré de l’entreprise privée dans le but d’accompagner la mise en œuvre de la rentabilité financière au sein des établissements de soins, a des conséquences catastrophiques sur les agents de la fonction publique hospitalière. Des témoignages ont fait état des conséquences liées à des fusions de services dans la pédopsychiatrie, des regroupements visant à faire des économies, et montré comment la prétendue efficacité économique « libérale » est dévastatrice pour la chaîne de soins et la prise en charge des populations, notamment les plus précaires et les plus vulnérables. Des personnels soignant ont dit leur souffrance de cette perte de sens et la fatigue qui pousse certains à fuir et démissionner. Mais celles et ceux qui restent sont décidés à se mobiliser pour arriver à infléchir les choix qui s’opèrent. « Nous sommes face à un choix de société, il nous faut construire une mobilisation large et déterminée, retrouver nos fondamentaux de 1946 et du Conseil national de la résistance qui est à l’origine d’une sécurité sociale gérée par les travailleurs », a conclu Serge Mazars. « Pas de République sans services publics ! » a de son côté déclaré Carole Verdier. L’intersyndicale nationale CGT, FO, SUD, UNSA de la fonction publique hospitalière, poursuivra la mobilisation débutée dans l’unité le 19 janvier 2023.