Mardi 14 mars – La salle de la Ponatière se prête particulièrement bien au spectacle de cabaret donné par la chanteuse Nawel Dombrovsky et ses deux musiciennes. En pantalon et haut ajustés, noirs et pailletés, une couronne de fleurs sur les cheveux, Nawel Dombrosky se meut avec agilité, fine liane à l’énergie farouche, décidée à en découdre avec les stéréotypes et à faire entendre la parole des femmes. Tantôt drôles et corrosives, tantôt tendres et poétiques, les chansons écrites pour elle, par poète Yanowski sont un régal. Une soirée de plaisir extrême !

Les femmes à la cuisine, tout un programme !

Mais quand Nawel Dombrowsky s’empare de la cuisine, c’est pour y concocter de bons petits plats… à base de glycérine ! Pour se débarrasser des machos de tout poil. Dès la deuxième chanson. En interlude, elle nous fait écouter sur un magnétophone les paroles d’une chanson de Nougaro :

Mieux encore que dans la chambre j’ t’aime dans la cuisine
Rien n’est plus beau que les mains d’une femme dans la farine
Quand tu fais la tarte aux pommes, poupée, tu es divine
Rien n’est plus beau que les mains d’une femme dans la farine

Pouah ! On coupe ! Les trois femmes sur scène expriment leur écoeurement.

Même chose avec un extrait de propos de Valérie Pécresse en campagne pour les régionales : « Moi, je veux une région propre, et rien de tel qu’une femme pour faire le ménage ! »

Horreur !

Le tour de chant reprend avec C’est un peu ça l’enfance, plein de tendresse. Et enchaîne après un second interlude – Le bordel du lapin rouge – qui annonce Le défilé. Une femme est dans une maison close où elle « fait son marché » en faisant défiler devant elle les hommes à consommer. Elle les fait se déshabiller, soupèse leurs atouts… le texte est hilarant… enfin, peut-être pas pour tout le monde. Quelle audace ! Mais à bien y réfléchir, c’est une simple inversion des rôles dans une société qui se veut égalitaire. Percutant !

Le répertoire se diversifie avec La bataille de l’Ebre – évocation de la guerre civile en Espagne -, une charge contre Les études de commerce, le thème de l’exil avec Le Départ.

Mais la veine féministe reprend le dessus avec la mise en cause du prétendu Instinct maternel et la dénonciation de la violence masculine avec Bébère la Brute.

Un spectacle musical écrit et composé par Yanowski

Les Femmes à la cuisine est né de la volonté de la comédienne et chanteuse d’avoir son propre répertoire après avoir interprété les chansons à texte de Piaf, Fréhel ou Bruant. Elle a fait appel à Yanowski qu’elle a découvert lors d’une représentation du « Cirque des mirages ».

Chanteur, compositeur et poète, Yanowski – alias Yann Girard, né en 1974 – a grandi dans la bohème parisienne au milieu des saltimbanques, guitaristes, danseurs de flamenco, bateleurs en tout genre que fréquentent ses parents. Il étudie le piano, se nourrit de littérature fantastique, de récits d’aventure et de poésie. Il voyage puis étudie la philosophie.

C’est lors d’un voyage à New York qu’il rencontre Fred Parker et fonde avec lui « Le Cirque des Mirages ». Un duo de cabaret expressionniste, aussi lyrique que sulfureux, qui rencontre rapidement un public dans de nombreuses scènes parisiennes et des théâtres et festivals partout en France.

« Durant une année, nous avons beaucoup, beaucoup parlé (enfin surtout moi). Il a beaucoup écouté, a pris sa plume et a réussi à coucher sur papier mes rêves de chansons mais également les personnages que je souhaitais interpréter, les causes qui me sont chères. »

Une réussite !

Trois femmes sur scène, généreuses !

On apprécie la complicité entre les trois femmes sur scène, qui semble révéler une belle entente. Car oui, les femmes peuvent être – et sont souvent – solidaires !

Nolwenn Tanet au piano et à l’accordéon donne fréquemment la réplique à Nawel. Comme la contrebassiste Hélène Avice, elle signe les arrangements.
Au rappel du public, Nawel et ses musiciennes répondent avec une chanson originale et sensible, signée Yanowski, qui dit en mots sensibles combien Vos applaudissements nourrissent et nourriront les artistes dans la suite de leur parcours.

Enfin Nawel, la Grenobloise de naissance et lycéenne à Stendhal, tient à faire un cadeau aux spectatrices et spectateurs d’Echirolles : deux chansons de son futur spectacle dont elle a écrit les paroles.

Nawel vendait son disque à la fin du spectacle.

Coproduction : Le Grand Angle – Scène Régionale
Soutiens : Adami, Centre National de la Musique, Audiens, La Manufacture Chanson Paris, ville de Rosny-sous-Bois
Dans le cadre de Cité Plurielle – Echirolles

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