Grenoble. Retraites, travail… un choix de société

Par Luc Renaud

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Emeric Vibert et Bernard Prévitali, de la section communiste de Grenoble, aux côtés d’Elisa Balestrieri, syndicaliste CGT.

La section communiste de Grenoble a organisé une soirée débat sur le travail et le droit à la retraite à 60 ans. Où l’on a décrypté le projet gouvernemental, mais pas seulement… loin de là.

« Si l’on fait un trou dans une bai­gnoire, il ne faut pas s’étonner qu’elle fuit. » Autre­ment dit, à coups d’exonérations des coti­sa­tions sociales, on assèche la Sécu­ri­té sociale, et on pro­clame les défi­cits. L’une des images fortes de la soi­rée d’information et de débat orga­ni­sée par la sec­tion com­mu­niste de Gre­noble sur le pro­jet gou­ver­ne­men­tal et les pro­po­si­tions pour une réforme assu­rant la retraite à 60 ans.

Car c’est bien là que tout com­mence. Ber­nard Pré­vi­ta­li, ani­ma­teurs de la soi­rée avec Eli­sa Bales­trie­ri, mon­trait ain­si un tableau éclai­rant. Les exo­né­ra­tions de coti­sa­tions sociales consé­quences du cré­dit d’impôt pour la com­pé­ti­ti­vi­té et l’emploi repré­sente 20 mil­liards d’euros par an depuis sa créa­tion, au 1er jan­vier 2013. Le CICE a été trans­for­mé en 2019 en baisse pure et simple des coti­sa­tion sociale. La pacte de res­pon­sa­bi­li­té de 2015 repré­sen­tait une réduc­tion sup­plé­men­taire de 20 mil­liards. Et d’autres dis­po­si­tifs d’exonérations de coti­sa­tion s’y sont super­po­sés : les exo­né­ra­tions de coti­sa­tions sociales atteignent aujourd’hui 66 mil­liards d’euros par an.

La Sécu — et les retraites — plom­bée par les exo­né­ra­tions

Ajou­tons à cela les réduc­tions de l’imposition des actifs finan­ciers (ISF, impôts sur les béné­fices des socié­tés, impo­si­tion de reve­nus finan­ciers…) sans par­ler des 80 à 100 mil­liards de fraude fis­cale annuels et com­pa­rons : l’objectif affi­ché de la réforme des retraites est une éco­no­mie de 13 mil­liards par an.

De quoi com­prendre que la Sécu­ri­té sociale ait pu être créée par un ministre com­mu­niste dans un pays qui se rele­vait tout juste de la guerre : les res­sources créées par le tra­vail n’étaient pas à l’époque confis­quées par le capi­tal.

Car la France est un pays qui se porte bien. La quan­ti­té de richesses créées chaque année en France a plus que dou­blé, en mon­naie constante, depuis 1980. On ajou­te­ra que la for­tune des mil­liar­daires fran­çais – rien que celle des mil­liar­daires, ne comp­tons pas les mil­lion­naires – aug­men­té de 220 mil­liards entre 2020 et 2022.

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Des argu­ments chif­frés et sour­cés tout au long de la soi­rée.

De quoi ouvrir le débat sur la pro­po­si­tion d’une autre réforme : les moyens de son finan­ce­ment existent.

Une base, la retraite à 60 ans après 37,7 annui­tés de coti­sa­tions. Mais la retraite après quelle vie au tra­vail ? Com­ment tenir compte tout à la fois de ceux qui entrent tôt dans la vie active et de ceux qui exercent des métiers dont la qua­li­fi­ca­tion exige des études longues ? Com­ment ne pas se tuer au tra­vail avant la retraite ? Plus lar­ge­ment, com­ment le tra­vail peut-il être ce qu’il doit être et contri­buer à l’épanouissement indi­vi­duel et social de cha­cun ?

Débat pas­sion­nant où l’on aborde les réa­li­tés d’aujourd’hui. En dis­cus­sion, la sécu­ri­té emploi for­ma­tion pro­po­sée par le PCF ou le nou­veau sta­tut du tra­vail sala­rié éla­bo­ré par la CGT.

Retraites, mais aus­si conte­nus du tra­vail…

L’idée de base, c’est une sécu­ri­sa­tion des par­cours pro­fes­sion­nels qui per­mette à la fois de prendre en compte les temps de for­ma­tion, ini­tiale ou conti­nue, ain­si que les temps néces­saires à une recon­ver­sion pro­fes­sion­nelle ou à un chan­ge­ment d’entreprise. Lors de la der­nière élec­tion pré­si­den­tielle, Fabien Rous­sel avait été le seul can­di­dat à pro­po­ser que les années d’études soient comp­ta­bi­li­sées dans les années coti­sées pour la retraite.

Ces pro­po­si­tions accom­pagnent celles sur la réduc­tion du temps de tra­vail à 32 heures – chaque dimi­nu­tion du temps de tra­vail est créa­trice d’emplois –, sur la démo­cra­tie à l’entreprise avec de nou­veaux droits pour les sala­riés, et sur les conte­nus du tra­vail.

Et, bien évi­dem­ment, un tra­vail socia­le­ment utile et res­pec­tueux d’une pla­nète dont l’enjeu actuel est qu’elle demeure habi­table.

Un ensemble de mesures qui consti­tuent un choix de socié­té : comme le disait l’un des inter­ve­nants de la soi­rée, « il nous faut don­ner du souffle à la dimen­sion de ce qui est néces­saire pour chan­ger ce monde ».

Reste les impé­ra­tifs de la lutte dans les jours qui viennent. Le tra­vail d’explication de la réforme gou­ver­ne­men­tale et de mise en lumière de la pos­si­bi­li­té d’une alter­na­tive.

Ren­dez-vous le 7 mars pour une mise à l’arrêt du pays.

Les rendez-vous de la mobilisation

Mani­fes­ta­tions du 7 mars :

Gre­noble : 10h, Alsace aor­raine. Arri­vée anneau de vitesse.

Saint-Mar­cel­lin : 14h30, Champs de Mars.

Bour­goin-Jal­lieu : 10h, Saint-Michel

8 mars :

Mani­fes­ta­tion à Gre­noble, départ à 14h de l’hôpital couple enfants, à la Tronche.

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